• DANS MA VILLE XXXII

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    George Grosz « La ville »

     

    DANS MA VILLE

     

    Dans ma ville

    Les voitures à l’étroit frottent leurs ailes

    Comme des oiseaux englués de mazout

    Derrière les ramasseurs de poubelles

    Remplies des rogatons de nos croûtes

     

    Dans ma ville

    Dans les profondeurs des tunnels

    Roulent des gens qui s’usent peu à peu

    A côté des eaux usées corporelles

    Qui coulent dans les égouts bourbeux

     

    Dans ma ville

    Il y a ceux qui peinent à écrire

    Mais paraphent les graffiti

    Pour laisser leur souvenir

    Sur l’école aux murs noircis

     

    Dans ma ville

    Circulent des drogues à mourir

    Sous les porches ou dans les vécés

    Dans le sang des épaves juvéniles

    Qui flottent avant de sombrer

     

    Dans ma ville

    Guettant les patrouilles

    Il y a des corps qui font le pied de grue

    Et cherchent sur les trottoirs des rues

    A happer un pénis en vadrouille

     

    Dans ma ville

    Des porte-manteaux à la file

    Marchent d’un pas de robot

    Des filles filiformes défilent

    Une fortune tissée sur le dos

     

    Dans ma ville

    Il y a des hôtels pleins de lumière

    Des tapis où s’enfoncent les vernis

    Où pour dormir on paye très cher

    Même en cas d’insomnie

     

    Dans ma ville

    Il y a ceux qui pour dormir ne paient rien

    Ils s’allongent dans la rue

    A la portée des chiens

    Qui leur pissent dessus

     

     

    Paul Obraska

    « ProgrèsUn dégât des eaux. »

  • Commentaires

    1
    Lundi 13 Septembre 2010 à 12:16
    Cet anti-nazi, George Grosz, est un artiste que j’admire. L’exagération caricaturale de son œuvre me plait beaucoup.
    Il a emprunté aux futuristes et aux dadaïstes et j’aime son interprétation dynamique et fiévreuse des grandes villes.
    Le tableau « ma Ville » et ton poème sont en adéquation. Bravo.
    Celui que je préfère chez Gosz est cette huile sur toile
    « Les Piliers de la société ». Je le trouve très représentatif de cette époque (1926).
    Bonne journée Doc
    2
    Lundi 13 Septembre 2010 à 18:51

    Merci. Je compte mettre le tableau "Les piliers de la société" en ligne, assorti d'un texte.

    Dr WO

    3
    Lundi 13 Septembre 2010 à 18:59
    Depuis quand la ville est-elle redevenue ce qu'elle fut ? Depuis quand ce grand pas en arrière ? Oh, ça ne s'est pas fait d'un coup, non, ça a été insidieux, progressif !
    4
    Lundi 13 Septembre 2010 à 19:07

    Toutes les tares se font sur une plus grande échelle et certaines viennent d'ailleurs, les mafias en particulier.

    Dr WO

    5
    Mardi 14 Septembre 2010 à 08:04
    Poème très fort, d'une lucidité froide (désespérée?). Est-ce encore "votre" ville où bien la ville que d'autres ont élevée autour de vous? Elevée ou laissée tomber en ruines? La ville corps malade aux yeux trop brillants et où se multiplient les métastases sous le maquillage?
    6
    Mardi 14 Septembre 2010 à 08:14
    Une bien belle et noire poésie pour un bien beau et rouge tableau.
    7
    Mardi 14 Septembre 2010 à 09:44
    J'aime beaucoup ce tableau et son ambiance de fin du monde et le poème qui l'illustre bien
    8
    Mardi 14 Septembre 2010 à 16:59

    La lucidité débouche soit sur l'ironie, soit le désespoir, et plus souvent sur les deux. Ma ville reste très belle à condition de fermer les yeux sur les bas-fonds et les injustices et parfois la médiocrité de ceux qui l'habitent.

    Dr WO

    9
    Mardi 14 Septembre 2010 à 17:04

    Le rouge et le noir : une association suggestive.

    Dr WO

    10
    Mardi 14 Septembre 2010 à 17:08

    C'est un des plus expressifs de ce peintre qui avait une affection particulière pour le rouge. Il est vrai qu'il a vécu dans une période sanglante.

    Dr WO

    11
    Mardi 14 Septembre 2010 à 17:30
    Il n'y a pas que le bleu dans la vie, il y a le rouge aussi...et le noir ! Mais Paris est bien joli sous le soleil de cet après-midi !
    12
    Mardi 14 Septembre 2010 à 17:36

    Devant le noir on voit parfois rouge.

    Dr WO

    13
    Mercredi 15 Septembre 2010 à 19:12

    La verdure existe heureusement, mais un peu étouffée par le béton.

    Dr WO

    14
    Vendredi 17 Septembre 2010 à 22:10
    Très beau poème!!! Un peu sombre... mais tellement vrai!!!
    Bisous Doc!
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    15
    Vendredi 17 Septembre 2010 à 22:54

    C'est vrai qu'il n'y a guère de romantisme.

    Dr WO

    16
    Samedi 18 Septembre 2010 à 17:30

    "La misère est plus belle au soleil"

    Dr WO

    17
    leonie
    Lundi 7 Janvier 2013 à 16:14
    Ce tableau donne froid dans le dos malgré les couleurs chaudes. Votre poème reflète à fond la réalité, à quand une ville peinte avec des tons reposants (de la verdure)?.
    18
    MARIE-HELENE
    Lundi 7 Janvier 2013 à 16:14
    Ton poème très beau mais désespérèment noir ne me donne pas envie de rentrer à Paris, je crois que je vais prolonger mon séjour sous les châtaigniers
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