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DANS MA VILLE XXXII
George Grosz « La ville »
DANS MA VILLE
Dans ma ville
Les voitures à l’étroit frottent leurs ailes
Comme des oiseaux englués de mazout
Derrière les ramasseurs de poubelles
Remplies des rogatons de nos croûtes
Dans ma ville
Dans les profondeurs des tunnels
Roulent des gens qui s’usent peu à peu
A côté des eaux usées corporelles
Qui coulent dans les égouts bourbeux
Dans ma ville
Il y a ceux qui peinent à écrire
Mais paraphent les graffiti
Pour laisser leur souvenir
Sur l’école aux murs noircis
Dans ma ville
Circulent des drogues à mourir
Sous les porches ou dans les vécés
Dans le sang des épaves juvéniles
Qui flottent avant de sombrer
Dans ma ville
Guettant les patrouilles
Il y a des corps qui font le pied de grue
Et cherchent sur les trottoirs des rues
A happer un pénis en vadrouille
Dans ma ville
Des porte-manteaux à la file
Marchent d’un pas de robot
Des filles filiformes défilent
Une fortune tissée sur le dos
Dans ma ville
Il y a des hôtels pleins de lumière
Des tapis où s’enfoncent les vernis
Où pour dormir on paye très cher
Même en cas d’insomnie
Dans ma ville
Il y a ceux qui pour dormir ne paient rien
Ils s’allongent dans la rue
A la portée des chiens
Qui leur pissent dessus
Paul Obraska
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Commentaires
Merci. Je compte mettre le tableau "Les piliers de la société" en ligne, assorti d'un texte.
Dr WO
Depuis quand la ville est-elle redevenue ce qu'elle fut ? Depuis quand ce grand pas en arrière ? Oh, ça ne s'est pas fait d'un coup, non, ça a été insidieux, progressif !Toutes les tares se font sur une plus grande échelle et certaines viennent d'ailleurs, les mafias en particulier.
Dr WO
Poème très fort, d'une lucidité froide (désespérée?). Est-ce encore "votre" ville où bien la ville que d'autres ont élevée autour de vous? Elevée ou laissée tomber en ruines? La ville corps malade aux yeux trop brillants et où se multiplient les métastases sous le maquillage?Une bien belle et noire poésie pour un bien beau et rouge tableau.J'aime beaucoup ce tableau et son ambiance de fin du monde et le poème qui l'illustre bienLa lucidité débouche soit sur l'ironie, soit le désespoir, et plus souvent sur les deux. Ma ville reste très belle à condition de fermer les yeux sur les bas-fonds et les injustices et parfois la médiocrité de ceux qui l'habitent.
Dr WO
C'est un des plus expressifs de ce peintre qui avait une affection particulière pour le rouge. Il est vrai qu'il a vécu dans une période sanglante.
Dr WO
Il n'y a pas que le bleu dans la vie, il y a le rouge aussi...et le noir ! Mais Paris est bien joli sous le soleil de cet après-midi !17leonieLundi 7 Janvier 2013 à 16:14Ce tableau donne froid dans le dos malgré les couleurs chaudes. Votre poème reflète à fond la réalité, à quand une ville peinte avec des tons reposants (de la verdure)?.18MARIE-HELENELundi 7 Janvier 2013 à 16:14Ton poème très beau mais désespérèment noir ne me donne pas envie de rentrer à Paris, je crois que je vais prolonger mon séjour sous les châtaigniers
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Il a emprunté aux futuristes et aux dadaïstes et j’aime son interprétation dynamique et fiévreuse des grandes villes.
Le tableau « ma Ville » et ton poème sont en adéquation. Bravo.
Celui que je préfère chez Gosz est cette huile sur toile
« Les Piliers de la société ». Je le trouve très représentatif de cette époque (1926).
Bonne journée Doc