• Comment chiffrer le mensonge

    Chaque trimestre, l’Insee fournit les chiffres statistiques permettant de suivre l’évolution de l’économie française et c’est le cas dans la plupart des pays. Les banques, les financiers, les entreprises, les journalistes, les attendent avec attention, et les gouvernants avec inquiétude, sachant que c’est sur eux que leur action sera jugée par la population. Le cercle économique étant particulièrement vicieux, de mauvais chiffres de la croissance ou du chômage risquent d’aggraver la situation et un jugement sévère de la part des agences de notation qui s’en suit risque d’accentuer la dette en élevant l’intérêt des emprunts.

    Ne serait-il pas plus simple, et finalement plus bénéfique, que les résultats déclarés des études statistiques sur l’économie soient fournis à l’Insee par les gouvernants eux-mêmes, ce qui leur permettraient de prendre les bonnes mesures (en fonction des chiffres réels) dans le calme, sans ce sentiment d’urgence et de catastrophe qui risquent d’altérer leur santé et surtout celle des gouvernés.

    Vous me direz que pour entrer dans l’UE, la Grèce a fait quelque chose de semblable, et si elle va actuellement mal, elle a longtemps profité de l’opération.

    D’après certains[1], la Chine avec son pragmatisme habituel aurait adopté cette inversion du circuit statistique et c’est le Parti qui fournirait à l’institut d’évaluation les chiffres à publier. Ceux-ci ne subissent par la suite aucune révision avec le recueil ultérieur des données. Les Chinois publient, en effet, le chiffre de la croissance trimestrielle une dizaine de jours après la fin du trimestre, alors qu’ils doivent recueillir les données d’un pays peuplé de 1,3 milliard d’habitants répartis sur 10 millions de km2. Cette extrême vélocité et l’absence de révision suscitent logiquement des doutes. La France, dont les services statistiques sont excellents, met près de 2 mois pour le faire, et les chiffres initiaux subissent souvent des révisions ultérieures.

    Ce qui n’empêche pas le monde d’attendre avec impatience les données statistiques sur l’économie chinoise qui ne révèleraient pourtant que très imparfaitement sa réalité, si ce n’est celle que l’on veut nous faire croire. Nous avons beaucoup de choses à apprendre des Chinois.

     Yue Minjun

    Yue Minjun



    [1] François Lenglet, article paru dans Le Point du 11/10/12

    « Quand le chocolat monte à la têteBonne poire »

  • Commentaires

    1
    Mercredi 17 Octobre 2012 à 18:15
    Les contradictions entre les chiffres de la croissance française (prévue, escomptée, volontariste etc) montrent bien que les statistiques sont un des moyens utilisés pour travestir la vérité.
    2
    Mercredi 17 Octobre 2012 à 18:36
    Pour paraphraser le mot célèbre de Boileau à propos des vers que lui présentait Louis XIV :
    "Rien n'est impossible aux camarades du Comité Central. Ils sont voulu faire de mauvaises statistiques et ils ont parfaitement réussi".
    3
    Mercredi 17 Octobre 2012 à 19:30
    Les chiffres ne veulent rien dire.... Tout dépend de qui les triture.... Bonne soirée Doc
    4
    Mercredi 17 Octobre 2012 à 19:34
    Je regarde les statistiques sans vraiment y croire, car elles favorisent la plupart du temps ceux qui les ont commandé : Il n'est pas d'usage de mordre la main qui vous nourrit . Il semblerait que c'est une chose que la Chine a compris !!!!
    Bonne soirée
    Nettoue
    5
    Mercredi 17 Octobre 2012 à 22:43

    En France, les chiffres prévisionnels ne sont évidemment pas les chiffres réels puisqu'on ignore l'évolution de l'économie à venir, mais il faut bien établir un budget.

    6
    Mercredi 17 Octobre 2012 à 22:45

    Surtout ne jamais avoir tort.

    7
    Mercredi 17 Octobre 2012 à 22:47

    Ils veulent dire qu'ils ont été triturés lorsqu'on ne peut plus cacher la vérité;

    8
    Mercredi 17 Octobre 2012 à 22:48

    Question de discipline.

    9
    Jeudi 18 Octobre 2012 à 16:50
    En effet, les chinetoques on les fait bien rigoler et ils ne s'en cachent pas. Faut dire qu'il y a de quoi!
    Amitiés.
    10
    Jeudi 18 Octobre 2012 à 17:37

    Et c'est nous qui rions jaune.

    11
    Vendredi 19 Octobre 2012 à 18:48

    L'honnêteté enrichit rarement.

    12
    G.Mevennais
    Lundi 7 Janvier 2013 à 15:53
    Ben oui, cher Doc, il faut bien établir un budget, l'ennui, c'est qu'il faut toujours le revoir à la baisse, (revoir le taux de croissance à la hausse me semble rarissime) on n'a pas de veine quand même ! Quant aux Chinois... lorsqu'on veut lutter contre quelqu'un, il faut, au moins, le faire avec les mêmes armes, sinon..
    Amitiés. Gilles
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