• Cachez ce zizi que je ne saurais voir

    "Michel-Ange, un artiste obscène ? La directrice de l’école classique de Tallahassee, en Floride, Hope Carrasquilla a perdu son emploi lundi 20 mars après que des parents se sont plaints qu’on ait montré à leurs enfants, de 11-12 ans, la sculpture « David » datant du 16e siècle dans le cadre d'un enseignement sur l'art de la Renaissance. L’un d’entre eux la notamment qualifiée de « pornographique". A quand le "bûcher des vanités" où Savonarole fit brûler sur une place de Florence des merveilles de l'Art Florentin, Botticelli aurait lui-même apporté ses peintures considérées comme licencieuses pour alimenter le feu purificateur. Nos musées débordent d'oeuvres licencieuses, hommes et surtout femmes nus dans des postures équivoques, où les voiles transparents soulignent les formes plus qu'ils ne les cachent, sans compter les satyres dont les intentions sont, elles, manifestes. Couples régulièrement entourés d'anges, figures volantes heureusement asexuées, comme des cautions célestes aux ébats ébauchés. L' art est à nouveau attaqué, interprété selon des dogmes idéologiques ou religieux. Mais il l'a toujours été, jugé selon les critères sociaux du moment, et avec plus moins de sévérité selon les périodes de l'histoire. Nous avons connu l'art officiel de l'URSS et du régime nazi, celui-ci interdisant les oeuvres modernes considérées comme dégénérées, ce qui n'empêchait pas leurs responsables de les voler dans les musées et chez les particuliers lorsqu'ils étaient juifs après les avoir déportés. Lorsque l'art est censuré, c'est toujours un mauvais signe, même lorsqu'il s'agit de fresques des salles de garde de médecine jugées pornographiques ou sexistes et dont on impose aujourd'hui l'effacement. L'effacement  des oeuvres artistiques ou l'interdiction de leur vision, quelle que soit leur valeur, est un effacement de la liberté de s'exprimer et de la liberté d'apprendre. Le retour du puritanisme, parfois sous le couvert d'une lutte contre le sexisme, s'accompagne néanmoins, à la portée de tous, d'une débauche mondiale de la pornographie numérique et de l'exposition peu esthétique de l'anatomie intime, les unes favorisant peut-être l'autre.

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  • Commentaires

    1
    Lundi 27 Mars 2023 à 14:23

    C'est la nouvelle religion gauchiste et wokiste qui attaque l'art aujourd'hui, et c'est très triste que les enfants s'y mettent aussi, cependant pas étonnant puisqu'on leur bourre le mou avec toutes ces insanités  !

      • Lundi 27 Mars 2023 à 14:50

        L'art ne peut être jugé que selon des critères artistiques.

    2
    Lundi 27 Mars 2023 à 16:44

    Ce type qui dénonce la "pornographie" du David a beau être d'un ridicule achevé, il pose le problème de l'exposition forcée de la nudité et de la pornographie à des publics qui ne désirent pas les voir.

    Si nous n'y prenons garde, l'espace public finira par être envahi de plug anal, de vagin de la reine, d' anus du roi ou de testicules du pape ou de pénis géants, par des artistes  qui désirent juste faire le buzz

    Oui à la liberté artistique, mais certaines œuvres n'ont leur place que dans des musées ou des espaces privés où l'on se rend volontairement

     

    PS : Bon évidemment, je ne parle pas du David de Michel-Ange ni de la création d'Adam, ni de la naissance de Vénus, ni... de beaucoup d'autres œuvres. J'assume cette contradiction frown

     

      • Lundi 27 Mars 2023 à 17:53

        Vous soulevez un débat intéressant. En rédigeant le billet, je me suis posé la même question que vous. Je suppose que des gens plus experts en art ont probablement débattu sur ce sujet. On peut en effet regretter que l'on puisse exposer n'importe quoi dans l'espace public. Je vois trois acteurs autour de  ce "n'importe quoi" : 1. le créateur qui affirme que c'est de l'art parce qu'il se dit artiste, 2. celui qui permet que ce "n'importe quoi" soit exposé aux yeux de tous ou dans un musée 3. l'acheteur éventuel, c'est à dire le marché. Seul le N° 2 peut imposer une censure en dehors des autorités qui, elles, sont impliquées sous la pression de la société si l'oeuvre n'est pas contraire à une éventuelle législation. Nous avons eu droit au musée Pompidou (je crois) à l'exposition des excréments d'un "artiste" et quand j'ai parlé plus haut de critères artistiques, je ne sais pas s'ils existent en dehors de l'estampille du créateur.

        NB. Excellent pamphlet politique.

    3
    Souris donc
    Mardi 28 Mars 2023 à 09:14

    C'est le puritanisme américain, ils sont moins pudibonds quand il s'agit de collections d'armes à feu, dont ils dotent parfois leur progéniture dès leur plus jeune âge, d'où ces tueries dans des écoles. 

    Les géants du porno numérique sont américains, ils sont moins pudiques quand il s'agit de faire du dollar ("Porn Valley" de Laureen Ortiz abordait le sujet en 2018)

      • Mardi 28 Mars 2023 à 09:30

        Les USA est le pays des excès dans un sens comme dans l'autre et des contradictions ou des incohérences. Par ex. comment la droite moralisatrice peut-elle faire de Trump son champion alors qu'il aurait payé une prostituée pour qu'elle taise ses relations avec lui ?

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