• 436. Le médecin dans la main

    436. Le médecin dans la mainEtant donné que tout le monde n’a pas la chance de mourir subitement en bonne santé, au moins une maladie plus ou moins longue précède le plus souvent notre disparition. La surveillance de la santé est donc une mine d’or pour les entreprises qui veulent investir dans ce domaine et une source de ruine pour les Etats qui, comme la France, s’efforcent d’assurer la charge de son maintien.

    Le smartphone étant devenu un organe supplémentaire prolongeant le corps comme le montre le nombre de personnes marchant le téléphone dans la main et les troubles quasiment physiques provoqués par sa suppression que les amputés du smartphone considèrent comme intolérables, les entreprises de l’informatique utilisent cet organe artificiel et permanent pour y placer les capteurs de surveillance de la santé et se servir de toutes les facultés de l’objet : caméra, haut-parleur, microphone etc. Plus de 350.000 applications de santé numériques seraient ainsi disponibles !!!

    Cette surveillance permanente des données de santé et leur transmission éventuelle à un professionnel de la santé peut aller très loin et il faut rendre hommage à l’astuce des inventeurs :

    - électrocardiogramme, rythme cardiaque, pression artérielle (à l’étude) et même auscultation du coeur

    - fréquence respiratoire, saturation en oxygène du sang

    - dépistage de l’apnée obstructive du sommeil, en écoutant la respiration et les ronflements

    - dépistage des maladies oculaires du diabétique

    - analyse de la voix pour évaluer la santé mentale (notamment l’anxiété et la dépression) etc…

    Evidemment pour un médecin qui n'a longtemps utilisé que ses sens et quelques instruments pour faire son métier, de tels progrès sont époustouflants et viennent s’ajouter à l’imagerie qui rend quasiment obsolète l’examen clinique. Toutefois, cette surveillance continue de son intimité me laisse perplexe. Mise à part la possibilité du piratage de ces données Ô combien personnelles, sans sous-estimer l’intérêt d’une telle surveillance pour un malade en permettant dans le meilleur des cas une intervention rapide des soignants, je vois deux inconvénients :

    D’abord, l’anxiété permanente provoquée par une surveillance continue.

    Ensuite, les conséquences des faux positifs et des faux négatifs dont la survenue est certaine. Les premiers provoquant l’affolement, les seconds donnant une impression de sécurité pouvant être fatale. Les deux augmenteront les coûts de la santé, les premiers en exigeant un contrôle médical superflu et les seconds en retardant le diagnostic.

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  • Commentaires

    1
    Souris donc
    Jeudi 26 Janvier 2023 à 12:07

    L'anxiété peut survenir aussi de la surveillance la plus classique.

    A part un bracelet compteur de km qu'une de mes drôlesses digitales m'a fait tester, (excusez-moi d'ignorer le nom numérique, ce machin mesure la longueur de vos pas, qu'il multiplie par le nombre de pas, et à la fin il affiche que vous avez parcouru 4 km en 1 heure), je n'ai jamais eu que des bilans standards.

    Mon bon médecin généraliste prescrit un "bilan sanguin". Le labo vous envoie les résultats. Vous n'ouvrez pas l'enveloppe, de peur de découvrir le pire. 

    Consultation : tout est dans les clous. OK. Ouf, après être remise de vos émotions, vous fêtez. Juste un petit coup tralalala, de champagne, avec les amis qui vivent les mêmes tourments. Les gamma GT doivent grimper, mais on s'en tape.

    Ce bilan sanguin annuel sadique, car générateur de frousse avant, pendant, après, ne pourrait-il pas biennal ? Tous les 2 ans, ça suffit largement. Selon moi.

    Alors leurs applications de santé numériques, ils peuvent se les mettre où je pense.

      • Jeudi 26 Janvier 2023 à 12:47

        Tout examen médical s'accompagne d'anxiété avant, pendant, et surtout après au moment du résultat. Alors, imaginez un examen permanent et dont la fiabilité est incertaine...

    2
    Jeudi 26 Janvier 2023 à 12:38

    A force de remplacer les médecins par des machines, ce seront des machines qui consulteront les médecins.

      • Jeudi 26 Janvier 2023 à 12:49

        Appelés ingénieurs/informaticiens.

    3
    Jeudi 26 Janvier 2023 à 15:12

    Je comprends bien vos réticences, Doc, mais je vois le côté positif des choses et je me dis qu'il vaut mieux voir le danger arriver progressivement ( surpoids, hypertension, manque d'activité, de sommeil...) afin de prendre les mesures correctives à temps. 

    Que penser de ces gens qui ferment les yeux et qui, quelques jours avant l'agression des virus et autres bactéries, crient à qui veut bien les entendre "je suis intimement persuadé les organismes malfaisants ne m'envahiront pas... quel intérêt auraient-ils à faire ça..."? 

      • Jeudi 26 Janvier 2023 à 15:42

        Je ne conteste pas l'intérêt d'un dépistage précoce d'anomalies latentes (le surpoids et la sédentarité étant d'évidence), ce que je trouve préjudiciable est la surveillance permanente très anxiogène.

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