• 342. Les docteurs « tant mieux » et les docteurs « tant pis »

    Cette épidémie a montré au public un visage de la médecine dont il n’avait pas l’habitude : celui des controverses, des disputes, et surtout celui de l’incertitude, ce qui conduit à une valse des tribunes contradictoires paraissant dans les médias au point que l’on peut se demander si le corps médical ne subira pas le sort du corps politique : la perte de confiance, avec le risque de favoriser l’extension des médecines dites alternatives et l’éclosion des charlatans. Cette épidémie a mis par ailleurs au grand jour la distinction ancestrale entre les médecins optimistes et les médecins pessimistes. Il est bon de fréquenter les optimistes, vous sortez de leur cabinet le sourire aux lèvres mais il arrive parfois, heureusement rarement, d’en mourir. Les pessimistes vous gâchent la vie qui vous reste, mais il leur arrive souvent de la sauver. Le bon médecin est celui qui alterne les deux attitudes à bon escient. Face à la covid-19 nous avons le camp qui parait optimiste en s’élevant contre les mesures restrictives des libertés qui lui paraissent excessives et disproportionnées par rapport à la situation sanitaire réelle, en soupçonnant une quasi manipulation des chiffres statistiques fournis par le gouvernement. C’est ainsi qu’une tribune est parue dans Médiapart (après avoir été refusée par le JDD) signée par 300 scientifiques parmi lesquels de nombreux médecins mais peu d’épidémiologistes, infectiologues et urgentistes et pas mal de personnalités qui n’appartiennent pas au corps de santé : philosophes (comme Comte-Sponville), sociologues, psychologues, juristes etc…En fait ces « scientifiques » sont de faux optimistes, ils s’élèvent, certes, contre la « théorie catastrophiste », mais ce sont en fait des docteurs « tant pis », car que disent-ils ? Que l’espoir de faire disparaître le virus est une “illusion”. “Le SARS-CoV-2 circule dans le monde depuis environ un an. Il continuera à circuler, comme l'ensemble des autres virus qui vivent en nous et autour de nous, et auxquels nos organismes se sont progressivement adaptés”. En quelque sorte : laissons faire, on verra bien. En face, le camp qui semble pessimiste. Il est composé de médecins qui redoutent de revivre l’afflux de malades du mois de mars et réclament les mesures restrictives. Il n’est donc pas étonnant d’y retrouver beaucoup de médecins qui sont en première ligne : infectiologues et urgentistes, contrairement à l’autre camp où peu ont été sur le terrain hospitalier et parlent plus en théoriciens qu’en praticiens. A noter que les membres de l’Académie de médecine qui ont quitté la pratique depuis pas mal de temps sont également dans ce camp des pessimistes en soulignant « l’effet délétère de discours contestant l’efficacité et la nécessité des mesures de prévention ou décriant leur caractère obligatoire au nom de principes libertaires ». En fait ce camp qui redoute une « deuxième vague » est composé de faux pessimistes, ils pensent, contrairement au camp opposé, qu’il ne faut pas « laisser aller » mais que les mesures, si elles sont respectées, seront efficaces. Dans cette incertitude scientifique, celui qui prend les coups est le gouvernement ; quelles que puissent être les décisions prises, elles seront jugées mauvaises par l’un ou l’autre camp, et vis à vis du public, il traine en outre le péché originel des masques où il s’est fait pipi dessus devant tout le monde.

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 1er Octobre 2020 à 15:58

    Cette maladie n'est pas bien grave: peu de gens en meurent. On pourrait l'accepter si les malades avaient le bon goût d'attendre qu'un lit se libère pour eux aux urgences au lieu d'être atteints tous en même temps.

      • Jeudi 1er Octobre 2020 à 16:32

        Manque de discipline, un numéro d'ordre aux portes des hôpitaux permettrait d'y voir plus clair.

    2
    Jeudi 1er Octobre 2020 à 16:03

    Dans mon esprit (un peu polémique, je veux bien le reconnaitre) la position des "optimistes" est claire : exiger que l'Etat ne prenne aucune mesure contraignante (ni masque, ni fermeture, ni confinement) pour ensuite compter les morts  et en imputer la responsabilité à l'Etat.

    On peut lire sur le Net quantité de commentaires de gens qui sont contre le port du masque qui, en même temps, reprochent à l'Etat d'avoir laissé mourir des vieux à la porte des hôpitaux.  

    Ou qui affirment que Véran nous a menti et nous a mis en danger en affirmant que le masque ne nous protégeait pas et qui aujourd'hui s'insurgent contre l'obligation de porter un masque.

      • Jeudi 1er Octobre 2020 à 16:36

        On peut dire n'importe quoi quand on n'est pas aux manettes. Il y a des critiques à faire mais la critique systématique devient dérisoire et parfois déplacée dans la situation que nous vivons.

    3
    Jeudi 1er Octobre 2020 à 19:20

    Je pense qu'en cette période si dure de pandémie, il est difficile d'être optimistes, ceux qui prêchent en ce sens sont ou des charlatans ou des imbéciles!

    Le gouvernement à bien merdé au début, et essaie de se rattraper, il faut donc l'écouter pour le moment!

      • Jeudi 1er Octobre 2020 à 19:41

        La difficulté est de tenter d'être objectifs sans que l'émotion intervienne trop.

    4
    Vendredi 2 Octobre 2020 à 11:10

    La question n'est pas vraiment là : dans toute réflexion et discussion humaine, il y a le monsieur "tant mieux" et le monsieur "tant pis"... le monsieur "plus" et le monsieur "moins", le monsieur " vite" et le monsieur "doucement"... etc...

    On accepte ou on pas le débat ou le dialogue, mais il regrettable que les avis d'une des parties soient régulièrement interdites ou censurées ou -pire- ridiculisées ou caricaturées.

    Le vrai problème c'est quand le gouvernement, qui devrait fixer des règles (avec ou sans concertations parfois longues ou inutiles) prend, selon le moment ou selon le lieu, et *en même temps* ou presque, des mesures "tant pis" et des mesures "tant mieux"  sans aucune espèce de logique. (disons "apparente", la logique)

      • Vendredi 2 Octobre 2020 à 11:20

        Il est évident que les "tant pis" et les tant mieux" de sont pas des catégories spécifiques aux médecins. Le même évènement peut être vu de deux façons différentes dont il découle une décision différente. La médecine n'y échappe pas...et le gouvernement non plus.

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