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Regard d’un musulman ne se voilant pas la face
Dans son discours sur le séparatisme – et pour une fois il a clairement parlé de l’islam politique et antirépublicain – Emmanuel Macron s’est trouvé embarrassé sur la question du voile islamique dont la signification irait d’une simple modalité vestimentaire, sur laquelle il ne se sent pas le droit d’intervenir, à l’étendard de l’islam radical, manifestation publique du séparatisme islamique coiffant la tête des femmes. La distinction est évidemment impossible. En fait, je comprends l’embarras de Macron, ailleurs le voile est totalement accepté et notamment dans les pays anglo-saxons où l’on ironise sur les réticences françaises à accepter ce séparatisme féminin. Dans Le Point du 1/10/20 figure un article de Kamel Daoud intitulé « Le voile n’est pas une liberté » où il montre que le voile est toujours une arme des islamistes et de quelle façon les islamistes l’on à nouveau imposé dans l’espace publique algérien. Je me permets d’en rapporter ici des extraits (le texte mis en gras est de mon fait) : « Le voile n’est qu’un voile. Il cache et n’embellit pas. Il nie et prive l’humain du lien avec l’autre. Ce n’est pas une robe mais un uniforme. Ce n’est pas un choix mais le choix de se mentir ou de tromper autrui. On peut en effet parer cette défaite de son corps des codes d’une confession et de ses procureurs, et on peut user de la liberté que vous offre l’Occident pour renoncer à la liberté d’en jouir, mais cela ne trompera que les spectateurs autochtones qui ignorent les nuances de ce reniement au nom d’une croyance ou n’arrivent pas à surmonter leur culpabilité par la lucidité et la fermeté. Le voile n’est pas une liberté car, si on croit être libre de le porter, on n’est jamais libre de l’enlever. Celles qui ont eu ce courage en ont payé le prix – la peur, la menace et la violence, l’insulte. Et celles qui répètent que c’est un acte de liberté ne manifesteront jamais au Caire, à Khartoum ou à Kaboul pour le droit de porter une jupe courte ou d’aller seins nus sur une plage en Arabie. Le voile est-il une obsession française ? Non, c’est une obsession des religieux, des islamistes, des radicaux. Ils en font leur étendard face à la menace du désir que le miroir de la femme leur renvoie, nu et cru. Ils veulent en faire un signe de ralliement et de recrutement, une victoire sur l’enfoui et l’intime et un signe de l’extension du domaine de leur négation du corps et de la vie /…/ Le voile n’est jamais autre chose qu’une séparation, c’est d’ailleurs le sens étymologique le plus ancien de ce mot en langue arabe : voiler, c’est soustraire au regard, séparer, retirer. Enterrer la femme vivante. Il y a même quelque chose de sournois et de fourbe chez les avocats du voile. Nous les avons connus en Algérie au début de la guerre civile des années 1990 : ils nous répétaient que le voile était juste un foulard ancestral, un signe et un usage sain hérité de nos aïeules. Quand nous l’avons toléré, ils nous ont dit que le voile se devait de respecter les critères « légaux » de la charia : noir, ample pour effacer les courbes, sans couleur, nocturne. Et, quand nous l’avons toléré, ses avocats se prononcèrent pour le voilement du visage, l’effacement des traits. Le résultat avait dépassé le prétexte culturel pour prendre la forme d’un linceul ; il fallait enterrer la femme vivante et avec elle le désir, le corps, l’envie, le sexe, l’amour, le flirt, l’échange, le baiser, l’intime. Leur cible, c’était la vue et la vie. Le regard, il fallait l’aveugler et l’éteindre /…/ Des campagnes dans les médias ou sur les réseaux sociaux sont lancées régulièrement pour appeler « les vrais hommes à voiler leurs femmes ». On ne s’adresse même plus à la femme, mais à son « propriétaire ». Aujourd’hui, en France comme ailleurs en Occident, on en est à la négociation d’un droit qui n’en est pas un, à la culpabilisation de ceux qui s’y opposent ou aux propos niais de ceux qui se trompent d’amour et de compassion. Enfant de la guerre civile algérienne, j’ai la mémoire des visages de femmes brûlés à l’acide, des voiles obligatoires, des égorgements de femmes qui le refusaient. Le chroniqueur refuse alors, rageur, l’arnaque qui tente de maquiller une mise en uniforme et en uniformité des femmes au prétexte d’un droit culturel sournois, d’une liberté dévoyée ou d’une affirmation communautaire. Si le discours ambiant a déjà réussi à culpabiliser le Français moyen face à cette épidémie de l’effacement de l’humain, cette propagande ne peut rien contre l’enfant d’une guerre civile, et le souvenir que je garde des discours qui nous ont vendu comme un droit démocratique l’obligation de renoncer à la démocratie. On peut tromper des vivants, pas des survivants. Accepter le voile c’est se voiler la face. Rien d’autre. Tout le reste est renoncement raffiné.
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Commentaires
3Souris doncDimanche 4 Octobre 2020 à 08:52Le voile est une provocation.
Rien à voir avec la piété, il s'agit d'empiéter.
De nous faire peur, de nous intimider, de culpabiliser le beauf (avec l'aide dévouée des islamo-gauchistes, notamment des journaleux de la presse Pigasse. L'Obs, Inrocks, le Monde, Libé. Et de la faune qui a son rond de serviette sur tous les plateaux).
La génération précédente cherchait à s'assimiler. Les femmes étaient outrageusement maquillées, mini-jupe, cheveux orange (blond oxygéné + henné). On ne parlait pas de religion, je suppose qu'elles étaient de ferventes croyantes, peut-être plus que les voilées belliqueusement exhibitionnistes.
J'avais une copine musulmane. Seul signe distinctif : une chaînette en or avec une main de Fatma.
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Dimanche 4 Octobre 2020 à 09:23
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J'aime beaucoup son style. Et je me dis que s'il est moins souvent que d'autres l'objet d'attaques et de menaces de la part des islamistes sur les réseaux sociaux alors que le fond est sans concession, c'est parce que l'élégance et la beauté de son écriture le met hors de portée des imbéciles incultes, fanatiques et souvent peu francophones.
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Dimanche 4 Octobre 2020 à 16:08
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Dimanche 4 Octobre 2020 à 16:52
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Dimanche 4 Octobre 2020 à 17:06
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Souris doncDimanche 4 Octobre 2020 à 18:59
L'élégance et la beauté.
Comme la viole d'amour. En fait cet instrument, ancêtre de l'alto, s'appelait viole du Maure, du temps où leur répertoire était plus paisible
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Dimanche 4 Octobre 2020 à 20:00
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Souris doncLundi 5 Octobre 2020 à 08:12
Oui, l'amour à Maure.
C'est ainsi que le Wanderer, blog d'un critique d'opéra, intitule son papier sur l'Otello de Verdi. Otello, le Maure de Venise. Ou Othello chez Shakespeare.
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Quand j'entends "islam politique et antirépublicain", je coupe le son. L'expression "anti-français" (ou anti-occidental...) serait plus adaptée à la situation : ce n'est pas la "république", mais la France (ou l'occident...) qui est menacée par ce qu'on appelle séparatisme mais qui ressemble de plus en plus à une intrusion.
Il y a des "antirépublicains" (des royalistes, par exemple) qui sont au moins autant "patriotes" (c'est un vilain mot) et "français" que les chantres de la république .
Vous avez raison. Le choix des termes est ici important. A noter en outre que l'Iran est une république islamique.