• 319. Parler (longuement) pour ne rien dire

    319. Parler (longuement) pour ne rien dire

    Hier, j’ai vu une grande partie de la conférence de presse des duettistes Philippe-Véran. Un spectacle bien mis en scène, images à l’appui, mais qui tenait plus de la conférence « magistrale » que d’une séance de réponses aux questions des journalistes. Ce qui s’explique très bien car quand on n’a pas les réponses, il vaut mieux éviter que des questions soient posées.

    Nous nous sommes rapidement rendus à l’évidence : nos duettistes n’avaient rien à nous apprendre que nous ne connaissions déjà, et n’avaient rien à nous apprendre sur ce que nous ne connaissions pas, c’est dire de quelle façon (en dehors de la progressivité, elle-même mystérieuse) le dé-confinement se déroulera à la date prévue du 11 mai, elle-même incertaine. Les duettistes ne savent pas, ils y réfléchissent dans l’incertitude, ce qu’ils ont fini par avouer.

    Mais si l’on n’a rien à dire, pourquoi ce show ? Mise à part une exposition d’autosatisfactions, en particulier pour le travail accompli par les hospitaliers.

    Pour être objectif, nous avons eu droit à un épisode nouveau. Vous vous souvenez sans doute du numéro de magicien du directeur général de la santé, Jérôme Salomon, nous expliquant, gestes à l’appui, que les masques ne servaient à rien, que les gens étaient trop cons pour savoir les mettre et les retirer, et que leur protection était illusoire (puisque la pénurie de masques, elle, ne l’était pas). Olivier Véran, ne voulant pas être en reste, nous a expliqué hier dans un numéro de magie personnel que les tests diagnostiques (puisque leur pénurie est criante) ne servaient pas à grand-chose, qu’ils devaient être réservés pour la confirmation du diagnostic, par ailleurs évident cliniquement, et que tester les porteurs asymptomatiques du virus (par lesquels se propage l’épidémie, car les gens malades sont bien visibles), serait stupide, arguant qu’une personne testé négatif pouvait devenir positif ultérieurement. Joli numéro, mais qui revient à dire : pourquoi traiter un malade puisque de tout façon il devra mourir. L'hypothèse que la personne testée puisse être porteuse du virus et écartée de la chaîne de contamination n'est pas envisagée par notre escamoteur. On se demande pourquoi l’OMS répète depuis le début : tester ! tester ! Et que d’autres pays le font le plus largement possible et contrôlent ainsi plus efficacement l’épidémie en dépistant les porteurs de virus, tout simplement parce qu’ils ont un stock de tests que nous n’avons pas. Comme pour les masques nous attendons un changement de stratégie opportuniste rendant obsolètes les tours de magie dont on pourrait se dispenser car un peu trop voyants.

    Illustration :  Bosch « L’escamoteur et les pigeons »

    « DésincarnationLe virus de l'opportunisme »

  • Commentaires

    1
    Lundi 20 Avril 2020 à 18:22

    Nous n'avons donc pas besoin d'un gouvernement efficace puisque nous n'en avons pas.

      • Lundi 20 Avril 2020 à 18:39

        Défaut d'anticipation et nous sommes donc en retard pour l'obtention du matériel pour lequel il existe une concurrence. Mais pourquoi avancer des raisonnements discutables pour masquer la pénurie ? 

    2
    Lundi 20 Avril 2020 à 18:31

     

      • Lundi 20 Avril 2020 à 18:40

        C'est clair.

      • Lundi 20 Avril 2020 à 21:54

        Trouvé sur le Net smile

        "Édouard Philippe n’ayant communiqué aucune mesure, nous contestons toutes celles qu’il aurait dû annoncer, et nous sommes résolument opposés aux autres."

      • Lundi 20 Avril 2020 à 23:14

        Une opposition au  carré.

    3
    Lundi 20 Avril 2020 à 19:30

    Je comprends vos critiques mais mon vieux réflexe pro-système smile (mais pas Pro-Macron) fait que j'ai tendance à les croire. 

    On affirme par exemple que l'Allemagne est peu touchée grâce au dépistage massif, alors qu'on n'en sait rien. Il se dit par exemple qu'ils ne pratiquent pas de tests Covid post-mortem ce qui aurait pour conséquence de diminuer sensiblement le nombre des victimes âgées. Et c'est quand même curieux que ce soit le seul pays où les jeunes sont plus touchés par le virus que les vieux! 

    De même, beaucoup des démagos qui prétendent que le port généralisé de masques chirurgicaux aurait changé la donne en France s'expriment comme s'il s'agissait d'UN masque par habitant. Or pour être efficace, il faudrait avoir un stock suffisant pour fournir aux Français  3 ou 4 masques PAR JOUR ET PAR HABITANT. Quel politique peut affirmer sans honte qu'il aurait trouvé le moyen de fournir 4 masques par jour à chaque Français depuis le début de l'épidémie jusqu'à ce jour ? 

    Enfin, il y a quand même ce fait troublant que les pays qui ont confiné leur population très tôt et de façon très stricte n'ont pas de meilleurs résultats en terme de mortalité que ceux qui ont tardé à le faire ou qui l'ont fait de façon plus suggérée.  Il n'est pas impossible que des facteurs d'hygiène et d'habitudes culturelles (lavage des mains, saluts, distances sociales) ou autres expliquent davantage les bons résultats de certains pays que l'utilisation de  tests et de masques.

     

    PS : Veuillez excuser la longueur de mon commentaire. Mais vous savez déjà que j''utilise votre blog (plutôt que le mien erf)  pour réfléchir tout haut.

      • Lundi 20 Avril 2020 à 19:44

        Et enfin, comment pourraient-ils être très précis sachant que la situation peut changer du tout au tout ( en bien ou en mal) dans quelques semaines  et que les démagos se précipiteront alors sur leurs propos précédents pour affirmer sans vergogne " ils se sont trompés, nous nous savions que la situation allait s’améliorer (ou se détériorer) " ? 

         

      • Lundi 20 Avril 2020 à 19:52

        Je suis au contraire enchanté de participer à votre réflexion. Il y a dans ce commentaire plusieurs remarques. Dans un de mes billets précédents ("Masques sans bergamasque") j'ai regretté que le port du masque n'ait pas été général au début de l'épidémie (comme en Asie où cela parait possible). Les masques lavables sont possibles.

        Je pense en effet que la comparaison entre les pays est délicate. Il faudra comparer les stratégies sanitaires à la fin en examinant la multiplicité des facteurs impliqués.

        Votre 2ème commentaire est paru avant que je puisse terminer ma réponse. En effet l'incertitude est  certaine, aussi je me pose la question : pourquoi ce show très long qui n'a rien apporté : communiquer pour communiquer, mais là on peut faire très court : "je ne sais pas" au lieu de faire croire que l'on contrôle. C'est de la politique, mais fragile.

    4
    Lundi 20 Avril 2020 à 21:28

    Le commentaire et les images de bedeau disent toute la vérité!

      • Lundi 20 Avril 2020 à 23:15

        Une obscure vérité.

    5
    Lundi 20 Avril 2020 à 23:26
    J'adore l'illustration.
    Elle vient immédiatement à l'esprit de tout homme de bon sens.
      • Lundi 20 Avril 2020 à 23:40

        Et le titre du tableau de Bosch est parlant.

    6
    Mardi 21 Avril 2020 à 10:10

    En Allemagne, il y a plus de lits d'hôpitaux et 10% de moins d'administratifs qu'en France, ai-je entendu à C dans l'air.

      • Mardi 21 Avril 2020 à 10:39

        Extrait d'un article :

        "Une des raisons invoquées pour expliquer la faiblesse du nombre de décès dus au Coronavirus en Allemagne par rapport aux autres pays européens est que ce pays dispose de « 28.000 lits de soins intensifs, soit 6 pour 1.000 habitants, ce qui la classe au 3e rang mondial derrière le Japon et la Corée du Sud, très loin devant la France (3,1 pour 1.000, 19e rang) ou l’Italie (2,6 pour 1.000, 24e),  » rappelle Thomas Wieder, correspondant du Monde à Berlin. Le nombre de respirateurs artificiels est également crucial. Il est très vraisemblable que le COVID-19 relancera les accusations contre la gestion de l’hôpital public par les pouvoirs publics depuis une trentaine d’années."

        Il n'y a pas de miracle : il faut investir et bien gérer. Néanmoins la rapidité de réaction des hôpitaux français a été remarquable, à laquelle s'ajoute la gratuité des soins en France. On peut critiquer mais il y a aussi du positif.

      • Souris donc
        Mardi 21 Avril 2020 à 13:23

        Le système fédéral allemand est peut-être plus agile, sans la bureaucratie du centralisme français ?

      • Mardi 21 Avril 2020 à 14:02

        C'est l'opinion de Cohn-Bendit. Tout de même : 5 fois moins de morts pour une population plus nombreuse et plus âgée, un dé-confinement plus précoce, une économie 2 fois moins touchée (un PIB à - 4% au lieu de - 8%). A la fin de l'épidémie il faudrait chercher les causes de cette discordance caricaturale et en tirer les leçons plutôt que de baigner dans l'autosatisfaction et répéter jusqu'à plus soif qu'il s'agit d'une épidémie sans précédent.

      • Mardi 21 Avril 2020 à 14:34
        Ce qui est sans précédent ce n'est pas l'épidémie mais le confinement.
        La quarantaine a pu exister, mais jamais le confinement à domicile.
      • Mardi 21 Avril 2020 à 14:47

        Vous avez raison, mais il me semble que Salomon parle chaque soir (ou presque) de "crise sanitaire sans précédent" alors, qu'en effet, ce sont les mesures prises qui sont sans précédent. Encore que pendant la peste du XIVe, les gens se confinaient plus ou moins même sans connaître la nature du mal. Voir "Le Décaméron" de Boccace.

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    7
    Souris donc
    Jeudi 23 Avril 2020 à 07:50

    Salomon parle (longuement), et l'interprète en langue des signes gesticule.

    Et personne pour s'en étonner. Alors qu'il existe des techniques de lecture labiale et d'apprentissage de la parole.

    Emmanuelle Laborit, fille sourde du Pr Laborit (neuro-quelque chose), elle même rééduquée à la lecture labiale et démutisée, a provoqué cette régression dans les années 80. Par la promotion du langage des signes.

    L'idée : sortir les sourds de leur isolement en faisant gesticuler tout le monde. Ils y sont.

    Mépris total pour le travail accompli par les orthophonistes spécialisés qui prennent les bébés à même leur peau nue pour qu'ils perçoivent les vibrations de la voix.

    PS. Les télés ont une fonction "sous-titrage" évitant cette bouffonnerie.

      • Jeudi 23 Avril 2020 à 08:18

        Ce double (le plus souvent féminin) de Salomon par ses mimiques et sa gesticulation donne l'impression de se moquer du directeur général de la santé, et pour ce qui me concerne me distrait beaucoup de  son discours morbide dont j'écoute la musique sans retenir les paroles.

        Je doute d'ailleurs de la nécessité de ce rendez-vous vespéral anxiogène et depuis sa démonstration de l'inutilité des masques la crédibilité de Salomon est douteuse et j'aurais à sa place honte de me montrer car ne doutant pas de sa compétence, il a carrément menti.

        Vous semblez connaître bien mieux que moi les palliatifs de la surdité. Laborit était - entre autres - neurobiologiste, promoteur du Largactil et de l'utilisation des neuroleptiques.

      • Souris donc
        Jeudi 23 Avril 2020 à 09:02

        En plus, la langue des signes serait à l'origine d'un possible déficit intellectuel. En effet, elle ne comporte que l'essentiel, toutes les subtilités grammaticales, notamment les indications spatio-temporelles, sont passées sous...silence.

        On ne dit pas le bol est sur la table, mais le geste est : bol table.

        J'ai eu l'occasion de visiter une institution de rééducation spécialisée, ça se trouvait rue Ste-Anne, je crois. Très émouvant et convaincant.

        Je ne comprends pas pourquoi ces professionnels, ainsi que les associations de parents ne s'insurgent pas.

      • Jeudi 23 Avril 2020 à 09:22

        Mais je suppose que le langage des signes a des avantages par rapport à tous les autres moyens de communication.

      • Souris donc
        Jeudi 23 Avril 2020 à 09:38

        Inclusif et citoyen ?

      • Jeudi 23 Avril 2020 à 10:44

        A l'italienne où le geste accompagne obligatoirement la parole jusqu'à la remplacer.

      • Souris donc
        Jeudi 23 Avril 2020 à 15:00

        yes yes yes yes

      • Souris donc
        Mardi 28 Avril 2020 à 08:46

        En regardant bien (même sans connaitre la langue des signes), on peut se demander si l'interprète traduit fidèlement le discours de J. Salomon. Basé plus sur les statistiques que sur le concret facile à mimer. En effet, l'interprète fait le geste d'éternuer dans son coude et de mettre le masque, ce que Salomon ne dit pas.

        Il se peut très bien que le lobby de la langue des signes impose un "discours" simpliste préétabli. Que l'on peut lire sur tous les affichages.

      • Mardi 28 Avril 2020 à 09:01

        En effet, le mime traducteur peut très faire des plaisanteries pour distraire les sourds.

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