• 284. Stéréotypes du genre en biologie. Une querelle du XVIIème siècle

    C’est en 1677 que le Hollandais Johan Hamm ou son compatriote Antoine Van Leeuwenhoek découvrit les spermatozoïdes alors qu’ils étaient à portée de main depuis la nuit des temps. A l’époque, certains, les « spermatistes », pensèrent que les spermatozoïdes étaient des êtres entièrement formés, de sexe soit masculin soit féminin et devant leur profusion se sont même demandé si le sperme d’Adam ne contenait pas déjà toute l’Humanité à venir. « Voilà donc toute la fécondité qui avait été attribuée aux femelles rendues aux mâles ». (Moreau de Maupertuis cité par Kûss et Grégoir, Histoire illustrée de l’urologie).

    De Graaf qui, à la même époque, toujours aux Pays-Bas, découvrit le follicule ovarien, donna au contraire, avec les « ovistes », la priorité à l’ovule et un rôle secondaire au spermatozoïde. La vérité est, comme toujours, à la jonction des deux.

    Mais sans aller jusqu’au machisme des « spermaticistes », à la question enfantine : comment on fait les bébés ? La réponse va souvent dans le même sens quand les parents expliquent la fécondation à leur rejeton curieux comme l’introduction active de la « petite graine » paternelle dans le ventre maternel ainsi passivement fécondé. Récit soutenu par la biologie habituellement enseignée qui décrit, en somme, une course effrénée et concurrentielle des spermatozoïdes pour atteindre l’ovule confortablement installé dans une trompe (« la belle endormie » ou « femme au foyer » pour les féministes) attendant que l’un d’eux (« le preux chevalier ») réussisse à perforer son enveloppe pour apporter son lot complémentaire et indispensable de chromosomes, en calquant ainsi sur le coït la pénétration d’un gamète féminin par un gamète masculin.

    Des biologistes, notamment féminines, s’élève contre cette présentation de la fécondation qui leur semble obéir à des stéréotypes (voir l’article de Slate) : une présentation où l’élément mâle domine par sa mobilité et son agressivité. Ces biologistes se rangent ainsi du côté de de Graaf et des « ovistes », dans la querelle du XVIIème siècle. Non sans quelques arguments, les deux gamètes s’accrochent en fait l’un à l’autre dans une alliance féconde par l’encastrement de protéines à géométrie complémentaire situées à la surface de leur membrane.

    « La petite graine » aurait dans ce cas du souci à se faire quant à son prestige : ce ne serait pas elle qui pénètrerait de force dans l’ovule grâce à son énergie et à sa tête aussi chercheuse que perforatrice, mais c’est l’ovule qui la boufferait après l’avoir attirée dans ses filets. Une conception qui devrait plaire aux féministes.

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  • Commentaires

    1
    Mardi 5 Février 2019 à 15:46

    Prochain épisode:

    "LA MORT DU CHEVALIER"

    Des chercheurs sont parvenus à créer des cellules génératrices de spermatozoïdes à partir de cellules de la peau.

    Les progrès effectués dans la reprogrammation de cellules souches ces dernières années offrent des perspectives enthousiasmantes pour la médecine régénérative. Après les neurones, les cellules cardiaques ou rétiniennes créées sur mesure à partir de cellules de la peau ou du sang, c'est au tour des cellules reproductrices. Des chercheurs britanniques et israéliens ont en effet réalisé la prouesse de produire de cellules génératrices de gamètes (spermatozoïdes et ovocytes) à partir de cellules de la peau.

    La manipulation, présentée dans la revueCell , consiste dans un premier temps à transformer des cellules de la peau en cellules souches dites "cellules souches pluripotentes induites (IPS)". À l'instar des cellules souches embryonnaires, ces cellules IPS peuvent ensuite être "reprogrammées" en cellules à fonction spécifique. Dans le cadre de ces travaux en laboratoire, elles ont été transformées en cellules germinales primordiales. Ces cellules présentes très tôt chez le fœtus évoluent selon le sexe de ce dernier en spermatogonies ou en ovogonies, qui donneront les spermatozoïdes et les ovocytes à l'adolescence.

    (Figaro santé - 02/01/2015)

     

    Je ne suis pas sur d'avoir tout compris, ni que tout ça soit réalisable ou souhaitable,  mais déjà que le "mâle blanc" avait quelques soucis quant à son devenir, ça peut devenir vite assez problématique...

    La fin de toute une époque !

     

      • Mardi 5 Février 2019 à 16:13

        Les pères tendent à devenir une espèce en voie de disparition. Pour les mères il faut encore attendre un peu.

    2
    Mardi 5 Février 2019 à 17:29

    Et l'ovule fait passer un casting aux spermatozoïdes avant de faire son choix ? 

    "Viens par ici mon petit…" gnark ! Ce n'est pas sérieux mais je visualise la scène et ça me fait rire ! happy

      • Mardi 5 Février 2019 à 17:34

        J'ignore si l'ovule fait son choix, mais il est certain que lorsqu'il gobe un spermatozoïde, il ne laisse plus entrer les autres. Il y a donc un heureux élu mais comme dans tout amour, ce n'est pas toujours le bon.

      • Souris donc
        Mercredi 6 Février 2019 à 10:13

        L'ovule veut qu'il soit d'abord du plus bel éphèbe.

      • Mercredi 6 Février 2019 à 11:07

        Les apparences sont parfois trompeuses, de quoi se flageller par la suite.

      • Mercredi 6 Février 2019 à 11:19

        Le mieux, pour une égalité des chances et une représentativité sans discrimination,  serait que le spermatozoïde s'en branle et que l'ovule n'en ait rien à foutre.

      • Mercredi 6 Février 2019 à 11:52

        La terrible solitude des gamètes.

    3
    Mardi 5 Février 2019 à 19:06
    Pangloss

    L'ovule serait du genre mante religieuse?

      • Mardi 5 Février 2019 à 19:45

        Il faut dire aussi que le petit spermatozoïde ne fait pas le poids devant l'énorme ovule.

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