• 182. Diagnostic électronique

     

    Les sites médicaux ont évidemment beaucoup de succès. Les malades cherchent à connaître leur maladie dont ils redoutent l’évolution et à vérifier la validité de leur traitement. Ceux qui ne sont pas malades redoutent de le devenir et vont vérifier sur internet la signification des troubles qu’ils ressentent. Dans ce dernier cas, l’internaute inquiet risque d’être perdu car un symptôme peut se retrouver dans de multiples maladies. Il est exceptionnel qu’un seul symptôme = une maladie.

    Le médecin pour établir un diagnostic rassemble les symptômes décrits par le patient, mais en les « épurant » par l’interrogatoire et recherche en outre ceux qui sont éventuellement négligés, il y ajoute les signes qu’il recueille lors de son examen. L’ensemble constitue un tableau qui lui évoque en général plusieurs possibilités parmi lesquelles il devra choisir la plus probable en fonction du terrain. En cas de difficulté, le médecin fera appel à des examens complémentaires : biologie et/ou imagerie qui lui permettront de trancher.

    On voit qu’établir un diagnostic comporte plusieurs étapes et l’internaute en s’adressant aux sites médicaux risque d’obtenir des réponses erronées, non pas parce que les sites sont mal faits, mais parce que les données qu’il leur fournit peuvent être mal jugées (on n’est guère objectif envers soi-même) et inexactes ou partielles. Il manque en outre dans le tableau les signes recueillis par le médecin, les seuls pouvant à la rigueur être fournis sont les signes visibles par le patient notamment dermatologiques.

    Il existe des logiciels d’aide au diagnostic qui peuvent aider la mémoire du médecin, celui-ci reste cependant maître des données et de l’interprétation des résultats.

    Sont apparus à présent des sites médicaux basés sur le même principe mais destinés au public et qui ne se contentent pas de donner des renseignements, ce sont les « symptomcheckers », sortes d’analyseurs de symptômes. Ils rassemblent les symptômes signalés par l’internaute, les analysent, établissent un diagnostic et dirigent le patient, sur la nécessité ou non de consulter, en précisant le degré d’urgence. Des institutions comme la NHS au Royaume-Uni ou de la Mayo Clinic aux Etats-Unis ont lancé leur propre symptomchecker. L’un d’eux, ITriage, revendique jusqu’à 50 millions d’utilisateurs par an et existe aussi sous forme d’application pour smartphone ou tablette.

    Ces sites d’autodiagnostic sont-ils fiables ?

    Une équipe américaine[1] a tenté d’évaluer la fiabilité de 23 sites.

    Le bon diagnostic n’est donné en moyenne que dans 34 % des cas, et dans les 20 possibilités évoquées par le tableau, le diagnostic suggéré par les sites n’en fait partie que dans 58 % des cas.

    La conduite appropriée n’est donnée qu’une fois sur deux, sauf pour la nécessité de consulter en urgence qui s’est avérée exacte quatre fois sur cinq.

    En conclusion : en consultant ces sites analyseurs de symptômes, l’internaute risque d’acquérir une maladie qu’il n’a pas et de ne pas connaître celle qu’il a. Par contre ils ne se trompent qu’une fois sur cinq en cas de gravité, ce qui n’est pas sans intérêt.

    Pour être honnête, je ne connais pas la proportion d’erreurs diagnostiques commises par les médecins pour établir une comparaison, mais par expérience je peux avancer qu’elle est très inférieure à deux fois sur trois !

    A noter, en outre, qu’il ne semble pas qu’un tel système permettrait d’alléger le travail des médecins car le conseil de consulter est donné à tort dans 66% des cas, là où une simple automédication aurait été suffisante. Mais compte tenu des erreurs diagnostiques commises par ces sites, le conseil de consulter n’apparait pas superflu.

    182. Diagnostic électronique

     

    [1] Semigran H.L. et coll. : Evaluation of symptomcheckers for self diagnosis and triage: audit study. BMJ 2015 ; 351: h3480

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  • Commentaires

    1
    Mardi 21 Juillet 2015 à 10:07
    Pangloss

    Je ne fais déjà aucune confiance aux boîtes vocales des entreprises ou des services publics, alors le diagnostic par internet ...

    2
    Mardi 21 Juillet 2015 à 10:25

    Cela me parait plus prudent, mais l'utilisation d'internet devient telle que les services vont se multiplier dans tous les domaines, y compris celui de la santé.

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    3
    Mardi 21 Juillet 2015 à 12:08

    J'ai déjà du mal à faire confiance à la médecine française tout court, alors les sites internet...!!!!!

    Quand je pense qu'il a fallu que je me bagarre pour obtenir une ordonnance pour des chaussures orthopédiques et un premier rendez-vous avec un proto-orthésiste digne de ce nom en avril dernier alors que les chirurgiens et rééducateurs auraient pu me les prescrire en 2012,  avant que ma boiterie ne s'aggrave ! Bah oui, mais il fallait se mouiller et faire une demande de 100% à la sécu, ce que l'organisme qui me suit actuellement a fait.

    Ne nous plaignons pas de trop, maintenant j'arrive péniblement à tenir la distance sur 2 km, sans canne...!!!! Youpi !

    Bonne journée Doc. ZAZA

    4
    Mardi 21 Juillet 2015 à 13:48

    Nous vivons dans un monde imparfait mais il ne faut pas trop se plaindre du nôtre.

    5
    mamyours
    Mercredi 5 Août 2015 à 11:28

    d'accord il ne faut pas trop se plaindre !!

    mais certains medecins ( je pense ophtalmo pour mon cas ) n'ont plus le temps de vous ecouter , et vous laisse dans une telle inquietude  que  '( c'est ce que j'ai fais ) vous essayez de trouver une explication chez mr google !!!

    c'est triste ! j'ai change d'optalmo , rendez vous en septembre !! un premier contact en juillet totalement different !

     bonne journee

    6
    Mercredi 5 Août 2015 à 11:44

    Je ne suis pas sûr que l'on ne consulte pas Google même lorsque le médecin prend le temps d'expliquer

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