• 172. Sidaction négative

     

    172. Sidaction négativeCe matin, sur une radio périphérique, le présentateur a interrogé une  femme séropositive au virus du SIDA depuis 20 ans. Traitée par la trithérapie antirétrovirale, elle a déclaré mener, et c’est heureux, une vie normale, elle paraissait pétulante, et disait péter la forme. Tant mieux.

    Les médecins et les biologistes ont réussi à transformer une maladie constamment mortelle en une maladie chronique, à condition d’être dans un pays qui dispose de ces traitements miraculeux, et avec la possibilité de prendre les malades totalement en charge.

    L’optimisme qui se dégageait de cette interview m’a mis mal à l’aise.

    L’épidémie au VIH ne cesse d’augmenter en France (environ 6000 nouveaux cas de contamination chaque année). Un tel optimisme aussi sympathique et encourageant soit-il peut jeter un doute sur la nécessité de la prévention par le préservatif, moyen de plus en plus abandonné, notamment par les homosexuels, pourtant les plus menacés en raison du comportement sexuel de nombre d’entre eux. Cet abandon pouvant expliquer l’extension de l’épidémie.

    L’efficacité de la trithérapie permet une vie normale, et c’est tant mieux. En outre, ce traitement est peut-être en passe de devenir un moyen de prévention permettant de donner libre cours à la prise de risques (voir ICI). Les séropositifs eux-mêmes pourraient peut-être avoir des rapports non protégés avec des séronégatifs si la charge virale dans leur sang est suffisamment abaissée (ce qui reste à prouver pour les homosexuels masculins, les rapports anaux étant plus traumatisants et plus contaminants).

    Optimisme un peu excessif lorsque l’on sait que la trithérapie prise de longues années, puisque l’on ne guérit pas pour l’instant de l’infection, peut avoir des effets secondaires non négligeables, en particulier cardio-vasculaires, et exige un suivi contraignant.

    Optimisme un peu gênant lorsque l’on sait que la trithérapie coûte actuellement à la société de 1000 à 1500 € chaque mois pour chaque contaminé, et il faut y ajouter le prix du suivi médical, et celui des examens biologiques réguliers pour la surveillance.

    A confronter au prix du préservatif.

    « L'écologie à portée de fusilLes poubelles de l’histoire »

  • Commentaires

    1
    Samedi 28 Mars 2015 à 15:21

    Je trouve les acteurs et chanteurs à la télé,  plein de pétulance aussi, ils ont leur petit insigne,ils chantent, partagent des jeux (qui veut gagner des millions), ils se font un coup de pub dans la joie et la bonne humeur! Un peu révoltant pour les malades!

    2
    Samedi 28 Mars 2015 à 15:56

    Ces spectacles qui ont pour thème les maladies me gênent toujours. Voir Le caritatif s'épanouit dans la souffrance

    3
    Samedi 28 Mars 2015 à 16:14

    Un malaise que je comprends Doc, en replaçant ces propos dans le contexte de cette maladie qui ne se guérit pas actuellement, même si l'on parle du Truvada qui circule déjà sous le manteau.

    "Le Truvada permet d'avoir, au moment où le virus essaye d'entrer dans l'organisme, d'opposer un médicament qui va le bloquer sa pénétration" (source Professeur Jean-Michel Molina de l'hôpital Saint-Louis de Paris qui a piloté l'étude).

    Sans compter sur les annonces de la recherche française à grand coup de battage médiatique qui promet des résultats pour un vaccin efficace en 2017.

    Une fois de plus tout ce tapage produit un laisser aller de la vigilance dans les pratiques sexuelles sans préservatifs.

    Pour nous les "vieux", nous avions aussi ces contraintes avec les M.S.T., et la capote anglaise en plus de la pilule était vivement conseillées aux jeunes femmes. Et dans le cas de couples, ne faisant en principe pas d'écart, il suffisait d'une bonne blennorragie chronique et mal soignée et le tour était joué. Ces maladies se soignaient à notre époque, mais mettre au monde un enfant avec ce style d'infection pouvait provoquer chez le nourrisson une cécité due aux gonocoques.

    Ce qui me fiche en boule, quand on discute de ce phénomène de société avec les plus jeunes, c'est ce manque de prise de conscience. Les réponses les plus courantes, sont de cet ordre "A  votre époque, il n'y avait pas l'obligation du port du préservatif qui est très contraignant". D'où mon petit aparté plus haut sur les M.S.T.

    Bonne fin d'après midi Doc. ZAZA

    4
    Samedi 28 Mars 2015 à 16:36

    Il est heureux que la trithérapie soit efficace. En a-t-on partout les moyens? La sécurité sociale en a-t-elle les moyens? A part les cas de contaminations par transfusion, les malades qui refusent le préservatif ne sont-ils pas responsables de leur maladie?

    5
    Samedi 28 Mars 2015 à 16:56

    ZAZA. On assiste d'ailleurs à une recrudescence des MST et notamment de la syphilis. La prévention par le Truvada va provoquer l'augmentation des comportements à risques, surtout si son remboursement par la sécu est accepté (il sera réclamé par les intéressés qui veulent "épanouir" leur sexualité).

    6
    Samedi 28 Mars 2015 à 16:59

    PANGLOSS. Vaste question que la responsabilité individuelle. Elle pourrait être étendue aux tabagiques, aux alcooliques et aux drogués.

    7
    Samedi 28 Mars 2015 à 23:38

    Je partage votre vision pessimiste de ce problème et je remarque que si, en matière de santé publique, notre système tend à faire disparaitre la discrimination par l'argent, elle tend à faire naitre une espèce de discrimination émotionnelle et médiatique qui ne bénéficie qu'à certaines maladies et pas à toutes.

     

    8
    Dimanche 29 Mars 2015 à 10:41

    Dans les années 80, le SIDA n'ayant touché directement que les homosexuels, elle a été considérée d'emblée comme une maladie discriminante, et le "port du VIH" comme une marque de stigmatisation. Le SIDA est donc rapidement sortie du champ de la médecine pour entrer dans celui de la politique jusqu'à l'absurdité sous l'influence des groupes de pression : nous étions obligés de demander l'autorisation au patient pour détecter la maladie ! Il est vrai que les maladies épidémiques entre vite dans le champ de la politique (responsabilités, mesures prises, populations touchées...). 

    9
    Dimanche 29 Mars 2015 à 19:04

    Le coût des conséquences des menus plaisirs de ces messieurs-dames me paraît tout à fait de nature à énerver les braves gens...pour savoir il faut vous lire Docteur, ce genre d'information est soigneusement caché au bon populo!

    Amitiés.

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    10
    Dimanche 29 Mars 2015 à 19:19

    Qu'importe le prix puisque l'on a l'ivresse.

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