• Visite à la pinacothèque

     

    L’âge d’or hollandais

     

    Ces hommes morts depuis si longtemps

    Dans leurs sombres habits du dimanche

    Manches bouffantes et  dentelles blanches  

    Ces femmes le visage serein et leurs belles mains

    Les reflets chatoyants de leurs lourdes robes

    Je les regarde et ils me regardent sans me voir

    De leurs yeux fixes qui jamais ne se dérobent

    Regards d’outre-tombe, regards d’outre-siècles

    Leur intimité déflorée par la foule indiscrète

    Qui défile au pas  devant ces morts immortels

    Aplatis sur la toile pour franchir le temps

     

    Voilà sur un fond obscur une table d’abondance

    Une branche de vigne déverse ses raisins luisants

    Citron ouvert, orange entière, noix fendues

    Corps d’huitres écartelées, châtaignes nues

    Le cœur d’une grenade étale ses grains de sang

    Quelques cerises oblongues prêtes à chuter

    De la nappe vert sombre aux franges dorées

    Un escargot intrus glisse au bord du festin

    Sous une branche aux fleurs flavescentes

    Une carafe sombre reflète une fenêtre éclairée

    Et une mèche à bout rougeoyant serpente

    A cheval sur une pipe blanche au foyer éteint

     

    Et en passant on entre dans leur vie

    Un chat agrippe la nappe garnie de mets

    Pendant que la vieille prie les yeux fermés

    Une lettre d’amour ouverte devant nous

    Une femme à sa toilette retire un bas couleur brique

    Il a marqué le haut du mollet et sa cuisse est levée

    Une mère attentive épouille son enfant à genoux

    Intérieur impeccable, le soleil glisse dans l’entrée

    Un atelier de tailleur, un boulanger et son pain

    Un marché à poissons dont on perçoit l’odeur

    Des paysans attablés, un moine cartes en main

    Et les villageois jouent sur un lac gelé, insouciants

    Avant d’être tous foudroyés par le temps.

     

     

    Paul Obraska

    « Venise 9Petits métiers »

  • Commentaires

    1
    Mardi 17 Novembre 2009 à 19:55
    Et à vivre un moment dans le passé lointain.
    Dr WO
    2
    Mardi 17 Novembre 2009 à 20:13
    Je les vois d'ici.
    3
    Mardi 17 Novembre 2009 à 20:25
    Avec un peu d'imagination, tout est possible.
    Dr WO
    4
    Mardi 17 Novembre 2009 à 20:29
    Alors c'est que les mots ont aussi leurs couleurs.
    Dr WO
    5
    Mardi 17 Novembre 2009 à 20:40
    Superbe ! J'y vais finalement début décembre. Je ne sais pas si je raconterai...après vous !
    6
    Mardi 17 Novembre 2009 à 20:51

    Chacun a sa façon de voir et de choisir ce qu'il a aimé. Dans ce texte je n'ai parlé d'aucun des tableaux de Rembrandt qui sont pourtant beaux mais plus "classiques" et il y en a  finalement peu. Je n'ai remarqué qu'un seul Vermeer ("la lettre d'amour").
    Dr WO

    7
    Mardi 17 Novembre 2009 à 21:38
    Un très beau poème sur l'âge d'or hollandais qui nous fait rêver. Des toiles de Rembrandt à Vermeer,en passant par Bruegel, Memling, Van Eyck. Tes mots rendent hommage à ces grands artistes exposés à PARIS jusqu'en février 2010. (Je dois y faire un sait de puce en janvier)
    Bonne soirée
    Bizzzzzzzz
    ZAZA
    8
    Mardi 17 Novembre 2009 à 22:36
    J'ai éprouvé beaucoup de plaisir à écrire ce texte. Content qu'il puisse plaire.
    Dr WO
    9
    Mercredi 18 Novembre 2009 à 07:45
    Rien à ajouter
    10
    Mercredi 18 Novembre 2009 à 09:30
    C'est déjà beaucoup.
    Dr WO
    11
    Mercredi 18 Novembre 2009 à 17:53
    Bonsoir Paul...Grâce à vous, je revis cette visite mémorable! Toutes les toiles défilent dans ma tête...Merci pour les prolongations, @ bientôt, Tibi
    12
    Mercredi 18 Novembre 2009 à 17:58
    Je n'ai mis que des mots, vous avez mis des toiles.
    Dr WO
    13
    Mercredi 25 Novembre 2009 à 17:22
    C'est un grand plaisir pour moi d'avoir par des mots ajouté un petit quelque chose.
    Dr WO
    14
    leonie
    Lundi 7 Janvier 2013 à 16:23
    Belle descriptions de tableaux qui immortalisent certains moments bien mieux qu'une photo.
    15
    leonie
    Lundi 7 Janvier 2013 à 16:23
    oui et l'impression d'y être et peut être même d'y avoir vécu, vestiges du passé ancré peut être encore en nous sans qu'on le sache.
    16
    Jajouve
    Lundi 7 Janvier 2013 à 16:23
    Hier j'ai pris d'autant plus de plaisir(s) à voir cette exposition que j'avais lu au préalable ce que vous en disiez.
    Continuez à éclairer notre lanterne !
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