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Système, moi non plus (bis)
Mme Taubira s'attaque à Mr Macron en le qualifiant de "pur produit du système". Mr Fillon accuse le "système" de l'attaquer, alors que par le népotisme dont il a fait preuve, il est en plein dedans. J'avoue que ce genre de déclarations me tape de plus en plus sur le système, ce qui me pousse à considérer désormais que celui ou celle qui attaque le "système" ou s'en dit la victime se conduit comme un ou une imbécile à bout d'argument.
Il y a exactement 5 ans, en février 2012, donc avant les élections présidentielles précédentes, j'avais publié un billet que je me permets de reproduire ici. Il me semble qu'il reste toujours d'actualité :
Quel que soit le bord, les candidats à la présidentielle annoncent qu’ils veulent lutter contre le système, et n’ont pas de mots assez durs pour le qualifier. C’est tout de même curieux que des politiciens, qu’ils soient de droite, de gauche ou du centre, se font tous les champions d’une même cause et qu’ils ont ainsi tous un ennemi commun, et le même projet d’éradiquer cet horrible dragon qu’est le système. Ils se rapprochent tous dans un même élan national qu’ils nous demandent sans rire d’applaudir. Bien sûr, cette annonce ne permet pas de les départager puisqu’elle est commune, mais ne pas la faire leur porterait préjudice.
Qu’entendent-ils par « système » ? Ce mot a de multiples significations, mais le « Petit Robert » en donne deux qui semblent convenir pour qualifier le dragon : « ensemble de pratiques, de méthodes et d’institutions » et surtout : « armature économique, politique, morale d’une société donnée sentie comme une contrainte ». Je me permets ici de faire trois remarques :
D’abord tous ces politiciens sont issus des institutions et de cette « armature » (le « qu’ils s’en aillent tous » de Mélenchon est particulièrement risible, alors qu’il fait lui-même partie de ce système et à des postes de responsabilités depuis des décennies). Ces pourfendeurs de dragon ont, pour la plupart, bénéficié du système et voté des lois ou fait en sorte d’en tirer partie ou contribué à la contrainte dont ils veulent libérer le peuple.
Ensuite, si le peuple subit le système et s’élève contre nombre de ses travers, souvent scandaleux, comme le copinage, le népotisme, les inégalités criantes, les gabegies, le flatter dans le sens du poil est électoralement rentable, cela fait partie du populisme dans le mauvais sens du terme en accusant les autres (quels autres ?) d’en être responsables.
Enfin, ce système que ces politiciens veulent soi-disant abattre n’est en fait que la démocratie avec ses tares et ses bienfaits, alors par quoi envisagent-ils de le remplacer ? Une dictature ? Car ils sont radicaux ces pourfendeurs de tous bords ! Ils ne parlent pas d’améliorations ou de réformes : ils sont contre le système. C’est tout. Y compris le président de la République en exercice, depuis longtemps dans les hautes sphères du système et qu’il a systématiquement utilisé à son avantage, ce qui est du plus haut tragi-comique.
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Commentaires
3Souris doncJeudi 2 Février 2017 à 20:33Mais le concept "anti-système, anti-élite, indigné" est en train d'échapper à ses créateurs : l'éternel indigné anti-système-anti-élite, Mélenchon est en perte de vitesse (définitivement , j'espère) et le plus "pro système-élite-non indigné" de tous les candidats, Macron, surfe (provisoirement, j'espère) sur la vague anti-système !
Décidément le système est plus pervers et plus taquin qu'on ne le pense !
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Jeudi 2 Février 2017 à 21:07
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J'ai en mémoire votre billet de 2012... !
Le système, l'instrument de tous les maux des politiques ... mais en y regardant de plus près, ils excellent à mettre en œuvre le "SYSTEME D" !
Bonne Chandeleur Doc !
Je viens de déguster une crêpe...