• Modiano

    J’ai lu quelques livres de Patrick Modiano (1) et j’ai commencé son dernier roman : « L’herbe des nuits ». Au bout de quarante pages, je me suis dit : encore ! Il exagère, il recommence ! Oui, il fait à chaque fois le même livre à peu de choses près, et je continue à le lire !

    La trame est toujours la même. Un homme s’exprimant à la première personne, dont on ne sait pas ou peu ce qu’il est et ce qu’il fait, est à la recherche de son passé, peut-être pour y trouver sa place dans le présent. Des retours en arrière portés par des notes, des pérégrinations dans des quartiers de Paris et des lieux (surtout des cafés). Des noms surgissent, des personnages plutôt esquissés que décrits tournent en rond autour du narrateur, à moins que cela soit l’inverse. On ne sait pas trop pourquoi le narrateur se trouve mêlé à ces personnages ou fréquente leur milieu, et tout est noyé dans le halot du souvenir et l’incertitude de la mémoire. Le récit fait souvent référence à une période trouble comme l’occupation allemande. Les personnages sont souvent peu recommandables (le « Je » est maintes fois interrogé par un policier), mais le narrateur n’est pas très explicite ou il n’en sait trop rien car les personnages qui se succèdent sont insaisissables comme des fantômes et conservent souvent longtemps leur mystère.  

    Quant à l’intrigue, il n’y en a pas dans le sens linéaire du terme, et je serais incapable de raconter un de ces livres. Elle est ébauchée par petites touches entre le passé et le présent, le second n’étant qu’une quête incomplète et incertaine du premier. Une intrigue brisée en zigzag dans la trame temporel, mais menée habilement pour soutenir l’attente.  

    Alors pourquoi lire du Modiano ? Là est la magie de cet écrivain. Prendre un de ses livres, c’est être pris par lui, et on ne le quitte pas si la magie opère (car ses romans sont inégaux). Le plaisir de lire une écriture parfaite mais d’une grande simplicité, et finalement le destin de ces personnages, la plupart disparus, qui ne sont souvent que des noms, nous intéresse et on espère voir leur mystère éclairci au fil des pages. Oui, Modiano exagère, il ne se renouvelle aucunement et je comprends que l’on puisse s’en lasser, mais j’ai hâte de reprendre la lecture de « L’herbe des nuits » (beau titre).

    (1) La place de l’étoile, Une jeunesse, Pedigree, Dans le café de la jeunesse perdue, Rue des boutiques obscures, Horizon.

         

     

     

     

    « La religion des observatoiresAgression publicitaire »

  • Commentaires

    1
    Lundi 10 Décembre 2012 à 17:15
    Peut-être continuez-vous aussi à le lire, pour finir par le cerner ? J'ai déjà remarquer votre amour du détail et de la vérité, et vos observations même si je ne les partage pas toutes dans les idées sont sans défauts. Je vous crois à la recherche de cet écrivain Paul, car vous l'aimez, mais il vous échappe.
    Là, où je n'ai aucun doute, est que vous y arriverez !
    Bonne journée
    Nettoue
    2
    Lundi 10 Décembre 2012 à 17:40

    Je pense qu'il n'y a rien à comprendre et le mieux est de se laisser prendre.

    3
    Lundi 10 Décembre 2012 à 18:37
    La laïcité n’a jamais été évoquée aussi violemment et fréquemment avant l’islamisation de notre société. Nous savons tous que la laïcité c’est la séparation du temporel et du spirituel certes. Néanmoins, la culture chrétienne étant le fondement de notre civilisation, nous ne pouvons dénigrer notre histoire ou notre identité. Mieux encore, nous avons le devoir de préserver ce patrimoine culturel et cultuel, ceci sans entraver les orientations politiques. Et ce qui est regrettable, c’est de se servir de la laïcité pour anéantir l’Eglise classifiée « culte » tandis qu’une autre religion est intégrée dans le cadre de la « culture ou de la différence».
    4
    Lundi 10 Décembre 2012 à 19:04
    Je suis en train de rougir de honte, je n'ai rien lu de Modiano ! Vous me donnez envie de commencer.
    5
    Lundi 10 Décembre 2012 à 19:11

    Je pense que ce commentaire (dont je vous remercie) concerne l'article précédent. L'Eglise qui s'est adaptée à l'évolution de la société a fait bon ménage avec la laïcité car c'est dans sa nature initiale de séparer le spirituel du temporel (même si elle ne l'a pas toujours fait). L'Islam qui, par nature, n'a pas séparé les deux n'a jamais connu la laïcité et lorsqu'on cherche à l'établir il le ressent comme une attaque contre sa culture car les musulmans entendent confondre ethnie et religion. Vous avez raison, l'Europe a une histoire et une culturechrétiennes, d'où les conflits avec un Islam totalitaire et agressif.

    6
    Lundi 10 Décembre 2012 à 19:18

    Parmi ceux que j'ai lus, je conseillerais : "La place de l'étoile" (son premier), "Pedigree" (sa jeunesse) ou "Horizon". Je ne sais pas encore ce que vaut celui que je suis en train de lire.

    7
    Lundi 10 Décembre 2012 à 19:46
    J'ai du lire de cet auteur "Un pedigree" Un livre autobiographique si mes souvenirs sont bons. Au fil de la lecture, j'avais l'impression de revoir le frère de ma grand-mère, au moment où il tirait le diable par la queue pour son entreprise naissante, plongé dans des petits calculs qu’il effectuait sur des feuilles de carnet et où intervenaient le taux du prêt bancaire, le salaire des ouvriers, les réseaux de commercialisation, etc. Merci d'avoir ravivé mes souvenir Doc. Bonne soirée. ZAZA
    8
    Lundi 10 Décembre 2012 à 19:51

    Si j'ose dire, vous avez un souvenir comptable de ce roman.

    9
    Mardi 11 Décembre 2012 à 14:00
    Oui, Modiano, pourquoi pas si on a un peu de temps libre...
    Amitiés.
    10
    Mardi 11 Décembre 2012 à 19:26

    Evidemment Modiano nous apprend rien. C'est de la littérature.

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