• Le Mediator empoisonne les médecins

     

    Dans l’affaire du Mediator chacun sait maintenant que l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) a failli dans son rôle d’information des médecins et  à son devoir de pharmacovigilance (ce qui la pousse aujourd’hui à en faire trop). Avec son aval, les praticiens ont prescrit, en toute bonne foi et pour rendre service à leurs patients, ce poison présenté comme anodin même dans le dictionnaire Vidal (l’innocuité affirmée du produit encourageant à le prescrire en dehors des indications de mise sur le marché, c'est-à-dire comme coupe-faim). Certes, ils auraient pu s’alarmer s’ils avaient pris connaissance de la littérature mondiale, ce qu’ils n’ont pas fait pour la plupart en faisant confiance aux experts de l’AFSSAPS dont c’était tout de même le rôle.

    Depuis des années le Dr Irène Frachon de l’hôpital de Brest tentait d’attirer l’attention des autorités sanitaires sur les dangers du Benfluorex (à l’origine des complications du Mediator). En 2006 la revue « Prescrire » le fit à son tour, mais l’AFSSAPS et derrière elle l’Etat ont attendu 3 ans pour interdire le produit et sont, de ce fait, pleinement responsables du retard pris pour l’interdiction par rapport aux autres pays. Les responsables officiels vont-ils être poursuivis ? Pour le moment, non (quelques médecins auraient cependant porté plainte contre l’AFSSAPS). Le président de la commission d’Autorisation de mise sur le marché (AMM) a même reçu une belle légion d’honneur le 6 novembre 2010.

    Les autorités (et leur volière d’experts plus ou moins mouillés) s’exonèrent de leurs responsabilités et auraient tendance à les coller sur le dos des prescripteurs. Elles s’apprêtent donc à poursuivre des médecins, c’est plus facile. Une brigade de police basée à Créteil sillonne à présent la France pour aller interroger les médecins ayant prescrit du Mediator sans la mention « NR » (non remboursable). Un amalgame est ainsi fait entre la faute administrative - ne pas avoir porté la mention « NR » lorsque la prescription a été faite hors AMM - et l’éventuelle faute médicale pour l’exposition des malades au risque de complications et ces enquêtes ne visent que les médecins libéraux et parmi eux,  ceux qui ont été contrôlés par les caisses. Vent de panique, car le fonds d’indemnisation des victimes du Mediator pourrait, éventuellement, se retourner contre eux (c’est déjà le cas, semble-t-il, pour un médecin de Montpellier).

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 13 Novembre 2011 à 15:03
    Responsable mais pas coupable, vous, vous souvenez... Christine Bâchelot et bien d'autres ont de gros intérêts dans les laboratoires, et naturellement l'on fait payer les fautes de l'état aux médecins.
    But, entre Orange et OB, c'est déjà arrivé, aucune alertes commentaires, réponses, newletter et autres n'est transmises. Mais on se débrouille.
    Bon dimanche
    Nettoue
    2
    Dimanche 13 Novembre 2011 à 15:58
    Comme le dit Nettoue: responsable mais pas coupable.... de toute façon il faudra bien trouver des bouc émissaires. Bon après midi Doc.
    3
    Dimanche 13 Novembre 2011 à 16:29
    Aberrant ! On vougrait dégoûter les médecins de s'installer en libéral, on ne s'y prendrait pas autrement. Déjà qu'ils se font rares !
    4
    Dimanche 13 Novembre 2011 à 18:05

    La seul faute que l'on peut reprocher aux médecins est d'avoir prescrit ce produit hors AMM, mais quelle soit l'indication il était considéré comme anodin grâce à la tromperie de Servier, l'incompétence plus ou moins intéressée des experts et les entrées de Servier dans l'Etat (Sarkozy a été un temps l'avocat du labo.)

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    5
    Dimanche 13 Novembre 2011 à 18:07

    Les responsables ont peut-être quitté l'AFSSAPS mais ne seront sûrement pas poursuivis.

    6
    Dimanche 13 Novembre 2011 à 18:11

    Pris entre le marteau et l'enclume, ils vont avoir tendance à se carapater.

    7
    Dimanche 13 Novembre 2011 à 18:11
    Il est quand même évident que les médecins ne peuvent que faire confiance aux autorités qui autorisent la mise sur le marché. On essaie de dire que c'est abusivement que le Médiator a été prescrit comme "coupe-faim". Or c'est d'abord en tant qu'anorexigène que Servier a demandé à l'administration américaine de l'homologuer.
    Outre les "protections" politiques dont a bénéficié Servier, il a aussi bénéficié de l'incompétence des organismes officiels et peut-être de leur complicité. j'ai été abasourdi, au début du scandale et alors qu'on commençait à parler de décès en france et que le médiator était interdit dans plusieurs pays étrangers, de voir et d'entendre la directrice de AFSSAPS se défendre d'avoir une quelconque responsabilité.
    8
    Dimanche 13 Novembre 2011 à 18:19

    Vous avez tout à fait raison. J'ignore quelle sera la suite des évènements, mais la création de cette brigade de police n'augure rien de bon et une volonté de faire payer le lampiste.

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