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Le mal de test
En 2016 le Premier ministre du Royaume-Uni, David Cameron, a eu l’imprudence de demander par referendum aux Britanniques s’ils désiraient ou non rester dans l’Union européenne. Plus de la moitié d’entre eux, en se basant sur des informations dont certaines étaient volontairement fausses, ont exprimé le désir d’en sortir. Aujourd'hui, seulement un cinquième de ceux qui ont voté pour la sortie de l'UE estiment que l'événement a eu des répercussions positives.
Slate rapporte (repérée sur Vice) une étude publiée dans le journal PLOS One qui conclue que l’on trouve plus d’électeurs aux capacités cognitives réduites parmi ceux qui ont voté pour la sortie de l’UE par rapport à ceux qui ont voté pour le maintien dans l’UE. « Les chercheurs ont constaté que les 73% des électeurs britanniques faisant partie des 10% les plus performants sur le plan cognitif ont voté pour le maintien dans l'UE, tandis qu'ils n'étaient que 40% parmi les 10% les moins performants ». Une explication serait qu’une réduction des capacité cognitives rendrait plus sensible à la désinformation et elle n’a pas manqué lors de la campagne pour ce referendum. Cette corrélation s'est maintenue peu importe le revenu, le niveau d'éducation, ou l'âge. Même dans les couples (l’analyse a porté sur 3183 couples britanniques) où les deux conjoints ont voté différemment, celui qui a voté pour le maintien est davantage susceptible d'obtenir de meilleurs résultats aux tests cognitifs que son partenaire qui a voté pour le retrait.
A ma connaissance, c’est la première fois que je vois une étude qui ose tester les capacités cognitives des personnes exprimant un choix politique, et dans le cas présent le degré d’esprit critique à l’égard des informations manipulées. On pourrait en tirer des conclusions extrêmes et antidémocratiques en réservant le vote à ceux que l’on estime aptes à voter comme ce fut le cas jadis. Ce serait un suffrage censitaire non pas basé sur les impôts directs mais sur les capacités cognitives estimées par des tests. L’inverse pourrait également se concevoir : ne serait-il pas souhaitable de faire passer des tests cognitifs à ceux qui se présentent aux élections ? Mais l’histoire montre que l’on peut être très intelligent et parfaitement con dans ses choix politiques lorsque l’on est frappé d’idéologie aiguë, et cela vaut aussi bien pour les électeurs que pour les élus.
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Commentaires
La quadrature du cercle pour la démocratie:
- Ne pas faire voter les imbéciles illettrés impose une sélection. Une sélection conduit à une oligarchie.
- Faire voter les imbéciles risque de conduire à une dictature.
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Lundi 27 Novembre 2023 à 14:29
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4BrindamourLundi 27 Novembre 2023 à 14:30Le vote a peu à voir avec une certaine intelligence qui permets de réussir des études et de gagner plus d’argent. La plupart des agrégés d’histoire des années 1950 votaient communistes à la Belle Époque du stalinisme. Vous savez, l’histoire cette sciences qui permet de comprendre et d’expliquer le passé voire d’anticiper l’avenir. Aujourd’hui des députés LFI, CSP+++, sont des crétins vulgaires haineux. Ils ont simplement eu l’intelligence de choisir le bon cheval sur le territoire.
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Lundi 27 Novembre 2023 à 14:34
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5Souris doncMardi 28 Novembre 2023 à 10:34Sur le plus beau trône du monde, on n'est jamais assis que sur son QI (Montaigne, Essais III)
Voici le classement par pays, on n'est que 27ème, mais d'autres paramètres entrent en ligne de compte.
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Mardi 28 Novembre 2023 à 10:48
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Je ne sais pas si les capacités cognitives sont liées à l'obtention d'un diplôme (ce lien n'existe pas je serais hors sujet ce qui ne surprendra personne au vu des résultats, s'il existe c'est encore pire) mais une enquête menée après les dernières élections législatives de 2022 tend à prouver que les électeurs (et trices) de "la NUPES" sont les plus diplômés, plus que ceux de "Ensemble !" ou "les Républicains" qui, eux-mêmes, le sont plus que ceux du "Rassemblement National" et de "Reconquête !". Et si chez les NUPES plus le niveau d'études est élevé plus les électeurs sont nombreux, c'est exactement le contraire au R.N.
A méditer...
A méditer car les questions que vous soulevez sont intéressantes. 1) les tests cognitifs mesurent-elles l'intelligence ou le bon sens ? Les diplômes sont-ils une preuve d'intelligence ? Peut-on être intelligent ou diplômé et adhérer aveuglément à une idéologie ? Dans mon billet j'ai répondu à cette dernière question : les diplômes et même l'intelligence ne protègent pas de l'aveuglement idéologique qui rend idiot ou malhonnête (cf la NUPES et Sartre). Pour la première, je ne pense pas que les tests cognitifs mesurent le bon sens qui est l'intelligence du réel. Quand à la 2ème question je peut répondre que les diplômes ne sont pas une preuve d'intelligence, mais de travail et de mémorisation (cf l'IA).
Pour ce qui concerne cette étude, il est possible qu'elle mette surtout en évidence l'esprit critique vis à vis de la désinformation qui peut être favorisé par l'habitude de manier des concepts.