• Le fait religieux

     

    Un rapport rédigé par la sénatrice EELV, Esther Benbassa et le sénateur UMP, Jean-René Lecerf, préconise – entre autres - l’enseignement du fait religieux à l’école. Ce rapport a été adopté par la commission des lois du Sénat et devrait être rendu public cette semaine[1]

    Mais qu’entend-on par l’enseignement du fait religieux ?

    Etudier le rôle des religions en histoire est une évidence, et ce rôle est enseigné depuis toujours. Les religions furent et sont encore des moteurs de l’histoire et non des moindres, pour le meilleur et le plus souvent pour le pire. Sans parler des religions asiatiques, l’histoire de l’Occident et du Proche et Moyen-Orient est dominée par les religions. La mainmise du Christianisme sur l’Empire Romain, éliminant le polythéisme plutôt pacifique et hospitalier, les conquêtes musulmanes en Europe, en Afrique et en Asie, les croisades, la conquête et la christianisation sanglantes des Amériques, Les guerres de religion entre chrétiens dans une grande partie de l’Europe et les évènements actuels montrent que les religions réapparaissent à l’avant-scène de l’histoire.

    Les religions peuvent être également étudiées comme objet social ou anthropologique au même titre que tous les autres, mais pourquoi isoler le fait religieux en tant que tel ?

    Considérer la croyance religieuse comme un objet de connaissance, c’est lui donner un statut qu’elle n’a pas. Et quelles religions étudier ? La véracité d’aucune n’est prouvée puisqu’il s’agit de croyances éminemment personnelles. Je souhaite bien du courage aux enseignants devant une classe multiconfessionnelle lors de la confrontation des légendes que l’on est libre de croire ou pas, mais qui s’excluent de façon radicale. Je suppose par ailleurs que l’athéisme, pourtant moins dangereux, ne sera probablement pas enseigné.

    Que fait-on de la laïcité dans cette République qui se délite en de multiples identités et qui devient de plus en plus soluble dans les religions ? Le temps que l’on consacrera éventuellement au fait religieux ne serait-il pas mieux employé à des fondamentaux incontestables et qui semblent faire défaut à nombre d’élèves ? Personne n’a besoin de l’école pour choisir ou rejeter une croyance, d’ailleurs souvent transmise par la famille et aujourd’hui par le prosélytisme parfois agressif présent sur internet.

     

    [1] D’après Claude Nicollet (Marianne)

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 19 Novembre 2014 à 10:18

    Quand on connaît les prises de positions de cette sénatrice, on peut s'inquiéter de voir cet enseignement du "fait religieux" dériver vers des cours de religion qu'il vaudrait mieux laisser aux écoles confessionnelles.

    2
    Mercredi 19 Novembre 2014 à 10:34

    Le contenu du "fait religieux" ne semble pas avoir été défini, et on peut en effet s'attendre à n'importe quoi en mettant les enseignants d'une école laïque dans une situation difficile si l'on sort des évènements historiques. Je croyais le Sénat plus sage.

    3
    Mercredi 19 Novembre 2014 à 18:54

    Le fait religieux on le voit assez avec nos petits Djihadistes de banlieue égorgeurs de pauvres types au nom d'Allah. Pour le reste, Mme. Ben Babasse, ferait mieux de s'occuper de son arrière train.

    Amitiés.

    4
    Mercredi 19 Novembre 2014 à 19:18

    Le fait religieux s'étale suffisamment dans les médias (et pour le pire) sans avoir besoin de l'étaler encore dans les écoles dites laïques.

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