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La laideur est toujours à la mode
Quand apparaissent certaines modes, on se dit bêtement, malgré notre longue expérience : « c’est n’importe quoi, ça ne durera pas ». Et pourtant elles ne tournent pas, elles se fixent.
Depuis des années, je vois des jeunes et parfois des moins jeunes porter des jeans troués ou déchiquetés : c’est laid, c’est se moquer des pauvres (qui eux ne mettent pas de jeans en lambeaux), le seul intérêt est de rafraîchir le contenu du slip en hiver.
La mode des tatouages, elle, semble s’être installée définitivement. Mais la pratique est très ancienne, elle a seulement pris de l’ampleur en touchant beaucoup de monde. Je crois qu’au moins un tiers des adultes sont marqués par au moins un tatouage, d’autant plus que des précautions et des instructions ont été prises pour en limiter les complications allergiques ou infectieuses. Non pas que les tatouages eux-mêmes soient laids, bien au contraire, mais je préfèrerais les voir sur une toile ou sur le papier que sur la peau où ils ressemblent plus à une dermatose inclassable qu’à une œuvre d’art. Je n’ai pas encore vu ce que deviennent ces dessins colorés chez le vieillard où la peau se plisse et pend, la transformant en un terrain vallonné ponctué de taches brunes qui risque de gondoler ces chefs-d’œuvre et les mettre en péril.
Quant au piercing, il continue à défigurer les jeunes femmes. Ces jours-ci, nous avons déjeuné dans un restaurant du quartier et j'ai été frappé par la beauté de la serveuse, mais quand elle est venue à notre table je ne voyais plus que l'anneau qui lui perforait la cloison nasale faisant penser à la mouchette que l'on met aux naseaux des boeufs pour les mener avec une longe sans qu'ils puissent se rebeller.
Si la barbe confirmée est revenue à la mode, la barbe de trois jours, le visage mal rasé, n’a pas quitté nos lucarnes. Cette mode qui perdure touche des hommes mûrs. Ils auraient pourtant intérêt à raser de près leurs éventuels poils blancs qui les rendent plus vieux encore et un peu négligés. Il y a d’autres façons de paraître rebelle, surtout quand on a passé l’âge de l’être. J’ignore ce que Manuel Bompart, coordinateur national de LFI élu par ceux qu’il avait nommé pour le faire, recherche avec ses poils de barbe, mais quand on le voit, on a envie de lui donner la pièce pour qu’il puisse manger et ne pas dormir dehors.
Remarquons d’ailleurs que ces modes : jean en lambeaux (associé souvent à un haut de prix), tatouages (parfois sur de larges surfaces), clous dans la peau, et visages mal rasés veulent sans doute manifester de la part de leurs porteurs un anticonformisme, une apparence de rébellion contre la société, chez des personnes qui, en général, ne manquent de rien. Ils s’en veulent peut-être de ne pas avoir de motif personnel de révolte. Une révolte qui peut cependant prendre corps pour certains contre l’ordre établi accusé d’être responsable de la catastrophe écologique future.
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Commentaires
2Souris doncJeudi 19 Janvier 2023 à 10:44Au départ, le jean lui-même était un signe d'anticonformisme, puis vint le jean délavé, suivi du jean déchiré au genoux et maintenant le jeans en lambeaux. Je suis vraiment impatient de découvrir ce que sera la prochaine étape.
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Jeudi 19 Janvier 2023 à 19:52
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Certains hommes d'âge mûr s'avisent brusquement que se laisser pousser la barbe est tendance. Alors pourquoi pas moi, pensent-ils. Le pire ce sont les barbichettes bien blanches, elles.
Certains jeans sont déchirés à l'arrière, montrant ainsi un morceau de fesse.
Une tendance au masochisme en quelque sorte : s'enlaidir volontairement.