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La fable des économistes (bis)
Dans son programme initial, Hamon, partant du principe que le travail assuré par les humains était destiné à diminuer inexorablement, avait proposé de recycler une idée ancienne mais intéressante, celle du revenu universel distribué à chacun, que l'on travaille ou non, en proposant en outre une taxation sur l'utilisation des robots destinés dans l'avenir à remplacer la main d'oeuvre humaine.
Ce programme (qui par la suite a été amendé) m'a fait pensé à une fable que j'avais publiée il y a 8 ans. Je l'ai exhumée des archives, en sachant que certains visiteurs l'ont déjà commentée. Je la reproduis ci-dessous :
Un jour, les économistes – dont on connait la clairvoyance - prirent pleinement conscience d’un fait bien connu : ce qui coûte cher, ce sont les hommes. Il faut les payer, dépenser pour assurer leur sécurité et même engloutir des sommes injustifiées lorsqu’ils ne font plus rien.
Bien sûr, la première solution venant à l’esprit est de faire fabriquer les choses par des hommes ou mieux, des enfants, dont on n’assure que la survie. Cette solution a été appelée du charmant nom de « délocalisation » dans le pays qui fermait ses entreprises et du vilain nom d’ « exploitation » dans le pays qui les recevait (mais ce pays bien content de les recevoir s’empressait de bannir ce mot de son vocabulaire). Cependant, cette solution ne pouvait être que provisoire car ces hommes locaux finiraient un jour ou l’autre, dans leur inconscience, par réclamer leur dû.
D’où l’idée simple des économistes : produire et distribuer sans intervention humaine. On utiliserait d’abord les hommes pour fabriquer les machines et les robots, puis on n’en conserverait que quelques-uns pour assurer leur maintenance. Ceux qui possèderaient ce parc robotique pourraient gérer l’économie de façon rationnelle.
Mais me direz-vous : il ne sert à rien de fabriquer des choses si personne n’a la possibilité de les acheter ? C’est vrai qu’en matière d’économie, ce qui est embarrassant c’est l’Humanité. Mais c’est là que les économistes pourront atteindre leur rêve. En séparant production/distribution d’un côté et les hommes de l’autre, l’économie deviendrait plus simple, prévisible, calculable, enfin mathématique. Ceux qui possèderaient les machines ou les politiques qu’ils mettront au pouvoir (les uns pouvant être également les autres) financeraient les hommes - enfin devenus intégralement des consommateurs - uniquement pour acheter des produits qui seront ensuite recyclés par des machines (car les économistes ont aussi la fibre écologiste, personne n’est parfait). Matières premières, produits et argent circuleraient en circuit fermé. L’économie marcherait toute seule.
Mais me direz-vous : la part de chacun pour consommer risque de s’amenuiser avec le temps ? En effet, surtout si la part que se réservent les distributeurs grandit, ce qui peut conduire à des protestations. Les économistes ont bien conscience du problème et espèrent un jour remplacer les consommateurs par des machines qui, elles, ne protestent pas.
Attention ! Ceci n’est qu’une fable.
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Commentaires
Cette fable futuriste, est effrayante, car hélas, les robots ont fait leur apparition, et les économiste, financiers et les autres y pensent !
Hamon aussi.