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Irresponsabilité
« Alors qu’il avait été relaxé en première instance en 2009, un homme de 32 ans, footballeur professionnel, a été condamné hier par la cour d’appel de Rennes à 30 mois de prison dont six ferme pour avoir transmis le sida à une jeune femme de 17 ans (au moment des faits), alors qu’il connaissait sa séropositivité. »
En 2008, à la suite de la conférence mondiale sur le Sida de Mexico, un texte, rédigé à l’initiative d’Act up. demandait « … que les plaintes [concernant la transmission du SIDA] soient classées sans suite et que les procureurs cessent de requérir des peines à l’encontre des séropositifs et qu’ils comprennent que de telles sentences font le jeu de l’épidémie »
Les associations de défense de séropositifs justifient cette position par le risque de stigmatisation des malades, la mauvaise prise en charge des séropositifs en prison et avance que la victime est également responsable, puisqu’elle n’a pas suivie les impératifs de la prévention qui doit concerner également les hétérosexuels, l’utilisation des préservatifs devant être la norme pour tout le monde.
Je me permets de faire quelques remarques sur cette argumentation :
1° Je ne vois pas en quoi la condamnation de quelqu’un qui a transmis le VIH en pleine connaissance de cause fait le jeu de l’épidémie. N’est-ce pas l'inverse ?
2° Stigmatiser un imbécile dangereux et malveillant ne me parait pas excessif et ne conduit pas, à mon avis, à la stigmatisation de l’ensemble des malades qui pour la plupart ont une attitude responsable.
3° Je rappelle que le préservatif se met sur le sexe de l’homme et que la femme est obligé de faire confiance à son partenaire masculin, sauf à refuser tout rapport non protégé avec un inconnu (ce qui serait une bonne chose). Le cas est le même si une femme n’avertit pas l’homme de sa séropositivité et ne l’engage pas à se protéger. Si un partenaire fait confiance à l'autre, cela n'exonère pas le séropositif de sa responsabilité.
4° Si les homosexuels, qui ont souvent de multiples partenaires, doivent impérativement utiliser le préservatif, considérer que le préservatif s’impose à l’ensemble de la population comme une norme me parait discutable.
5° Enfin, classer sans suite toutes les plaintes laisserait impunie la volonté de nuire.
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Commentaires
Bien sûr que nombre d'hétérosexuels ont de multiples partenaires, le vaudeville en est la preuve. Mais la proportion est plus grande chez les homosexuels et c'est une des raisons de l'apparition et de la propagation de la maladie chez eux.
Dr WO
Je ne peux qu'adhérer au contenu de ce billet Doc. Transmettre VOLONTAIREMENT des maladies sexuellement transmissibles, (et il n'y a pas que le SIDA) reste un délit qui doit être puni par la loi.
Bonne soirée.
Bises
ZAZAje crois avoir lu que le chef d'accusation de tentative d'homicide ne pouvait être entendable juridiquement du fait de l'existence du préservatif...Dans un raisonnement ubuesque la tentive d'homicide par arme à feu ne pourrait être retenu du fait de l'existence du gilet pare balle... non allez je pousse un peu ;-)Relaxe en première instance puis six mois ferme devant la Chambre des Appels Correctionnels... Cela ne vous interpelle-t-il pas ? J'en suis surprise.Tentons un parallèle. Une personne ayant trop bu, se sachant donc dangereuse pour les autres, prend le volant et tue quelqu'un. Elle n'a pas délibérément tué mais a volontairement mis la vie d'autrui en danger. Quelle est alors la peine encourue? Il ne serait pas illogique que le footballeur soit condamné à une peine équivalente à celle du dangereux conducteur.Je me demande (mais je n'en suis pas sûr) si ce n'était pas une fellation, ce qui pourrait expliquer la première relaxe.
Dr WO
Un malade atteint du SIDA n'est pas responsable, c'est celui qui lui transmet la maladie qui l'est.
Dr WO
Bon. Je vous donne un autre indice : la victime a déposé plainte pour ... empoisonnement.C'est pire pour le SIDA, car le séropositif sait qu'il a de fortes chances de transmettre une maladie grave, alors que l'alcoolique peut prendre le volant et ne provoquer aucun accident.
Dr WO
La notion d'empoisonnement qui implique une intention criminelle a été rejetée par la cour de cassation en 2005. Là, il s'agit juridiquement d'administration de substance de nature à nuire à la santé.
Dr WO
La personne qui sciemment transmet le virus du SIDA à sa ou son partenaire est sans excuses. C'est un acte criminel et je ne vois pas où est l'éventuelle stigmatisation des malade.Moi non plus. Mais comme le dit Pangloss, Act up a une vision particulière des choses.
Dr WO
Voilàààà ! Le combat d'ActUp devrait se trouver ici. Car comment peut-on admettre la correctionnalisation des faits et par-là même, la banalisation de la maladie ?
En l'espèce, les victimes étaient quatre ; l'une d'entre elle a développé la maladie au point d'en être infirme (je crois qu'elle n'a pu se déplacer à la Barre). Relaxe puis 6 mois ferme ? Il y a de quoi bondir ! Pour la maman et surtout, la juriste que je suis, il ne s'agit ni plus ni moins que d'un empoisonnement. Cet individu aurait dû être renvoyé devant la Cour d'Assises et lourdement condamné.C'est "l'intention criminelle" qui se trouve au coeur du problème. Si on ne peut la prouver, sinon par l'aveu, il ne peut y avoir crime au yeux de la loi. De plus, la transmission du virus n'étant pas systématique en cas de rapport non protégé quoique fortement probable, cela peut, au yeux de certains, diminuer la responsabilité.
Le fait qu'il soit question du SIDA passionne le débat (c'est la stratégie constante d'ActUp) et détourne l'attention de la réalité.
Prenons donc un autre exemple, plus proche encore de cette affaire que celui de Juntos: un restaurateur sert à ses clients des champignons sans se soucier de savoir s'ils sont vénéneux ou non. Il n'a pas l'intention d'empoisonner ses clients, au contraire, il ne leur veut que du bien. Mais il sait qu'il leur fait courir un danger. Si l'un d'eux meurt, est-il coupable d'empoisonnement, d'homicide par imprudence ou de tromperie sur la marchandise (un des arguments utilisés, je crois, dans le procès du sang contaminé)? Imaginerait-on un syndicat professionnel le défendre au motif que les poursuites judiciaires font le jeu des intoxications alimentaires?Mais Act up veut aller plus loin que le changement de qualificatif de l'acte, par sa pétition de 2008, l'association demande la dépénalisation de la transmission même volontaire du SIDA (Il semble que l'ancien président de l'association ne soit pas d'accord avec ce point de vue).
Dr WO
Vous posez bien le problème et l'absurdité (dangereuse) des revendications d'Act up dont l'argumentation est des plus spécieuses.
Dr WO
Argumentation spécieuse car elle amalgame deux revendications fort légitimes mais sans rapport l'une avec l'autre: la lutte contre la maladie et le combat contre l'homophobie en suggérant (et souvent en affirmant) qu'on ne fait pas assez (de toutes façons, tant que la maladie ne sera pas vaincue, on n'en fera jamais assez d'où la force de l'argument) contre le sida PARCE QUE le virus s'est d'abord répandu dans la "population à risques" que sont le homosexuels masculins. Homosexuels masculins TOUJOURS victimes, jamais coupables ni même responsables de leur propre sort (se protéger est la moindre des choses). c'est ce PARCE QUE qui introduit un biais dans le débat et le fausse dès qu'il est ouvert.Et c'est paradoxalement le SIDA, dont les homosexuels ont été les premières victimes et en proportion les plus nombreuses, qui a permis aux homosexuels de s'organiser et d'acquérir une visibilité, que certains pourraient considérer comme excessive dans la mesure où il n'y a pas lieu de créer une communauté uniquement sur une préférence sexuel, mais il est vrai aussi qu'ils ont été persécutés pour celle-ci, ce qui crée un autre lien.
Dr WO
Pardonnez-moi, Dr Wo, mais je n'ai pas bien saisi votre réponse : le SIDA qui a permis aux homosexuels de "s'organiser" ? Comment cela ?Par les associations et notamment Act up. Il y a un amalgame ou une confusion entre la lutte contre le SIDA et la cause homosexuelle (en occident). L'une servant l'autre.
Dr WO
Bien vu Dr Wo !!!et dans votre article et dans vos reponses .l'essentiel est dans votre derniére reponse à Pascale ...Je pense qu'il faut dépasser la cause homosexuelle dans la prise de jugement. Le sexe est une relation humaine avant tout, et concerne tous les types de sexualité. Un être se sachant porteur d'une maladie virale transmissible ou contagieuse, sexuelle ou pas, est forcément sujet à un traitement et dans ce traitement, en premier lieu, il est avisé des risques possibles de propagation à autrui... La médecine n'a pas pour éthique de soigner les gens contre leur gré, ni de fliquer leur comportement ; cela implique la totale et entière responsabilité de cet homme (qu'il soit hétéro ou homo n'est pas un critère à prendre en considération). Act up ne devrait même pas avoir droit de citer dans ce procès, qui n'est pas celui d'une quelconque discrimination sexuelle, mais bien le procès d'un homme qui sciemment a cherché à nuire à autrui. L’intentionnalité étant certaine, la chose en est d’autant plus aggravée. De l’égoïsme à l’état pur, avec ses tares, qui peuvent être aussi du sexisme ou du racisme. Act up en intervenant est peut-être soucieux de défendre la pratique du barebacking ?!Je suis d'accord avec vous. La transmission volontaire d'une maladie est inadmissible. Cet homme est apparemment un hétérosexuel et j'ignore si Act up est intervenu dans le procès, mais sa position, si l'on se réfère à la pétition de 2008, est celle de laisser sans suite toutes les plaintes liées à la transmission du VIH, ce qui incluerait également le cas dont je parle.
Dr WO
Je m'éloigne peut être un peu du sujet... mais...
Quand mon fils a obtenu sa ceinture noire de Tae Kwon Do (art martial pour ceux qui ne connaitraient pas)on les a réunis pour leur expliquer qu'à partir de ce jour, ils étaient considérés comme "armés", et que s'ils en venaient à se battre, ceci serait retenu contre eux.
On devrait peut être expliquer davantage aux séropositifs, qu'eux aussi sont armés... Et l'arme est redoutable!30leonieLundi 7 Janvier 2013 à 16:15En fait c'est déresponsabiliser le malade atteint du sida et de ce fait, le partenaire qui a fauté dans un couple stable.
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Une observation cependant: il n'y a pas que les homosexuels qui ont de multiples partenaires.