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Eole
Les vents écartelés, voyageurs invisibles
Entre levant et ponant ou septentrion et midi
Promènent sur la Terre leur force invincible
De dépression en dépression jusqu’à la folie
Ils rendent ridicules même les plus beaux
Décoiffent les dames et soulèvent leurs atours
Courbent les hommes et volent leur chapeau
Sous leurs risées, ils jouent de mauvais tours
Papiers et feuilles valsent en mesure
Les ballons abandonnés roulent sans arrêt
Les perruques dévoilent les tonsures
Battent les portes, claquent les volets
Ils fouettent sans égard les drapeaux déchirés
Les bâches arrachées ondulent comme des oiseaux
Nappes retournées, chaises renversées
Craquent les voiles, emportent les bateaux
Le grondement des vents grossit dans les bois
Les arbres gémissent, les racines cramponnées
Les ramures en folie se révulsent aux abois
Dans un barrit ligneux, ils sont déracinés
Les vents irascibles secouent la mer
Blanchissent ses crêtes hérissées
Les vagues affolées se ruent sur la terre
Et vomissent sur le sol leurs hoquets salés
Une brise persiste sur les lieux brisés
Un zéphyr doucereux caresse les visages
Une main légère pour se faire pardonner
D’avoir, en colère, commis tant de ravages
La mer exténuée clapote sur les rivages
Frangée de détritus, d’algues et d’épaves
Lutteuse marquée par un combat sauvage
Elle laisse stagner de sa bouche la bave
Paul Obraska
Illustration : Botticelli (détail)
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Commentaires
3Souris doncJeudi 3 Août 2023 à 08:07Faut pas poèter plus haut que son luth, mais votre poème dit plus que les explications météo des tempêtes d'équinoxe provoquant les grandes marées, en avance cette année.
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Jeudi 3 Août 2023 à 09:13
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4JchJeudi 3 Août 2023 à 09:51-
Jeudi 3 Août 2023 à 13:50
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5JchJeudi 3 Août 2023 à 12:22
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Merci. J'avoue que je ne connais pas l'oeuvre de la poétesse Florette Morand, mais le petit extrait que vous me livrez est plutôt séduisant.