• Eole

    Eole

     

     Les vents écartelés, voyageurs invisibles

    Entre levant et ponant ou septentrion et midi

    Promènent sur la Terre leur force invincible

    De dépression en dépression jusqu’à la folie

     

    Ils rendent ridicules même les plus beaux

    Décoiffent les dames et soulèvent leurs atours

    Courbent les hommes et volent leur chapeau

    Sous leurs risées, ils jouent de mauvais tours

     

    Papiers et feuilles valsent en mesure

    Les ballons abandonnés roulent sans arrêt

    Les perruques dévoilent les tonsures

    Battent les portes, claquent les volets

     

    Ils fouettent sans égard les drapeaux déchirés

    Les bâches arrachées ondulent comme des oiseaux

    Nappes retournées, chaises renversées

    Craquent les voiles, emportent les bateaux

     

    Le grondement des vents grossit dans les bois

    Les arbres gémissent, les racines cramponnées

    Les ramures en folie se révulsent aux abois

    Dans un barrit ligneux, ils sont déracinés

     

    Les vents irascibles secouent la mer

    Blanchissent ses crêtes hérissées

    Les vagues affolées se ruent sur la terre

    Et vomissent sur le sol leurs hoquets salés

     

    Une brise persiste sur les lieux brisés

    Un zéphyr doucereux caresse les visages

    Une main légère pour se faire pardonner

    D’avoir, en colère, commis tant de ravages

     

    La mer exténuée clapote sur les rivages

    Frangée de détritus, d’algues et d’épaves

    Lutteuse marquée par un combat sauvage

    Elle laisse stagner de sa bouche la bave

     

    Paul Obraska

    Illustration : Botticelli (détail)

     

    « Du passé caniculaire à la grisaille venteuseLe racisme pour tous »

  • Commentaires

    1
    Jch
    Mercredi 2 Août 2023 à 17:54
    Jch
    LES GRANDS VENTS Florette Morand Sont venus les grands vents Les grands vents de le mer Les grands vents déchaînés Evadés de l’enfer Sont venus fous de rage Ecumants Affamés. Ils sont venus bavant confetti de feuillage Arrachés par leur meute aux forêts outragées... Compliments vevant d'un pays des grands vents.
      • Mercredi 2 Août 2023 à 18:28

        Merci. J'avoue que je ne connais pas l'oeuvre de la poétesse Florette Morand, mais le petit extrait que  vous me livrez est plutôt séduisant.

    2
    Mercredi 2 Août 2023 à 19:20

    C'est ce genre de chose que je vis aussi dans le Morbihan et la météo nous promet encore plus de bobos !

      • Mercredi 2 Août 2023 à 21:43

        Vous reconnaissez l'ambiance.

    3
    Souris donc
    Jeudi 3 Août 2023 à 08:07

    Faut pas poèter plus haut que son luth, mais votre poème dit plus que les explications météo des tempêtes d'équinoxe provoquant les grandes marées, en avance cette année.

      • Jeudi 3 Août 2023 à 09:13

        Je suis heureux de constater que vous avez réussi à placer un commentaire.

        Mon poème vient ainsi heureusement compléter les informations météorologiques.

    4
    Jch
    Jeudi 3 Août 2023 à 09:51
    Jch
    Petit cadeau de la Guadeloupe. https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=pfbid0RWg7R9UAPYvyd9RZLpzRAgjf2YDuYbNeWrxDWEvqnoDUSzfUNSzho1NrmH7aZe4jl&id=100000671905289
      • Jeudi 3 Août 2023 à 13:50

        Beau poème, mais plus dramatique car les vents en Guadeloupe peuvent avoir bien plus de force destructrice qu'en métropole.

    5
    Jch
    Jeudi 3 Août 2023 à 12:22
    Jch
    Ma maman parlait toujours du Cyclone de 1928, et moi j'ai vécu le cyclone Hugo. Nés tous les deux près des Acores et arrivant sur le papillon 12 jours après.
      • Jeudi 3 Août 2023 à 13:55

        A côté des cyclones, les vents de la métropole sont bien aimables.

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