• Des bagages pour le grand voyage

     

    La promesse d’une existence après la mort fait partie du discours de toutes les religions, et est un des arguments pour attirer à elles les prosélytes, les mortels ayant, pour la plupart, un penchant pour l’immortalité avant même d’y avoir goûtée.

    Ce qui peut séparer les religions ce sont les modalités de cette existence dans l’Au-delà. Il y a évidemment une différence entre la déambulation dans un paradis peuplé de vierges disponibles (pour les hommes), et la réincarnation dans un crapaud sautillant.

    Certaines croyances penchent pour une vie après la mort proche de la vie avant elle. Ce fut le cas des Egyptiens de l’Antiquité qui passaient leur vie à préparer leur mort, et remplissaient les tombeaux – du moins pour ceux qui en avaient les moyens – d’une foultitude d’objets précieux ou non auxquels le mort tenait de son vivant ou dont il pourrait avoir besoin dans l’Au-delà.

    L’exemple le plus démonstratif est celui du tombeau de Toutankhamon, véritable capharnaüm où voisinaient des objets aussi simples que des jouets et des objets précieux de toute beauté et d’une grande richesse. Je me souviens qu’au musée du Caire presqu’un étage entier était consacré à l’exposition du contenu de ce tombeau. Ce pharaon mort jeune avait de quoi s’amuser dans l’Au-delà.

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    A Hong Kong, j’ai eu l’occasion d’assister à la préparation d’un enterrement selon les rites chinois. Là encore l’entourage du défunt avait préparé tous les objets qu’il aimait et dont il pourrait avoir besoin dans son existence post mortem. On pouvait voir des meubles, une télévision, des montres, des ustensiles de cuisine ou des billets de banque et même des lingots d’or. Ces objets étant destinés à être brûlés.

    Contrairement aux Egyptiens, les Chinois n’aiment pas le gaspillage, et les objets prévus pour servir au défunt dans l’Au-delà sont factices, le plus souvent en carton. Les bagages des Chinois pour le grand voyage sont légers. Ce sont des gens pratiques.

    En Chine les funérailles sont en outre l’occasion d’organiser des banquets avec la famille et les amis. Les Chinois tiennent à ce que ces festivités soient réjouissantes pour les vivants et espèrent que le défunt dans son cercueil apprécie également.

    Aussi seraient-ils mécontents que la présence de strip-teaseuses aux enterrements, que l’on observait depuis les années 2000, soit sanctionnée depuis la fin avril car leur démonstration permettait d’attirer du monde (notamment des enfants comme le montre l’image), or une assistance nombreuse et animée serait censée porter chance au défunt dans l’Au-delà.

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  • Commentaires

    1
    Mardi 2 Juin 2015 à 18:14

    Dans nos régions bretonnes, Finistère et surtout Ille & Vilaine, l'enterrement est un jour de recueillement mais aussi de fête et de convivialité en hommage au défunt. La messe pour ceux qui le souhaite, le cimetière, ensuite le bistrot où les amis du défunt qui viennent en toute convivialité boire une ou deux tournées, payées par la famille. Et pour finir, en famille, le repas du soir, souvent bien arrosé, qui permet de se remémorer des épisode de vie du disparu. Par contre pas de rites sexuels ou de strip-tease.

    En lisant votre billet, les chinois introduises en plus les rites sexuels et le strip-tease à la gloire du défunt.

    Pourquoi pas, et cette interdiction récente est punie par les autorités chinoises. "Une prestation "obscène" selon les autorités chinoises qui vont désormais faire la chasse à ces divertissements érotiques. Le chef de la troupe au cœur de cette polémique a tout de même été détenu pendant quinze jours et s’est vu imposer une amende de 70.000 yuans (environ 10.000 euros)."

    Sont pas rigolos ces chinois. La mort reste une phase terminale du cycle de la vie. Pourquoi changer des rites millénaires détournés par les réseaux sociaux ?

    Bonne soirée Doc.

    2
    Mardi 2 Juin 2015 à 18:23

    Merci de compléter ainsi mon billet. Je ne pense pas que le striptease fasse partie d'un rite sexuel, ce serait plutôt une attraction pour attirer du monde.

    3
    Mardi 2 Juin 2015 à 18:24

    Comme vous le faites remarquer, la vie après la mort reste une inconnue. Est-on sûr qu'on ne va pas s'ennuyer éternellement?

    Les strip-teaseuses que, je suis prêt à le parier, on devait interdire aux vivants sont offertes aux cadavres. Trop tard!

    4
    Mardi 2 Juin 2015 à 18:31

    On devrait pouvoir amener de la lecture.

    La raideur cadavérique n'étant pas appropriée.

    5
    Mercredi 3 Juin 2015 à 00:13

    Je ne connaissais pas ces rituels chinois,c'est un peu bizarre le coup du strip-tease devant un cercueil.

    Chez nous,  pas d'extravagances, je n'en ai jamais vu en tout cas.

    Après la veillée, le passage à l'église, puis au cimetière, on se réunit autour d'un repas familial, surtout pour se remonter le moral et se consoler, tout en sachant que notre mort est entre de bonnes mains, l'espoir devant la mort, cela aide les vivants à continuer...

    Mais votre article, est très intéressant, et m'a fait découvrir ces rites (sexuels) chez les chinois...

    6
    Mercredi 3 Juin 2015 à 09:03

    Dans l'au-delà, les martyrs vont rencontrer des vierges, les pharaons seront accompagnés de leurs épouses, les chinois font appel aux strip-teaseuses.  Il n'y a que ma religion qui promette ennui et abstinence pour l'éternité.

    Je me demande si je ne devrais pas me dépêcher d'en changer, avant qu'il ne soit trop tard !

    7
    Mercredi 3 Juin 2015 à 12:58

    LIVIA. Les rites chinois des funérailles ne comportent pas - à ma connaissance - de composante sexuelle. Le striptease est une innovation très récente et qui n'a rien à voir avec la tradition.

    8
    Mercredi 3 Juin 2015 à 13:04

    CARLUS. Les religions pour attirer du monde ne devraient pas être avares de promesses dans l'Au-delà : aucun démenti possible, aucun service après-vente prévu en raison de l'absence de réclamations.

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