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Corrida
Je n’ai assisté qu’une seule fois à une corrida, il y a bien longtemps, à Barcelone. C’est un spectacle mortifère puisqu’il s’agit d’un jeu cruel entre un homme et un bovidé puissant qui se termine le plus souvent par la mort de ce dernier avant celle du premier. Mais ce n’est pas toujours le cas, le jeu reste ouvert, et c’est peut-être ce qui fascine les spectateurs, cousins lointains de ceux des cirques romains qui assistaient, comblés, à la mort des gladiateurs.
Le cérémonial peut séduire, mais c’est tout de même celui de la mort. Ce qui révulse est l’action des picadors qui tournent autour du taureau sur un cheval aux flancs protégés en lui plantant des pics dans l’échine. Le sang coule, nappe le pelage, et imprègne le sable de l’arène. Le taureau se défend en cherchant à renverser le cheval et son cavalier. Les picadors ne sont guère appréciés, la torture qu’ils affligent à la bête contraste avec la chorégraphie qui suit où le toréro se met en danger face à elle. Mais si le taureau n’était pas fatigué, le jeu serait inégal, et la bête massive l’emporterait aisément sur l’homme armé d’une simple cape, l’épée ne servant qu’à la fin du spectacle.
Ce taureau que l’on a choyé pendant plusieurs années va mourir, mais ce n’est pas la mort industrielle des abattoirs au milieu des cris des bêtes apeurées, car après s’être défendu, il sera foudroyé dans une mort instantanée par l’épée du toréro, et restera une seconde immobile sur ses pattes avant de tomber brutalement sur le flanc.
Je n’ai jamais plus assisté à une corrida. Je n’aime pas que l’on puisse jouer avec la souffrance et la mort. Mais j’ai eu par ailleurs l’occasion d’entrer dans un abattoir et je pense que si le taureau avait conscience, et le choix, il préfèrerait peut-être combattre dans l’arène avant de mourir.
Les protecteurs des animaux ont pleinement raison d’œuvrer pour que leur soit infligé le moins de souffrance possible. Mais nous sommes amenés à les tuer pour nous nourrir. Et dans le cas où nous cesserions de les tuer pour nous nourrir, nous serions obligés de les tuer (ou d’empêcher leur reproduction) pour nous défendre, qu’il s’agisse de moustiques ou de taureaux.
Illustrations : Picasso : « La mort du taureau » (1934) / Photomontage dont j'ignore l'auteur (oeuvre figurant dans une exposition consacrée à Denis Robert)
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Commentaires
L'homme joue, pas le taureau, animal innocent.
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Samedi 17 Août 2019 à 20:56
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3Souris doncSamedi 17 Août 2019 à 21:23Un de vos confrères est médecin ET torero. Il ne partage évidemment pas votre avis.
Ni Carmen (Toréador en garde ).
Moi, je trouve leur gestuelle stylée, mais leur tenue avec leurs bas de soie vaguement ridicule.
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Samedi 17 Août 2019 à 22:52
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Souris doncDimanche 18 Août 2019 à 09:52
Un autre de vos confrères milite au CRAC (où ne milite-t-il donc pas ? Omniprésent, il était à côté de François Hollande quand celui-ci a reçu une fiente de pigeon lors de la marche pour Charlie).
Ferait mieux de s'occuper de ses urgences à St-Antoine.
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Dimanche 18 Août 2019 à 10:12
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Dimanche 18 Août 2019 à 20:51
Je note avec étonnement que le CRAC "Comité Radicalement Anti-Corrida" (dont fait partie Amélie Nothomb: une raison suffisante pour devenir pro-corrida) s’appelle en fait "Comité Radicalement Anti-Corrida pour la Protection de l'Enfance"
cherche explication désespérément... à moins que la protection de l'enfance consiste en
- l’interdiction des écoles de tauromachie.
- l’interdiction de l’accès des mineurs lors des corridas.
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Dimanche 18 Août 2019 à 21:02
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4Souris doncLundi 19 Août 2019 à 09:17La chasse à courre, autre bête noire, comme la corrida ne représentent rien en termes d'animaux maltraités, mais ce sont des traditions qu'il convient d'éradiquer afin d'installer des idéologies bienpensantes totalitaires et une écologie punitive.
Du passé faisons table râââse. Avec bourratives subventions aux associations persécutrices.
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Lundi 19 Août 2019 à 11:13
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Souris doncLundi 19 Août 2019 à 16:10
Un "homme nouveau", blogueur de gauche, ne dit pas autre chose.
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Lundi 19 Août 2019 à 16:44
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Pour moi, ce qui m'agace le plus dans la corrida, c'est le statut (et la posture) de fier héros bravant le danger qu'obtient le toréador après une prestation qui, il faut bien le dire, comporte pour lui un risque extrêmement limité compte tenu du nombre de comparses qui se précipitent pour l'aider en cas de problème.
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Lundi 19 Août 2019 à 19:57
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Souris doncMardi 20 Août 2019 à 06:48
Et les bons sentiments ne préservent pas les militants anti-corrida, descendus dans l'arène aux cris de Corrida basta !, immédiatement chargés par le taureau ingrat et sauvés par les... matadors honnis.
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Mardi 20 Août 2019 à 09:27
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Mardi 20 Août 2019 à 11:05
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Mardi 20 Août 2019 à 11:13
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La mort n'est pas jeu ni la torture un art.
J'en suis bien d'accord. Mais la mort reste la mort dans un jeu ou dans un abattoir. Si différence il y a, c'est peut-être en faveur du jeu.