• 496. Belles et dangereuses

    Les plantes les plus toxiques d’Europe

    L’aconit est considéré comme la plante la plus toxique d’Europe. Elle est facilement reconnaissable grâce à ses fleurs bleues en forme de casque poussant en grappes.

    Toutes les parties de la plante contiennent des toxines agissant sur les canaux sodiques, ce qui entraîne une dépolarisation des nerfs moteurs et sensoriels. Les symptômes vont des paresthésies, douleurs et sécheresse buccale, en passant par des nausées, des vomissements et des vertiges jusqu’aux convulsions, troubles du rythme cardiaque, hypotension et dépression respiratoire. Comme il n’existe aucun antidote, le traitement est symptomatique (atropine).

     
    L'aconit fleurit de juin à septembre. Source : Wikimedia Commons/Bernd Haynold, CC BY 2.5

     

    Le vératre blanc, ou ellébore, est une plante ornementale ayant des feuilles ovales allongées et une inflorescence en grappes de petites fleurs blanches. Sa dangerosité est due à des toxines présentes dans toute la plante et ayant des effets semblables à ceux de l’aconit. Comme pour celle-ci, il n’y a aucun antidote et le traitement est symptomatique.

    photo of plantsLe vératre blanc fleurit de juillet à août. Source : Wikimedia Commons/Tigerente, CC BY 2.5

    Les solanacées : des soins intensifs nécessaires

    Les solanacées contiennent de l’atropine et de la scopolamine, pouvant provoquer un syndrome anticholinergique, avec rougeurs, hyperthermie, peau sèche et chaude, mydriase, tachycardie, confusion, agitation, troubles de l'équilibre, rétention urinaire, nausées, vomissements et convulsions. Toutes les parties de ces plantes sont toxiques.

    Les solanacées toxiques sont :

      • La belladone, dont les fruits noirs, brillants et ressemblant aux cerises ont un goût sucré et sont très toxiques. Chez les enfants, la consommation de trois à quatre fruits seulement peut entraîner le décès.
     
    photo of a plantLa belladone fleurit entre juin et août. Ses fruits mûrs s’observent à partir de juillet. Source : Wikimedia Commons / Till Reckert, CC BY-SA 3.0
     
    • La trompette des anges est cultivée comme plante ornementale. Ses fleurs, pendantes et solitaires, de couleur jaune ou blanche, parfois aussi orange ou rouge, ont une forme caractéristique de trompette, avec 5 pointes enroulées.
    photo of plantsLa trompette des anges fleurit de juin jusqu'au début de l'hiver. Elle est souvent cultivée en pot. Source : Wikimedia Commons/Claus Ableiter, CC BY-SA 3.0

    • Le datura a des feuilles dentées et longuement pétiolées, des fleurs blanches en forme de trompette avec des taches brunes et des fruits verts épineux caractéristiques. Ses fruits sont parfois confondus avec des marrons.
    photo of plantsLe datura fleurit de juin à septembre. Source : Wikimedia Commons/bdk, CC BY-SA 3.0
      • La jusquiame noire a des fleurs en forme de trompette, de couleur jaunâtre sale, avec des veines violettes. Elle pousse le long des chemins, sur les murs et les décombres.
     
    photo of plantsLa jusquiame noire fleurit de juin à septembre. Source : Wikimedia Commons/Chilepine, CC0

    Il existe un antidote commun à ces plantes, la physostigmine mais le recours aux soins intensifs peut s’avérer nécessaire.

    Les ciguës : aucun antidote à ce jour

    La ciguë aquatique a de grandes ombrelles blanches. Sa grosse racine tubéreuse peut être confondue avec le panais et dégage une odeur de céleri, ce qui augmente le risque de confusion. Ses toxines, présentes dans toute la plante, agissent comme des antagonistes du GABA (acide-aminobutyrique) sur le système nerveux central. Les symptômes possibles sont une sensation de brûlure dans la bouche, des nausées violentes, des vomissements répétés, des convulsions musculaires, une hyperthermie, une insuffisance rénale, une rhabdomyolyse, un coma et finalement le décès par paralysie respiratoire. Celui-ci survient dans un tiers des cas d’intoxication. Il n’y a aucun antidote. Le traitement comprend benzodiazépines et myorelaxants.

    photo of plantsLa ciguë aquatique fleurit de juillet à août. Source : Wikimedia Commons/Matti Virtala, CC0

     

    La ciguë maculée est célèbre pour avoir tué Socrate. Elle se distingue par ses tiges finement rainurées, semblant recouvertes de givre bleuâtre, ses feuilles finement divisées en trois segments et ses ombelles de fleurs blanches. Ses toxines sont des antagonistes des récepteurs nicotiniques de l’acétylcholine (comme le curare). Les symptômes de l’intoxication incluent des nausées, des douleurs abdominales, des vomissements, une paralysie ascendante partant des pieds jusqu'à la paralysie respiratoire, des convulsions et finalement le décès par suffocation en pleine conscience. Il n’existe pas d’antidote. Les patients doivent être pris en charge en soins intensifs.

    photo of plantsLa ciguë maculée fleurit de juin à septembre. Source : Wikimedia Commons/CC0

    Des graines et une beauté toxiques 

    Le colchique d’automne est facilement confondu avec le crocus : seules ses fleurs en forme de calice de couleur rose pâle sont visibles pendant la période de floraison. Toute la plante est toxique et même le lait des vaches qui en ont ingéré. Sa toxine, la colchicine, est utilisée dans le traitement des crises aiguës de goutte. Elle perturbe la mitose cellulaire, provoquant vomissements, diarrhées massives aqueuses et muqueuses, déshydratation, confusion, délire, troubles électrolytiques, paralysies, saignements, choc cardiogénique, voire défaillance cardiaque. Il n’y a pas d’antidote. Le patient est traité en soins intensifs.

    photo of plantsLe colchique d'automne fleurit d'août à septembre. Source : Wikimedia Commons/Frank Liebig, CC BY-SA 3.0 de

     

    Le ricin est une plante ornementale, également cultivée pour son huile. Seules ses graines sont toxiques, mais cinq à six suffisent à tuer un enfant (une vingtaine chez l’adulte). L’agent toxique, la ricine, détruit les ribosomes. Les symptômes apparaissent une journée après l’ingestion : vomissements, douleurs abdominales, diarrhées parfois sanglantes, parfois des convulsions, déshydratation, tachycardie, hypoglycémie et hypotension.

    photo of plantsLe ricin fleurit d'août à octobre. Source : Wikimedia Commons/Juan Carlos Fonseca Mata, CC BY-SA 4.0
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  • Commentaires

    1
    Mardi 24 Septembre à 19:30
    Pangloss

    Certaines plantes ne sont pas seulement dangereuses par ingestion. L'aconit par exemple.

    La pomme de terre et la tomate sont des solanacées. Certaines parties de la plante en sont toxiques.

      • Mardi 24 Septembre à 19:57

        Je vois que vous êtes un connaisseur.

    2
    Mardi 24 Septembre à 20:20
    Pangloss

    Mais je ne pratique pas.

      • Mardi 24 Septembre à 20:55

        Vous ne jardinez pas ou vous n'utilisez pas les plantes toxiques ?

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    3
    Mardi 24 Septembre à 20:28

    Je suppose que toutes ces plantes ont une utilité, pas seulement par les produits qu'on peut en tirer, mais aussi et surtout par leur rôle dans les écosystèmes ?

     

      • Mardi 24 Septembre à 21:04

        Ce qui est une conception finaliste de la nature. Il y a des formes de vie complètement inutiles voire nocives pour les autres formes de vie et peut-être que l'Homme en fait partie.

    4
    Mardi 24 Septembre à 20:35

    La nature n'est pas bonne, il faut se méfier non seulement de toutes les plantes dont vous parlez mais ne pas oublier les champignons qui peuvent eux aussi être carrément mortels !

    5
    Mardi 24 Septembre à 20:39

    J'aime beaucoup vote panthéon, le mien est à peu de chose près pareil !

      • Mardi 24 Septembre à 21:08

        Et bien j'en suis heureux.

    6
    Mardi 24 Septembre à 22:53

    Tout dans la nature a une utilité : Je crois que certains régimes politiques ( le soviétique et ses successeurs, notamment) ont trouvé une utilité sociale et politique à ces parias herbacés : faire disparaitre les opposants, de préférences dans des douleurs atroces. 

      • Mardi 24 Septembre à 23:10

        Les régimes politiques sont-ils naturels ? Dans la nature, chaque forme de vie tente de faire disparaître ce qui s'oppose à elle

    7
    Souris donc
    Mercredi 25 Septembre à 07:28

    L'ellébore était considéré comme remède contre la folie :

    Ma commère, il vous faut purger  Avec quatre grains [...] - Jean de La Fontaine...

    (Le lièvre et la tortue)

    Et les houngan (prêtres) vaudou ont la science des poisons qu'ils trouvent dans la nature. Ainsi les zombies sont des hommes à qui ils administrent un poison qui leur donne l'apparence de la mort. Cérémonie d'enterrement, pleurs des proches. Tout. Puis le houngan le "ressuscite". Et le mort-vivant devient un assujetti sans volonté propre mais en gardant son apparence antérieure, contrairement à l'image que le cinéma d'horreur en donne.

      • Souris donc
        Mercredi 25 Septembre à 08:43

        Accompagnée de l'attaché militaire de l'ambassade, je suis allée voir une cérémonie vaudou. Poto mitant (totem) décoré, prières en créole, puis le prêtre a fait venir un fidèle, il l'a mis en transes, puis a fait descendre un loa (dieu) dans sa peau.

        Le fidèle a tout de suite changé de voix et a transmis ordres et recommandations du loa. Les divinités sont nombreuses et chacune est affectée à une mission spécifique, récompensant ou punissant le mortel (comme toutes les religions).

        Le CNRS est allé s'informer sur ces poisons.

         

      • Mercredi 25 Septembre à 08:52

        Cela devait être impressionnant. Il peut être difficile de faire la différence entre charlatanerie et la réalité des effets des drogues.

      • Souris donc
        Mercredi 25 Septembre à 12:58

        Charlatanerie ? Zombie compère ? Je ne sais pas.

        Toujours est-il que les morts-vivants sont en état de catalepsie. Ils ne respirent pas et leur coeur cesse de battre. Donc on les enterre .Vraiment. Dans un cercueil et sous terre.

        Avant d'être ensuite "ranimés". 

      • Mercredi 25 Septembre à 13:35

        Au bout de 3 minutes sans oxygène le cerveau est mort.

    8
    Bernadette
    Mercredi 25 Septembre à 11:26

    Après toutes ces décennies ayant suivi la mémorisation de la fable de La Fontaine, je sais enfin à quoi ressemble l'ellébore. Je suppose que c'étaient les graines qui étaient utilisées pour traiter la folie ? 

      • Mercredi 25 Septembre à 13:44

        Toute la plante étant toxique, le fou risque de disparaître avec la folie.

    9
    Bernadette
    Mercredi 25 Septembre à 17:49

    Dans un sens, cela faisait disparaître la folie... Méthode radicale, je vous l'accorde.

    Mais c'est amusant de penser qu'à l'époque on pensait que la folie venait d'une sorte d'empoisonnement de l'organisme puisqu'on recommandait de le purger.

      • Mercredi 25 Septembre à 19:38

        On croyait même que la folie était liée à la présence d'une pierre dans la tête dont l'extraction permettait de la guérir.

      • Mercredi 25 Septembre à 19:48

        ...alors que tout le monde sait que c'est un petit vélo !

         

      • Mercredi 25 Septembre à 19:51

        Ou une araignée.

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