• 406. Trop d’information tue l’information

    Bien qu’étant à la retraite – et la coutume veut que l’on y ajoute : bien méritée, mais on ne mérite pas cette punition quand on est conduit à quitter un métier qui vous passionne – Donc, bien que n’exerçant plus, je reçois presque chaque jour et depuis près de deux ans des alertes DGS-Urgent (direction générale de la santé) et notamment celle du vendredi soir dont les praticiens se demandent ce qu’elle va contenir pour débuter la semaine suivante.

     Ces directives, recommandations et bonnes conduites quasi quotidiennes* tombent dans près d’un million de boîtes mail. Et ce ne sont pas des petits billets, mais des documents qui ont facilement plusieurs pages, mentionnant les références juridiques des décisions, ce qui n’empêche pas le manque de précision et les contradictions. On finit par ne plus les comprendre et par ne pas saisir le caractère urgent ou non de la communication. Bien sûr, j’en prend connaissance à une vitesse record cherchant une accroche qui pourrait m‘intéresser. Je conçois la réaction excédée de mes confrères en activité devant ce flot d’informations alors qu'ils ont autre chose à faire qu’à lire des poulets concoctés par des administratifs qui n’ont que ça à faire, et de lassitude ils finissent par ne plus les lire. "Nous, médecins, avons une activité assez importante. On voit bien que les gens qui sont à l’origine de ces DGS-Urgent sont des personnes qui passent la journée à se 'masturber l’esprit'. Elles ne se rendent pas compte des réalités de terrain : le généraliste n’a pas le temps pour lire !". Certains parlent même de « harcèlement et de « maltraitance numérique ». Compte tenu de l’évolution incertaine et changeante de l’épidémie, il est certain que la communication est nécessaire mais elle est compliquée, et il  n’est pas étonnant qu’une injonction nouvelle vienne contredire l’injonction précédente, qu’une nouvelle organisation rende obsolète l’organisation que l’on avait déjà eu du mal à mettre en place. Ces « DGS-Urgent » destinés à informer les praticiens pour des évènements critiques deviennent envahissants s’agissant d’une situation dont on ne voit pas la fin. La fluctuation obligée des directives me fait penser un peu à la désorganisation de l’armée française en 40 où l’estafette en moto était porteur d’un ordre et son passager sur la siège arrière était porteur du contre-ordre. Notre président ne nous a-t-il pas dit que nous étions en guerre ? * (Le 28 janvier j'en ai reçu 4 !)

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 27 Janvier 2022 à 15:51

    Je sais que mon généraliste s'en plaint et les "fou à la poubelle" comme il dit !

    Sans être médecin, nous autres simples retraités nous sommes harcelés aussi par des tas de trucs mirobolants, ma boîte spam est toujours pleine !

      • Jeudi 27 Janvier 2022 à 15:57

        Pas étonnant, on nous demande partout notre adresse mail.

    2
    Jeudi 27 Janvier 2022 à 19:17

    C'est ça la start-up nation. La bureaucratie d'avant et l'informatique de demain.

      • Jeudi 27 Janvier 2022 à 19:20

        La bureaucratie s'invite à présent à domicile.

    3
    Jeudi 27 Janvier 2022 à 19:45

    Je déplore aussi, dans les domaines qui m'intéressent, cette pléthore d'informations mais je tempère mon agacement pour la raison suivante : une information médicale, juridique ou technique à destination d'un professionnel donnée sans les tenants et les aboutissants n'a pas plus poids qu'une simple fake-news, finalement. 

    Et d'ailleurs, vous fonctionnez comme ça, peut-être sans vous en rendre compte. Quand de temps en temps un de vos commentateurs avancent une absurdité médicale, vous ne lui répondez jamais d'une façon péremptoire en utilisant un argument d'autorité ou l'ironie du sachant, mais vous prenez le temps de lui démontrer (parfois longuement) son erreur (en vain, je pense, mais ça c'est une autre affaire).

      • Jeudi 27 Janvier 2022 à 20:48

        L'argument d'autorité est un aveu d'échec (ou de prétention paresseuse). Raoult l'a beaucoup utilisé pour affirmer ce qu'il ne pouvait pas démontrer.

        ### Je le connaissais pas non plus. C'est grave ?

    4
    Vendredi 28 Janvier 2022 à 11:08

    Ils n'ont qu'à exercer à mi-temps : le matin les nouvelles consignes à apprendre par cœur, l'après-midi les consultations...

      • Vendredi 28 Janvier 2022 à 11:15

        C'est une idée... pour étendre les déserts médicaux.

    5
    Vendredi 28 Janvier 2022 à 11:20

    En même temps, comme on dit, dans une société de plus en plus procédurière, il suffirait d'une alerte non diffusée pour créer  un scandale : "Dans la classe de CM1 de mademoiselle Morin à la-Chapelle-Martin, trois enfants ont été simultanément pris de saignements de nez..." ( sarcastic ).

    Il n'est (pratiquement) que de voir les reproches faits aux alertes météos qui ne donnent ni l'heure exacte ni l'endroit précis de la chute de grêlons annoncée 

     

     

      • Vendredi 28 Janvier 2022 à 11:36

        Vous avez raison. Vous voyez, il devient de plus en plus difficile d'exercer une quelconque autorité. Je pense que dans l'avenir on ne trouvera pour exercer le pouvoir dans une démocratie que des gens de plus en plus médiocres (ce qui peut être également le cas dans les régimes autoritaires avec l'inconvénient de ne pas pouvoir dégommer la médiocrité). Pour ce qui concerne ce billet la multiplication des alertes aboutit à ne plus les entendre et l'essentiel n'est jamais mis brièvement en exergue.

      • Vendredi 28 Janvier 2022 à 11:57

         

        En même temps, est-ce que "les gens qui sont à l’origine de ces DGS-Urgent [et qui] sont des personnes qui passent la journée à se 'masturber l’esprit' représentent "une autorité quelconque", je ne saurais ni ne voudrais en juger !

         

         

      • Vendredi 28 Janvier 2022 à 12:07

        Oui, car la DGS émet des directives qui sont censées être suivies.

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