• 369. L’accélération au point mort

    L’accélération au point mortLa communication du gouvernement, quel qu'il soit, comporte des « éléments de langage », formules adoptées par le porte-parole et les ministres, et qu'ils devront répéter pour convaincre la population du bienfondé des décisions, pour vanter des actions ou masquer des insuffisances. Cette sémantique change avec les circonstances. Aujourd’hui, la circonstance dominante est, bien entendu, la pandémie responsable pour l’instant de plus de 90000 en France, ce qui n’est pas mal pour une « grippette ». Manifestement, le virus SARS-Co-2 n’a pas aimé le mépris que certains ont affiché à son égard lors de son émergence. Quoi qu’il en soit, il me semble que l’élément de langage gouvernemental qui revient le plus souvent dans les bouches ministérielles est : « la montée en puissance ». Formule astucieuse qui, par un tour de passe-passe sémantique, utilise le mot puissance pour traduire une situation de faiblesse. Nous avons eu la « montée en puissance » pour les tests de dépistage et nous avons à présent le « montée en puissance » pour la vaccination. Ce serait mesquin de ne pas reconnaitre que pour le dépistage comme pour la vaccination le nombre de personnes intéressées a aujourd’hui augmenté, mais parler de « puissance », c’est tout de même de la poudre aux yeux un peu irritante, et quand initialement la « montée en puissance » avait été fièrement annoncée, elle ressemblait plutôt à une accélération au point mort. La lenteur du démarrage de la vaccination ayant été présentée comme une stratégie dont on ne sait pas si la raison en était une impuissance ou une pusillanimité. Une faiblesse que l'on ne retrouve pas ailleurs : Le professeur Zeev Rotstein, directeur général de L'hôpital Hadassah de Jérusalem, ayant  décidé que les droits de patients étaient plus importants que celui du personnel à refuser la vaccination dans la mesure où "le public en état de vulnérabilité et de faiblesse doit être protégé". Il a donc mis 80 de ses personnels (qui ne répondaient à aucune des conditions dérogatoires), notamment des médecins et des infirmiers, en congé sans solde pour avoir refusé de se vacciner contre la Covid-19. Une décision qui aurait provoqué une révolution en France alors que la contamination va bon train à l'hôpital. Illustration : triomphe de la première vaccinée en France.

    « Erection branlanteCésar se noie dans le Rubi-con »

  • Commentaires

    1
    Samedi 13 Mars 2021 à 16:57

    Et pourtant...!

      • Samedi 13 Mars 2021 à 17:15

        Merci, ça me rappelle des souvenirs.

      • Souris donc
        Dimanche 14 Mars 2021 à 09:26

        La pythie vient en mangeant.

      • Dimanche 14 Mars 2021 à 09:33

        Des nourritures spirituelles.

    2
    Samedi 13 Mars 2021 à 20:48

    C'est pas le tout d'accélérer, encore faut-il avoir de l'essence dans le réservoir.

      • Samedi 13 Mars 2021 à 22:45

        Ou dans le frigo.

    3
    Dimanche 14 Mars 2021 à 08:02

    C'est peu dire que je partage la décision de ce responsable israélien. Permettre à des  complotistes niais, anti-vaccin, anti Big pharma, parfois même anti-masque, niant parfois l'existence même de Covid, permettre donc à ces gens de semer la mort chez de pauvres gens venus  à l'hôpital pour se soigner d'une autre maladie, dépasse mon entendement. 

    Pour ma part, j'aurais ajouté l'obligation de suivre une cure de déradicalisation et si refus, interdiction définitive d'exercer une activité en rapport avec la médecine ou la santé. smile

      • Dimanche 14 Mars 2021 à 09:04

        Je partage cette opinion radicale. Le choix de cette profession implique des obligations éthiques et celle de la raison scientifique.

        Je suppose que vous avez reçu la première dose du vaccin AZ et qu'elle a été bien supportée. Votre hésitation s'était exprimée sur votre blog.

      • Dimanche 14 Mars 2021 à 09:38

        Oui, j'ai préféré faire confiance l'Agence européenne des médicaments et à l'OMS plutôt qu'à la frileuse Norvège.  Il n'y a plus qu'à espérer qu'il y aura assez de doses dans quelques mois pour la 2e injection.

      • Dimanche 14 Mars 2021 à 09:44

        Il est logique de penser que la production de vaccins "montera en puissance".

    4
    Souris donc
    Dimanche 14 Mars 2021 à 09:00

    Les éléments de langage permettent l'identification immédiate du contexte idéologique du locuteur. Pratique. Exemple, la planète. Avant, on disait la terre ou le monde. La planète signe son écolo (ou son greenwashing : "c'est bon pour la planète". Malgré les interdits et les taxes, ça fait vendre).

    Chaque groupe social, chaque domaine d'expertise se doit de créer ses néologismes, comme naguère les argots . Présentiel. Ou lieu de dire "En raison du confinement, son spectacle est diffusé en direct sur YouTube", dire :"il est présentiel sur YouTube".

    La montée en puissance tourne à leur avantage les piètres "on n'a rien vu venir, mais on va se dépêcher de rattraper notre retard" (à dépister, à vacciner). Comme vous le dites si bien : "un astucieux tour de passe-passe sémantique".

      • Dimanche 14 Mars 2021 à 09:24

        Le langage étant le véhicule de la pensée, en changeant le langage on espère modifier la pensée de l'autre. C'est tout l'art de la communication.

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