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228. Les médicaments à intérêt psycho-social
Il existe des médicaments dont on sait qu’ils sont peu ou pas efficaces, mais qui continuent à être prescrits et même pour certains à être totalement remboursés par l’Assurance maladie.
Ils sont bien davantage que des placebos car leur prescription a une utilité psycho-sociale, et contrairement au placebo, ils peuvent avoir des effets secondaires.
Ce sont le plus souvent des médicaments utilisés dans les maladies dont l’évolution est toujours défavorable quoi que l’on fasse, du moins pour l’instant, ce qui est désespérant pour le malade, sa famille et le médecin.
Ces médicaments suscitent donc un faux espoir dont les gens ont besoin. Ne donner aucun traitement pour une maladie grave est un renoncement douloureux.
C’est ainsi que l’on sait que les quatre molécules habituellement prescrites dans la maladie d’Alzheimer ne sont guère efficaces (mais non dénuées d’effets secondaires). En 2011, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommandait déjà leur déremboursement. Xavier Bertrand, ministre de la santé de l’époque était passé outre cette recommandation sous l’influence de diverses pressions.
Récemment, la commission de la transparence chargée de l'évaluation des médicaments au sein de la HAS s'est prononcée à nouveau pour le déremboursement des quatre molécules après avoir « conclu à un intérêt médical insuffisant (...) pour justifier leur prise en charge par la solidarité nationale ».
Marisol Touraine est en passe de suivre l’exemple de Xavier Bertrand, car c’est curieusement la perspective d’un traitement, même inefficace, qui conduit l’Assurance maladie à prendre en charge l’affection.
Un hospitalier avait déclaré dans Le Monde en 2011 devant la possibilité du déremboursement : « Le danger d'une telle décision est d'ignorer que ce qui est fait pour ces malades repose avant tout sur la mise en route d'un traitement spécifique. Supprimer le traitement, c'est courir le risque de voir disparaître les effets positifs des trois plans Alzheimer » et pour une responsable de l’association France Alzheimer : « nous regrettons un petit peu ce qui s'annonce, car la perspective d'un médicament incite les personnes à consulter, à se faire diagnostiquer ».
Autrement dit : inciter à consulter en faisant miroiter un traitement alors que l’on a rien à proposer de sérieux, prescrire pour prescrire, faire semblant de traiter pour ne pas désespérer, donner n’importe quoi (ou peu s’en faut) afin que la maladie soit prise en charge et que les laboratoires continuent de fonctionner.
Marisol Touraine doit se dire que ce n’est pas le moment de faire des vagues.
Deux sites traitant du même sujet signalés par Aurélie Haroche dans le JIM.fr :
Christian Lehmann : http://enattendanth5n1.20minutes-blogs.fr/archive/2016/10/26/marisol-touraine-et-les-anti-alzheimer-l-incompetence-a-visa-932319.html
Et Jean-Daniel Flaysakier : https://www.docteurjd.com/2016/10/27/eteplirsen-myopathie-une-maladie-fatale-medicament-tres-cher-mal-teste-une-decision-de-mise-sur-le-marche-politique/
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Commentaires
Je ne comprends pas très bien : pourquoi les fabrique-t-on puisqu'il ne font pas de bien ?
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Dimanche 30 Octobre 2016 à 10:29
Au départ on pensait qu'ils seraient efficaces. Ils sont prescrits depuis plus de 20 ans (puisqu'il existe des génériques) et les études ultérieures ont montré qu'ils ne l'étaient pas. Nous n'avons aucun autre médicament à proposer pour la maladie d'Alzheimer, d'où le problème de leur déremboursement. Avoir un traitement spécifique pour une maladie est important aux yeux des familles et pour la prise en charge. Cela parait absurde.
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3Souris doncDimanche 30 Octobre 2016 à 10:30Dans le genre intérêt psycho-social, on a aussi :
http://didiergouxbis.blogspot.fr/2016/10/je-fume-dune-main-et-vous-emmerde-de.html
Et les remèdes de bonne femme, le rebouteux, et diverses modes, notamment les huiles essentielles. Le jour où votre ado fait une crise de convulsions parce qu'elle a un peu forcé la dose, ça la guérit. Des huiles essentielles. D'ailleurs, il y a une grande chasse aux produits toxiques, dont les huiles essentielles en spray, le CO2, la cheminée, dans l'intérieur des maisons. L'Assemblée Nationale a pondu 50 pages de normes pour que nous ayons des intérieurs sains. 50 pages de normes, pas un là dedans n'a pensé à préconiser d'ouvrir les fenêtres pour aérer. Non, 50 pages de normes. Pour montrer toute l'étendue de la sollicitude de l'élu envers le pauvre imbécile dans sa maison.
Mais je m'égare.
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Souris doncDimanche 30 Octobre 2016 à 10:46
Outre la normalisation de l'air dans nos maisons, il y a aussi 80 pages sur la saucisse dans les cantines, taille de la saucisse, poids, nombre de saucisses à servir selon l'âge de l'enfant...ou de la saucisse.
C'est dans Ubu-Loi.
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Dimanche 30 Octobre 2016 à 11:22
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Mon commentaire a disparu. J'ai dû faire une fausse manoeuvre. Je me disais qu'un "bon" placebo ferait l'affaire. Et -pourquoi pas- un placebo qui serait "bon pour la santé" (des vitamines par exemple).
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Dimanche 30 Octobre 2016 à 14:14
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Si je comprends bien, en matière de déremboursement, le motif "intérêt médical insuffisant" vient quand même en troisième position loin derrière "Poison à enlever du marché" et " Pure placebo, ne sert strictement à rien" .
La formule me dit quelque chose :Il y a longtemps déjà, les gélules d'huile de "poissons des mers froides" avaient été déremboursées pour "intérêt médical insuffisant", à la grande colère de mon père qui affirmait qu'elles avaient fait baisser de façon spectaculaire son taux de triglycéride.
Là est la difficulté. Quand un patient tient à un médicament, lui affirmer qu'il est inefficace et lui demander de le payer de sa poche soulèvent protestations et réprobations.