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Le paradoxe féministe
Ce matin, sur France Inter, j’ai entendu un journaliste remarquer et regretter qu’il y ait plus d’hommes que de femmes récompensés par les prix littéraires, voyant là une manifestation machiste liée peut-être à la composition des jurys littéraires (ce qui n’est pas impossible).
N’ayant lu aucun des livres en compétition pour ces prix, je ne suis pas à même de juger si ce sont les meilleurs qui furent récompensés ou si des femmes ont été écartées au profit des hommes. Mais je suis pratiquement certain que le journaliste de France Inter est dans le même cas que moi, et il rejette donc arbitrairement les écrivains à leur sexe et non à leur talent. Dans cette perspective, il ne reste donc plus que d’assurer la parité entre les hommes et les femmes, sous peine d’amendes, pour ce qui concerne les prix littéraires, artistiques, et pourquoi pas l’attribution des prix Nobel, et il est étonnant que les Suédois ne l’aient pas déjà fait étant assez portés sur l’application des études du genre.
Le mouvement féministe est hétérogène et sa démarche en devient contradictoire en défendant des thèses opposées.
Une partie des féministes (qui ne manquait pas d’alliés dans l’Education nationale) veut abolir le sexe à la suite de l’Américaine Judith Butler qui le considère comme une « présupposition biologique ». Selon les études sur le genre, c’est la différence entre les sexes, « l’hétérosexisme », qui conduit à l’inégalité et à la domination masculine. Il faut donc faire disparaître le sexe biologique au profit du sexe social et distinguer sexe et genre sans que l’un soit accolé à l’autre par l’éducation, celle-ci imposerait un stéréotype à chaque sexe biologique sans permettre à chacun la liberté de l’adopter ou non. Le sexe biologique ne signifiant plus rien, il serait souhaitable selon certains ou plutôt certaines, de ne pas le préciser sur les papiers d’identité et il serait nécessaire de ne plus structurer l’humanité en hommes et femmes (tiré d’un article de ce blog : « Le mauvais genre du sexe »).
Inutile de dire qu’en tant que médecin cette abolition du sexe me semble purement idéologique. Mis à part les cas pathologiques, plutôt rares, liés à des aberrations du développement embryonnaire, à des anomalies génétiques ou endocriniennes, le sexe est bien déterminé en dehors de toute influence de la société. Il est marqué au fer rouge dans chacune de nos cellules, si bien que la biologie et les maladies avec l’impact de leurs traitements dépendent du sexe biologique et se moquent du genre choisi. Les médecins en tiennent compte chaque jour pour le diagnostic et les soins...Et les maternités aussi.
Ajoutons que dans cette perspective féministe radicale, si l’on fait disparaître « l’hétérosexisme », il n’y aucune raison de privilégier un « présupposé biologique » plutôt qu’un autre. Ce qui amènerait logiquement à ne pas faire de distinction lors des épreuves sportives (sauf, par prudence, en cas de grossesse).
A l’opposé de cette conception nihiliste du sexe, la plupart des féministes se revendiquent en tant que femmes (je suis de tout cœur avec elles) et réclament la parité dans tous les domaines justement au nom de leur « présupposé biologique ». Mais faut-il juger un talent en fonction du sexe ? On se retrouve devant le problème des quotas qui favorisent arbitrairement une catégorie de la population pour pallier la domination historique d’une autre catégorie. Les gens ne sont plus jugés sur ce qu’ils font, c’est à dire leurs capacités, mais sur ce qu’ils sont dans leur être. Récompenser une femme parce qu’elle est femme est aussi injuste que de récompenser un homme parce qu’il est homme.
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Commentaires
"... il ne reste donc plus que d’assurer la parité entre les hommes et les femmes, sous peine d’amendes, pour ce qui concerne les prix littéraires, artistiques, et pourquoi pas l’attribution des prix Nobel..."
C'est une bonne idée mais qui ne fera que déplacer le problème: on ressent dans cette proposition un certain parti-pris en faveur des hétérosexuels... qu'en sera-t-il alors des "L", des"G", des "B" et des "T" de tous les sexes ?
Hein ?
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Samedi 11 Novembre 2017 à 16:59
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Je me demande si finalement, les soviétiques n'étaient pas des précurseurs. Les femmes exerçaient les mêmes métiers que les hommes, y compris au fond des mines, pour casser des cailloux, construire des routes, fondre l'acier, etc, etc.... tout ça dans une stricte égalité ! Le rêve pour nos féministes ?
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Samedi 11 Novembre 2017 à 18:04
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En abolissant la détermination par le sexe, on va finir par opérer des adénomes de la prostate chez des personnes de genre féminin.
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Samedi 11 Novembre 2017 à 18:48
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5semaphoreSamedi 11 Novembre 2017 à 19:27Y-a-t-il seulement le même nombre de femmes écrivains que celui des hommes ???
A noter que cela revient à dire d'une autre façon (ce regret de différence de nombre) que les capacités des deux sexes sont supposées strictement égales statistiquement...
Quant à ce reproche de différences de récompenses entre les sexes, il devient récurrent à chaque distribution de prix littéraires ou autres...
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Samedi 11 Novembre 2017 à 19:36
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6semaphoreSamedi 11 Novembre 2017 à 19:30Il (le sexe) est marqué au fer rouge dans chacune de nos cellules.
N'y avait-il pas besoin de recourir à cette caractéristique pour déterminer/vérifier le véritable sexe de certaines nageuses de la feue RDA aux jeux Olympiques, faute de plus simple ???
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Samedi 11 Novembre 2017 à 19:45
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7Souris doncDimanche 12 Novembre 2017 à 11:47Ils/elles feraient bien de faire profil bas avec leurs idéologies, leurs revendications et leurs quotas, déjà que le roman français est si mauvais qu'on n'arrive pas à lire plus de 10 pages sans que le livre vous tombe des mains.
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Dimanche 12 Novembre 2017 à 12:11
Il y a quelques bons romans comme (à mon avis et ma vision est très très partielle) "Le grand Paris" d'Aurélien Belanger ou le roman éternellement recommencé de Modiano ou ceux de Philippe Claudel ou "la 7ème fonction du langage" de Laurent Binet...Mais il est vrai aussi que la majorité des romans français (et notamment féminins, je vais être accusé de machisme) sont nombrilistes (à l'exception du "Vernon Sobutex" de Virginie Despentes).
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Souris doncDimanche 12 Novembre 2017 à 15:04
Binet : ce n'est plus du roman, mais de la docufiction. Le jour du Bataclan, j'avais fait une recension de la "7ème Fonction du Langage" et de "Soumission". Les 163 commentaires bien sûr partent rapidement sur les attentats.
https://antidoxe.wordpress.com/2015/11/13/faut-il-lui-clouellebecq/
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Dimanche 12 Novembre 2017 à 15:22
Excellent article. Je n'ai pas lu "Soumission". Il est vrai qu'après avoir lu les premiers H, j'ai cessé de les lire car je m'y ennuyais. Par contre, comme vous, je me suis beaucoup amusé avec "la 7ème fonction du langage", des docufictions comme ça, on en redemande, et c'est tout de même un roman avec des personnages réels et je m'étonne que l'auteur n'ait pas été assigné en justice en particulier par celui qui a perdu ses attributs dans l'affaire..
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Et c'est comme cela, que sans talent des féministes seront récompensées et leurs "livres" encombreront les rayonnages des libraires!
On marche sur la tête !
Il y a tout de même des féministes qui ont du talent et dont les livres méritent de figurer dans une bibliothèque.