• Langage élémentaire

     

    J'aime beaucoup (je ne suis pas le seul) l'expression : « éléments de langage » qui a un touchant petit côté d’école maternelle. On voit très bien le maître des politiciens dire : « et tous ensemble, répétez après moi, et je ne veux entendre qu'une seule voix ! ».

    Alors on les entend tous ânonner dans le poste sans image, dans le poste avec image, dans les papiers à encre, sur les réseaux à pensées squelettiques, les mêmes âneries avec, dans leurs yeux tristes de chien battu et dans leur voix qui s'étrangle, la nette sensation qu'ils dégorgent ces éléments élémentaires pour faire plaisir au maître, pour faire comme les autres, pour conserver leur maroquin et leur circonscription, mais sans y croire vraiment. Car ce sont des gens qui, pour la plupart, ont fait de longues études et sont en possession de beaux diplômes, il arrive donc aussi qu'ils réfléchissent par eux-mêmes, mais ils savent que c'est plutôt mal vu en haut lieu, surtout si cette réflexion conduit à s'exprimer tout seul en sortant du langage élémentaire tracé par leur maître et une brochette grillée de conseillers et de communicants.

    Mr Copé croyait-il vraiment que de dire que le nombre de votants à la primaire socialiste était minable par rapport à la population française (et pourquoi pas mondiale) aurait un impact quelconque ? Sinon celui de le rendre ridicule, d'autant plus qu'il est bien possible que cet élément démographique soit de son propre cru (comme quoi les initiatives peuvent s'avérer dangereuses).

    Et l’on sent poindre un autre élément de langage de la majorité : dire que ce qui va arriver dès à présent sur le plan économique, comme la dégradation éventuelle de la note de la France par les agences de notation,  sera de la responsabilité de François Hollande, dont l'élection comme candidat socialiste aux prochaines présidentielles bouleverse et effraie le monde, alors que celui-ci voit en Sarkozy le seul sauveur possible de l'équilibre universel après avoir tenu à bout de bras et avec les dents  l'économie française pendant quatre ans. Elémentaire, mon cher Watson !

     

    Dessin-CE-du-19.10.11.JPG

     

    Dessin paru dans le Canard Enchaîné du 19/10/11

    « Musée de la Vie romantiqueUn amour impossible »

  • Commentaires

    1
    Mercredi 19 Octobre 2011 à 17:16
    Sommes nous en train de nous noyer pour de bon ? Pangloss stocke des lentilles, personne ne voit vraiment Hollande en tant que président, Sarkozy aurait pu y arriver, mais il a raté le coche. Quand aux députés ou ministres vous avez mille fois raison ! Chevénement a dit < Un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne >, c'est ce qu'il à fait !
    Nettoue
    2
    Mercredi 19 Octobre 2011 à 17:45
    Certes, ils ont fait de bonnes études mais ils pensent que le peuple (vous savez bien, la "France de tout en bas") ne possède qu'un vocabulaire restreint et le QI qui va avec, tout juste bons à briller dans une émission de télé-réalité.
    Pour l'argument de Copé, je serais plus modéré: les deux millions et quelques ne sont pas grand chose par rapport au "peuple de gauche" qui se révélerait un champion de l'abstention.
    3
    Mercredi 19 Octobre 2011 à 18:58

    En tout cas on se noie dans la sémantique.

    4
    Mercredi 19 Octobre 2011 à 19:04

    Ce n'était tout de même pas une élection présidentielle. Le PS ne pouvait pas espérer déplacer tous ceux qui votent à gauche dans les élections officielles. Ce sont les très motivés qui se sont déplacés. Parler d'échec pour ces primaires est franchement risible.

    5
    Mercredi 19 Octobre 2011 à 21:30
    Je partage votre opinion à propos des primaires ... le Copé et ses petits copains et copines n'a pas manqué de se ridiculiser. Je ne pensais pas qu'il y aurait autant de participants à ces élections.
    6
    Mercredi 19 Octobre 2011 à 22:22
    Le dessin du canard est franchement excellent. Ton billet aussi d'ailleurs et au fil de sa lecture je pensais à l'un de mes patrons avec qui j'ai travaillé pendant 14 ans...... et oui avec mon caractère franc ... je ne faisais pas dans la dentelle, j'avais vite fais de dire ce que je pensais de tel ou tel stratégie du groupe: "Anne Marie, surtout pas de vagues, restez dans le rang...." Bonne soirée DOC - ZAZA
    7
    Mercredi 19 Octobre 2011 à 22:42
    Et le "maître" après peut toujours dire qu'il a été mal compris ou mal interprété et se moquer de ceux qui ont répéter sa parole en les traitant d'ânes bâtés.

    Mais là, il faut dire qu'il se sont surpassés!
    8
    Mercredi 19 Octobre 2011 à 22:48

    En fait ces primaires étaient un pari risqué.

    9
    Mercredi 19 Octobre 2011 à 22:51

    L'Etat n'est qu'une vaste entreprise.

    10
    Mercredi 19 Octobre 2011 à 22:52

    Il y a toujours des fusibles prêts à sauter.

    11
    Jeudi 20 Octobre 2011 à 06:53
    La langue Française est machiavélique !!!! dans la même phrase on peut dire blanc et son contraire , employer des métaphores , bref surtout tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de parler , mais nos politiciens ne savent plus !!!
    12
    Jeudi 20 Octobre 2011 à 13:55
    Bien vu. Les "argumentaires" ont toujours existé dans les partis politiques, pour donner aux responsables et aux militants des éléments de réponses aux questions prévisibles .
    Mais aujourd'hui, l'argument a disparu au profit de "l'élément de langage", phrase creuse destinée à être ânonnée.
    13
    Jeudi 20 Octobre 2011 à 14:46

    Ou ils la tourne toujours dans le même sens.

    PS Par le retour je tombe sur "ce blog n'existe pas". Vous avez des ennemis ?

    14
    Jeudi 20 Octobre 2011 à 14:51

    C'est plus qu'un glissement sémantique, c'est un appauvrissement du langage où les mots martelés remplacent la démonstration.

    15
    Jeudi 20 Octobre 2011 à 15:00
    Je les ai trouvés désolants de petitesse et de bêtise ! Cela aurait même pu être drôle sauf que cela fait bientôt 5 ans que ces guignols sévissent et là...je ne ris plus du tout !
    16
    Jeudi 20 Octobre 2011 à 16:59

    Malgré les "éléments de langage", une réaction en ordre dispersé à ces primaires dont ils espéraient, bien sûr, l'échec.

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