• La gauche n’est plus ce qu’elle était

     

    J’ai connu l’époque où le parti communiste recueillait au moins 20% des suffrages à chaque élection. Il entraînait dans son sillage la plupart des intellectuels de gros calibre dont l’aveuglement fut pitoyable vis à vis de l’Union soviétique ou du maoïsme, ce qui me fait douter du jugement des survivants lorsqu’ils prétendent donner des leçons. Mais on pouvait comprendre la sincérité du prolétariat rêvant d’un paradis socialiste qui s’était pourtant révélé d’emblée comme un cauchemar, habilement masqué par une propagande bien faite et les mensonges des dirigeants. L’étonnant est que des gens cultivés en rêvent encore la nuit debout.

    Les catégories sociales que la gauche défendait ont fondu : le profil de l’économie change, les usines ferment, se délocalisent, le prolétariat s’est en partie transporté sous d’autres cieux. Les classes pauvres votent de moins en moins pour la gauche à qui il reste les descendants d’immigrés, ce qui pousse justement les démunis « de souche » à voter ailleurs.

    C’est qu’il faut avoir les moyens pour être de gauche ou « progressistes » ou écologistes. De quoi vivent les « zadistes » ? Les participants à « Nuit debout » passaient des heures à discuter place de la République, même la journée. Pour celui qui travaille cela ne devait pas être facile, à moins de ne pas travailler ou peu ou d’être entretenu.

    La gauche ne défend plus des gens, sauf de façon ponctuelle lorsqu’ils sont menacés de licenciement. Elle ne défend plus le peuple mais des idées transmutées en valeurs affirmées comme universelles. Mais dont le bon peuple se fiche un peu ; en HLM, et souvent au chômage, il a d’autres problèmes.

    Curieusement ces idées elles-mêmes sont contradictoires.

    D’un côté les « progressistes » luttent pour abolir les différences corporelles :

    D’abord, entre les sexes. Le sexe biologique étant un « présupposé », le choix du sexe va de soi. Ce qui tend à supprimer une valeur qui, pour une fois, paraissait solide.

    Ensuite, entre les orientations sexuelles, ce qui me semble plus sensé.

    Enfin, entre les caractères morphologiques distinctifs des individus, comme on l’a vu récemment où un noir (ce qui n’a, bon dieu, rien de péjoratif) est devenu un « individu à la peau de couleur noire », précaution oratoire finalement méprisante.

    D’un autre côté les intellectuels qui se disent de gauche défendent les différences idéologiques et de moeurs :

    La diversité enrichissante, le multiculturalisme, le communautarisme, les vêtements distinctifs recouvrant le corps honteux des femmes. Et toujours dans le paradoxe, ils défendent l’islam au nom des droits de l’homme et de la femme, alors que cette religion en est la négation.

    « Liaison amoureuseNous nous ouvrons au monde »

  • Commentaires

    1
    Lundi 24 Octobre 2016 à 18:44

    La gauche a toujours été une catastrophe pour les pays qui ont eu la sottise de leur donner du pouvoir!

      • Lundi 24 Octobre 2016 à 19:01

        C'est moins simple que ça. Ne parlons pas de l'extrême gauche, mais les partis classés à gauche ont obtenu, surtout dans le passé, des avantages sociaux dont nous avons tous bénéficié : l'abolition du travail des enfants, réduction du temps de travail, congés payés etc...le plus souvent contre les partis classés à droite.

    2
    Lundi 24 Octobre 2016 à 19:00

    Je ne suis pas loin de penser comme Livia. Les idées généreuses sont devenues des bons sentiments, l'espoir d'un avenir meilleur s'est transformé en défense des avantages acquis. Il ne reste que le pire: créer l'homme nouveau.

      • Lundi 24 Octobre 2016 à 19:10

        Comme le suggère ma réponse à son commentaire, je trouve son affirmation trop radicale : dans le passé la gauche a été utile mais comme je le dis dans mon billet : la gauche n'est plus ce qu'elle était. Restons objectif, les "avantages" ont été acquis le plus souvent grâce à la gauche. Le problème est de savoir si on peut les maintenir tels quels ou non en raison de la situation économique et du nombre de chômeurs

    3
    Lundi 24 Octobre 2016 à 19:38

    L'idéologie de la gauche qui se soucie des travailleurs (en réalité des salariés par opposition aux patrons) a fait de ces avantages des privilèges. Quelle différence entre un salarié d'EDF et un ouvrier agricole! Pour ne pas parler de la différence entre ce même électricien et un artisan qui est à son compte. Je le vois tous les jours avec ceux qui travaillent chez moi. L'un d'eux a un genou enflé et ne va pas voir le médecin car il n'a pas le temps de passer une demi-journée dans sa salle d'attente et perdre ainsi une demi-journée de revenu.

    Vous connaissez mieux que moi la condition des médecins libéraux qui, pour certains, ont déjà fait leurs trente-cinq heures hebdomadaires le mardi soir. Mais ils ne sont pas salariés, ce ne sont donc pas des travailleurs au sens où la gauche l'entend. Et, si ce ne sont pas des travailleurs, ce sont des privilégiés.

      • Lundi 24 Octobre 2016 à 19:53

        Je ne peux qu'être d'accord avec vous. La défense actuelle de certains privilèges tient plus de l'injustice que du social. Mais dire que chaque fois que la gauche a été au pouvoir ce fut une catastrophe me parait excessif.

    4
    Lundi 24 Octobre 2016 à 20:19

    Ils ont fait quelques petites transformation, mais tout le monde n'en a pas profiter...

    Par contre pour ce qui concerne les idées, ils ont toujours voulu (et continuent) imposer les leurs, jamais de gré mais de force!

      • Lundi 24 Octobre 2016 à 20:33

        Chaque parti cherche à imposer ses idées. Les députés sont là pour les voter ou non, et nous sommes là pour les élire ou non.

    5
    Lundi 24 Octobre 2016 à 20:34

    Je partage le constat. Je crois que la gauche telle qu'elle est aujourd'hui est condamnée à disparaître puisque le monde tel qu'elle l'imagine et le souhaite ( industrialisé, salarié, productiviste, individualiste, angélique et donneuse de leçon à la fois) est en train de disparaître.

    Mais une autre lui succédera, n'en doutons pas. Reste à savoir à quoi elle ressemblera.

      • Lundi 24 Octobre 2016 à 20:48

        Le marxisme né dans une société qui n'a plus rien à voir avec la nôtre reste un boulet dont la gauche n'est pas près de se débarrasser.

    6
    Sémaphore
    Lundi 24 Octobre 2016 à 21:23
    Sémaphore
    L' utopie reste toujours plus belle et désirable que la triste réalité... Une actuelle est de croire qu'en se frappant la poitrine au nom d'un repentir des actions passées de nos aïeux, le Coeur des tenants de la r a t p que nous subissons plus ou moins volontairement, en sera automatiquement attendri. Eux sont d' ailleurs automatiquement supposés n' avoir eu que des aïeux irréprochables...
      • Lundi 24 Octobre 2016 à 22:54

        En matière d'histoire la culpabilisation pour des faits perpétrés par nos ancêtres n'a aucun sens.

         "L'heure du  crime ne sonne pas en même temps pour tous les peuples.

        Ainsi s'explique la permanence de l'histoire"

        E.M. CIORAN, Syllogismes de l'amertume

    7
    Souris donc
    Lundi 24 Octobre 2016 à 22:19

    La gauche continue de penser que la radicalisation islamique s'explique par les inégalités. Elle qui brandit les Valeurs de la République à chaque occasion, même la plus futile, ne lève jamais l'étendard quand il s'agit de l'importation massive de populations hostiles aux valeurs occidentales.

      • Lundi 24 Octobre 2016 à 23:00

        En France l'égalité existe en droit et chacun est responsable de ses actes. L'agressé n'est pas responsable des actes de l'agresseur.

        Les valeurs occidentales servent à tolérer ceux qui ne les respectent pas mais qui s'en servent.

      • Souris donc
        Mardi 25 Octobre 2016 à 08:10

        Et à ostraciser les catégories modestes précarisées qui se plaignent d'insécurité sociale et culturelle en se raccrochant à des repères parfois dérisoires (affaire des crèches). A quoi la résistance de salon s'organise :

         « No pasaran » devient le cri de ralliement des classes dominantes. […] L’antifascisme confère une supériorité morale à des élites délégitimées en réduisant toute critique des effets de la mondialisation à une dérive fasciste ou raciste.

        Guilluy, p. 173 Le Crépuscule de la France d'en Haut, Flammarion, sept 2016.

         

      • Mardi 25 Octobre 2016 à 09:02

        Utiliser ce genre d'arguments est à double tranchant, car si l'on dit au démuni que réclamer justice c'est du fascisme, il peut finir par se dire : va pour le fascisme.

      • Souris donc
        Mardi 25 Octobre 2016 à 09:24

        D'où les attitudes ambigües à l'égard du FN. Qu'on fait monter sans vergogne dans l'espoir d'une configuration FNPS à la présidentielle, en appeler au front républicain et rafler la mise. perspective qui s'éloigne depuis que Hollande a cramé le PS avec ses confidences malencontreuses.

        La surmédiatisation du FN sert d'épouvantail pour culpabiliser les milieux populaires lorsqu'ils se rebiffent à l'idée de la mondialisation et de ses effets pervers (c'est à eux d'intégrer au quotidien, jamais aux donneurs de leçon, bien à l'abri et ayant les réseaux leur permettant les conduites d'évitement).

        Un culot monstrueux, de la part des élites politiques, médiatiques et universitaires, qui n'illusionne plus.

        Va pour le fascisme.

      • Mardi 25 Octobre 2016 à 09:33

        Petite anecdote : pour un problème mineur j'avais écrit il y a pas mal d'années au maire socialiste de mon arrondissement. L'essentiel de la réponse fut : critiquer les politiques de cette façon, c'est faire le jeu du FN. J'ai pensé à l'époque que répondre de cette façon, c'est aussi faire son jeu.

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