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La fable des étiquettes
Edward Munch : "Autoportrait avec cigarette allumée"
Certains en France semble séduits par l’initiative australienne de rendre quasi invisibles les marques de cigarettes sur les paquets en uniformisant leur présentation, évitant ainsi le clinquant jugé attractif pour les jeunes consommateurs. Des penseurs (il y a des gens dont la profession est de penser) trouvèrent que cette idée pouvait être étendue à d’autres produits de consommation et notamment aux produits politiques.
Après un débat national fort mouvementé, il fut décidé de supprimer les étiquettes sur les hommes politiques à vendre. Les opposants hurlèrent que cette décision, pourtant entérinée par un référendum d’initiative populaire, était antidémocratique puisqu’elle aboutissait à la suppression des partis.
Pourtant à l’usage les politiques eux-mêmes y trouvèrent quelques avantages. Le financement des élections fut versé de façon égale et directement à chaque candidat (somme remboursée si un minimum de voix n’était pas acquis en tenant compte de la situation financière de chacun), sans aucune source extérieure, fortune personnelle, apport des entreprises ou de gens fortunés qui espéraient auparavant tirer un bénéfice de leur générosité.
La conséquence fut que les candidats ne dirent que ce qu’ils pensaient sans obéir aux directives d’un parti et une fois élus ils votèrent les lois en leur âme et conscience sans subir les pressions pour voter contre leur propre opinion. Afin de renforcer leur indépendance et ne songer qu’au bien commun, ils devaient affronter le suffrage universel à chaque fois dans une région différente, ce qui constituait également un frein au cumul des mandats.
Le niveau des candidats s’éleva peu à peu car dire ce que l’on pense implique que l’on pense quelque chose. Le débat entre politiciens devint intéressant par la confrontation des idées et des arguments avec la disparition des argumentaires établis par d’autres et on fut surpris par le nombre de fois où ils tombèrent d’accord sur les solutions à adopter.
Le chef du gouvernement élu par des députés indépendants finit par choisir des gens de talent plutôt que des gens obéissants et qui n’obéissaient naguère que pour être élus sous l’étiquette d’un parti ou pour satisfaire les intérêts d’une circonscription.
Et c’est ainsi que la politique sans étiquette fit un tabac et j’ajoute pour ceux qui ont un doute sur ma lucidité en lisant cette fable que je n’ai pas fumé la moquette avant de l’écrire.
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Commentaires
C'est une excellente fable Doc... Chapeau bas. Bonne soirée. ZAZAExcellent ! Il faut dire qu'à Paris, vous êtes servis ... !Les deux mon commandant ! Paris permet à certains d'être casés sans difficulté. Peut-être qu'un jour, on supprimera les élections dans certains arrondissements ...Au départ j'ai trouvé votre projet un peu fumant, peur de me faire rouler, de ne pas avoir le bon filtre. Puis je me suis consummée d'admiration, devant votre art de ne pas megoter ;-) Aller je tire mon chapeau avant de retourner au taff, esparant qu'il restera de votre idée plus que des cendres !Comme par ailleurs ils étaient tenus d'habiter au centre de leur circonscription et d'envoyer leurs enfants dans les écoles les plus proches, les problèmes d'intégration, de sécurité et d'éducation ont été résolus comme par enchantement.A défaut d'une solution si radicale, on pourrait s'inspirer du système actuel et obliger, par exemple, Le Pen et Besancenot à indiquer sur leur affiches "Voter pour lui tue" ou pour Frederick lefebvre "Voter pour cet homme endommage gravement son système nerveux", et...Un système utopique peut toujours être amélioré. Le problème est toujours son application.
Dr WO
Idée intéressante. Et comme sur les emballages alimentaires la composition du produit, c'est à dire ce qui est exactement proposé en cas de consommation.
Dr WO
17leonieLundi 7 Janvier 2013 à 16:15Quelle imagination! :) vous être sûr de n'avoir pas fumé le pétard?18leonieLundi 7 Janvier 2013 à 16:15C'est vrai, vous avez raison vous n'en n'avez pas besoin et puis les enfants aimentles fables, nous apprécions la votre, nous sommes donc des des grands enfants juste pour un court instant, la réalité étant autre.
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Et j'aime bien le tableau qui accompagne cette fable.