• Je lis en toi comme dans un livre

    Je lis en toi comme dans un livre

    Dans le journal américain Science est parue en Octobre 2013 une étude de deux psychologues sur l’influence de la lecture sur la perception sociale, le degré d’empathie et l’intelligence émotionnelle. Les tests ont été effectués immédiatement après la lecture d’extraits d’œuvres littéraires soit de fiction, soit « sérieuses ». Il s’avère, selon cette étude, que seule la fiction (et plus particulièrement celle des auteurs russes du XIXème siècle et des auteurs contemporains les plus prestigieux) renforce temporairement la capacité à imaginer et à comprendre l’état mental d’autrui. L’intelligence émotionnelle étant évaluée par la capacité à deviner les émotions traduites par des yeux photographiés.

    La lecture de la littérature de fiction, qui décrit les relations entre individus et les émotions, constituerait donc une sorte d’entraînement pour augmenter le niveau d’empathie et de compréhension des relations sociales. Il est vrai que la lecture d’un livre de comptabilité ne prépare pas à percevoir les émotions d’autrui, sauf si l’on y constate les preuves d’une faillite ou de malversations.

    Pourtant je me pose la question : le cinéma et la télévision, dont les images sont regardées de façon quotidienne et par l’immense majorité d’entre nous, délivrent des flots de fiction qui, si elle n’a pas toujours la qualité de celle écrite par les grands auteurs, devrait augmenter chez tous le niveau de compréhension de l’autre. Or je me demande si ce n’est pas l’inverse. La profusion des émotions qui se déversent sur les écrans finit peut-être par nous anesthésier et par lever en nous une défense, une protection contre ce déferlement émotionnel. Mauvais entraînement qui pourrait nous rendre moins sensible à autrui, comme le surentraînement d’un athlète finit par diminuer ses performances.

    Mais peut-être que ce que l’on voit est-il différent de ce que l’on imagine. Le roman ne suscite que l’imagination, c'est-à-dire la construction personnelle d’un monde qui nécessite un effort, alors que l’image est reçue de façon passive.

    Magritte : « La lectrice soumise »

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  • Commentaires

    1
    Mardi 19 Novembre 2013 à 13:28

    Je vous rejoins totalement dans votre analyse, et je n'aime pas regardé un film tiré d'un livre que j'ai déjà lu. La reconstitution cinématographique n'est jamais à la hauteur des pages de livres dévorées.  Exemples très probants de romans comme "ça" ou "Misery" de Stephen King dont j'ai été déçue en visionnant les films. Bonne journée, ici sous des averses de grêles. ZAZA

    2
    Mardi 19 Novembre 2013 à 13:58

    C'est que le monde imaginé par soi à partir d'un livre est rarement le même que celui imaginé par un autre, en l'occurence le réalisateur du film.

    3
    Mardi 19 Novembre 2013 à 17:45

    La différence ne tient-elle pas à la qualité des oeuvres? Il y a une différence entre les écrivains "les plus prestigieux" et la soupe télévisuelle, comme il y a une différence entre un fortifiant et un stupéfiant.

    4
    Mardi 19 Novembre 2013 à 18:18

    Les oeuvres soumises dans cette étude étaient de qualité. Mais le cinéma et la TV offrent également des oeuvres de qualité. L'étude s'est bornée a étudier l'impact de la littérature de fiction et il aurait été plus judicieux d'évaluer la fiction romanesque elle-même étant donnée l'impact émotionnel supérieur des images par rapport à l'écrit.

    5
    Mercredi 20 Novembre 2013 à 01:12

    Hhmm, voilà une étude qui ouvre des perspectives intéressantes. Peut-être  faudra-t-il mettre un jour comme préalable obligatoire à tout mandat politique la lecture de Tolstoï et de Dostoïevski. 

    6
    Mercredi 20 Novembre 2013 à 13:18

    Mais l'effet serait temporaire.

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