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Inversion des facteurs
L’agression antisémite récente avait d’abord été annoncée dans les journaux par des titres de cet ordre : « Un juif a été agressé à la machette par un adolescent à Marseille ». Cette annonce ne comportait aucune erreur, pourtant son libellé me gênait.
Mais pourquoi me gênait-il (en dehors, bien sûr, de la scandaleuse et stupide agression elle-même) ? Parce que de plus en plus on fait passer la religion avant la citoyenneté. On ne dit plus : les Français de confession catholique ou musulmane ou juive, mais on parle plus volontiers (et plus simplement) de catholiques ou de musulmans ou de juifs de France. Autrement dit, de personnes pratiquant cette religion sur le territoire français, ce qui n'implique aucunement leur appartenance à la nation française. Leur identité devenant essentiellement religieuse.
Certes, à Marseille le Français agressé l’a été uniquement parce qu’il est juif et reconnaissable parce qu’il portait la kippa, aussi le titre : « un juif agressé… » était plus frappant et plus « porteur » que : « un Français (ou un professeur) de confession juive a été agressé… »
Mais il me semble que ce glissement sémantique en inversant les facteurs citoyenneté/religion a une autre signification que le simple choix de la brièveté du libellé.
Dessin de Pétillon paru dans le Canard enchaîné du 13/01/16
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Commentaires
Il a été agressé parce qu'il est de confession juive, mais il est d'abord Français. Le mieux aurait été de dire : "un marseillais ou un professeur de confession juive..." pour ne pas réduire son identité à sa religion, ce que l'agresseur a fait.
Tout à fait d'accord !
Et si les Unes nous ont appris que la victime était "juive" , elles se sont contentées de désigner l'agresseur juste comme un "adolescent de 16 ans".
Ce n'est qu'en lisant le contenu de l'article qu'on apprend que l'adolescent en question est Turc ( et sans plus de précisions sur sa religion) !
Mais par la suite cet adolescent kurde Turc a revendiqué son antisémitisme, son attachement à l'EI (ennemi des Kurdes !) et aurait regretté de ne pas avoir tué sa victime. C'était "un gentil garçon" et de surcroît bon élève. Désespérant.
Oui mais, les journaleux vont au plus pressé, un juif portant la kippa est plus parlant qu'un professeur de confession juive...
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Mercredi 13 Janvier 2016 à 16:33
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chocoreveMercredi 13 Janvier 2016 à 17:34
ou "un homme portant" la kippa ...
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Ce qui introduirait la notion que l'on pourrait porter la kippa sans être juif. Ce qui exact puisque le pape (et d'autres ecclésiastiques) porte également une calotte.
Pour vous et moi, c'est un Français de confession juive qui a été agressé. Pour l'agresseur, c'est un Juif qu'il a tenté d'assassiner.
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Jeudi 14 Janvier 2016 à 08:34
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Mais s'il portait la kippa, il affichait donc sa religion, non ?
Et pourtant ils nous rabâchent qu'ils ne faut pas amalgamer!