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453. De la difficulté d’extraire la pierre de folie
Le personnel des établissements hospitaliers a aujourd’hui observé une minute de silence en pensant à l’infirmière assassinée par un psychopathe qui avait déjà poignardé quatre personnes en 2017. Il semble en vouloir aux « blouses blanches » pour les traitements qu’il aurait subis dans les hôpitaux, et qui ont été manifestement inefficaces. A cette occasion les insuffisances de la psychiatrie en France sont soulignées : manque de moyens, manque de personnel. Je me demande si une psychiatrie performante aurait pu empêcher un tel drame. Avoir déjà poignardé quatre personnes, et néanmoins remis en circulation avec un traitement qui avait peu de probabilité d’être pris régulièrement par l’intéressé. Sa responsabilité pénale devait être jugée pour les agressions antérieures. Même s’il est considéré comme non responsable mentalement, je crains que les « blouses blanches », qu’il semble haïr, ne pourront rien pour lui, mais on peut peut-être les protéger en écartant un tel psychopathe de la société. Six personnes poignardées (une secrétaire a également été blessée au CHU de Reims au moment de l’assassinat de Carène Mezino), c’est tout de même beaucoup.
A côté de ce grand psychopathe meurtrier, de nombreux petits déséquilibrés sont parmi nous. Les soignants ont été applaudis chaque soir au début de la pandémie à SARS-CoV-2, à présent ils sont volontiers agressés. Le dernier rapport de l’observatoire sur la sécurité des médecins publié hier indique 1244 déclarations d’incidents violents recensées par les médecins sur l’année 2022. Ce chiffre jamais atteint (+ 23% par rapport à 2021) est probablement sous-estimé car les médecins ne signalent pas toujours les agressions qu’ils subissent.
« Dans 73% des cas, les médecins rapportent des agressions verbales et des menaces, qui sont en nette progression depuis 2021, passant de 710 à 906 médecins agressés ou menacés cette année. S’en suivent les vols dans 10% des cas. Le principal motif évoqué par les médecins vient d’un reproche fait sur une prise en charge (33%) et un refus de prescription (20%). L’observatoire note également que près de 6 médecins sur 10 qui ont effectué un signalement de violence ne déposent ni plainte ni main courante. »
La profession de médecin n’est plus ce qu’elle était. Plutôt que d'enseigner aux étudiants en médecine des matières dont ils ne se serviront jamais dans leur pratique future, il serait opportun de leur apprendre les sports de combat.
Illustration : Bosch « l’extraction de la pierre de folie »
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Commentaires
2Souris doncJeudi 25 Mai 2023 à 07:51Rétablir la camisole.
Quand on google* "contention", on tombe sur les dispositifs institutionnels, physiques, chimiques, psychologiques. Physiques, surtout pour éviter les automutilations. Pas un mot sur les violences et agressions sur le personnel soignant.
*j'aime bien le sous-titre : De la contention involontaire au sujet se contenant
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Jeudi 25 Mai 2023 à 08:21
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Aujourd'hui, s'il n'y a pas mort d'homme, on ne risque rien et surtout pas la prison ou la camisole.
Il avait déjà poignardé QUATRE infirmières et il était en liberté parce qu'un juge a certainement estimé que la probabilité qu'il en agresse d'autres était très faible !!!
Et qu'est-il arrivé à ceux qui, il y a quelques mois, agressaient en meute les médecins et les pharmaciens paniqués, au cri de "collabo, collabo!" ? Hé bien, ils ont été invités à rentrer chez eux tranquillement par les forces de l'ordre.
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Jeudi 25 Mai 2023 à 09:34
Je ne sais pas qui est responsable d'avoir laissé en liberté un psychopathe aussi dangereux : le psychiatre ou le juge ? D'après ce que j'ai lu on n'avait pas encore statué sur sa responsabilité mentale pour les agressions de 2017 !!! Mais il était libre de ses mouvements ! La crise de la psychiatrie a bon dos. Il existe des responsabilités individuelles dans les décisions prises. Il s'agit là de fautes professionnelles puisque la dangerosité du tueur n'était pas présumée mais évidente.
Pour la manifestations imbéciles des antivax, il est difficile d'arrêter des gens pour des vociférations s'il n'y a pas d'agression physique.
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Jeudi 25 Mai 2023 à 10:00
- Oui, notons qu'aujourd'hui, alors que les psychiatres ne se sont toujours pas prononcés, le juge a estimé qu'il pouvait le mettre en taule. C'est donc juste que les 4 agressions au couteau précédentes ne lui paraissaient pas un motif suffisant de priver ce brave homme de sa liberté
- Bien sûr, les agressions verbales et les menaces de mort ne sont pas des motifs suffisants pour interner leur auteurs. Mais ça laisse seuls des soignants anxieux de se rendre au boulot et tremblant de peur quand ils voient le violent retourner dans leurs cabinets.
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Jeudi 25 Mai 2023 à 10:16
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4Souris doncJeudi 25 Mai 2023 à 10:21Alban Gervaise : ce nom semble inconnu, et c’est un problème. Sauvagement poignardé sous les yeux de ses enfants à la sortie de leur école à Marseille le 27 mai dernier, son assaillant, Mohamed L., âgé de vingt-quatre ans était déjà connu des services de police pour des histoires de stupéfiants.
Un médecin militaire poignardé par un disikilibri. Les médias en ont peu parlé.
Au suivant !
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Jeudi 25 Mai 2023 à 10:31
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Les voisins ont signalé les menaces et le caractère inquiétant du déséquilibré. La police leur a répondu :"Tant qu'il n'a rien fait, on ne peut rien faire".
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Jeudi 25 Mai 2023 à 18:18
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Souris doncSamedi 27 Mai 2023 à 11:10
On ne doit pas dire "déséquilibré". C'est d'une "abolition du discernement" qu'il souffre. Une victime, quoi !
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Samedi 27 Mai 2023 à 11:47
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Je n'ai pas de preuves pour étayer mon intuition, mais j'ai l'impression que les personnes qui agressent actuellement les soignants sont les mêmes que ceux qui les applaudissaient il y a trois ans. Par contre je ne serais pas étonné que ce soient les mêmes (c'est une image) qui agressent actuellement les enseignants, les services d'intervention et de secours ou même les agents de la Poste.
A vérifier et à confirmer ou infirmer.
En France on ne précise pas en général les catégories sociales impliquées. Les lieux et parfois les noms peuvent en donner une idée.