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337. Garder raison
D’un côté nous avons les autorités chinoises qui proclament quasiment la fin de l’épidémie au coronavirus cuvée 2019 dans leur pays en montrant des foules joyeuses fêtant l’évènement, les gens les uns contre les autres, le visage découvert et souriant.
D’un autre côté, en Europe et spécialement en France, on nous annonce qu’il faudra vivre longtemps avec ce virus qui semble se plaire sous nos cieux et qui n’aurait donc pas l’intention de disparaître. L’Europe (en dehors de la Suède) met le masque, la Chine le retire.
Qui croire ? Bien sûr, il faut se méfier de la propagande chinoise qui affirme la disparition de l’épidémie et présente celle-ci comme une victoire du régime, en sous-entendant que ce régime est, de ce fait, bien plus efficace que tous les autres et pourrait ainsi devenir un modèle pour le monde entier. Attitude qui, au passage, permettrait de faire oublier la responsabilité des Chinois dans l’éclosion de maladies infectieuses ces dernières décennies.
Mais il est fort possible qu’ils aient réellement fait disparaître l’épidémie dans leur pays, et le masque a fait partie de la panoplie préventive contre la transmission du virus. Mes précédents billets montrent que je suis partisan du port du masque, un des obstacles à la transmission interhumaine du virus, tout en étant conscient que cette contrainte est le plus souvent inutile dans le cours d’une journée.
Car il faut garder raison. Aujourd’hui, en France, des milliers de tests de dépistage ont été effectués (on approche du million de tests par semaine). La cohorte testée est devenue importante. Certes, la proportion de cas positifs augmente, mais elle n’est actuellement que d’environ 4%. Je ne connais pas les caractéristiques de la population testée, mais il est probable qu’un grand nombre de personnes qui se font tester ont des symptômes ou craignent d’avoir contracté la covid. On encourage d’ailleurs ces personnes à se faire tester en demandant aux autres de ne pas le faire pour éviter d’engorger les centres de dépistage. On peut donc raisonnablement penser que s’agissant de la population générale le taux de contamination pourrait être inférieure à 4%, mais l'estimation devient difficile en raison de la proportion des faux négatifs qui peut atteindre environ 30% des cas testés.
L’évaluation de la contamination dans la population générale ne pourrait être valable que si l’on teste une cohorte représentative de celle-ci et on n’est pas certain que ce soit le cas pour celle qui est actuellement testée, notamment pour ce qui concerne la proportion de jeunes dont on sait qu’ils peuvent être des porteurs asymptomatiques du virus.
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, si l'on admet qu’environ 95% des personnes rencontrées ne sont pas porteuses du virus, celui-ci ne disposerait finalement que d’un petit cheptel. Si les gestes barrières étaient bien respectés, dont le masque, il ne ferait pas long feu, à moins que la contamination prenne des voies que nous ignorons, mais l’exemple de la Chine n’est pas en faveur de cette hypothèse.
On peut donc craindre que plus il y aura de personnes qui ne suivront pas les directives préventives, plus l’épidémie sera prolongée, plus longtemps nous devront porter le masque, plus on aura une surmortalité, plus l’économie ira mal et plus le chômage augmentera.
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Commentaires
2Un cœur qui batLundi 31 Août 2020 à 14:50Cher Doc,
Quel constat !
Quelle nouvelle démonstration !!
Qui peut le plus peut le moins !!!
Soyons vigilants, conservons nos masques, une grande hygiène des mains et des distances afin de ne rien regretter.
Très belle semaine-
Lundi 31 Août 2020 à 15:11
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3Kobus van CleefLundi 31 Août 2020 à 19:15Dans la lutte contre la Covid-19, la médecine chinoise dispose d'un remède d'une grande efficacité : la visite d'un camarade du parti pour expliquer au camarade contaminé qu'il ne faut pas alimenter la propagande ennemie par des déclarations intempestives à la presse étrangère.
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Lundi 31 Août 2020 à 20:49
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Kobus van CleefMercredi 9 Septembre 2020 à 14:55C'est ce qu'on appelle les thérapies comportementales
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Mercredi 9 Septembre 2020 à 16:14
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Raison garder ? Mais les gens deviennent fous.
Le Covid génère de nouveaux comportements. On avait déjà le déprimé et le bravache. Voici maintenant le superbavard.
Qui vient taper l'incruste chez vous pour vous soûler de son opinion. Mais pas seulement. Je me planque du voisin et de la copine qui n'en finit pas de raconter ses dernières tribulations (avec force détails, habits, entourage, véhicule, mobilier, paroles des uns et des autres...).
Obligée de jouer l'absente, je ne peux même plus aérer. Ouvrir une fenêtre signalerait ma présence.
J'ai fait installer une caméra.
Sans compter certains blogueurs qui ne cessent pas de pousser le rocher.
Après le confinement, le défoulement.
3 mois et demi après la fin du confinement, le défoulement devient chronique.