7 Janvier 2013
VACUITE
Dans le jardin j’ai trouvé,
Derrière un buisson,
Un toit sans maison
Hérissé de cheminées.
Sans fenêtre, j’ai trouvé des barreaux sciés
Et dissimulée sous un arbrisseau,
J’ai trouvé une échelle sans barreaux.
Un évadé s’était sans doute échappé
De l’absence inquiétante de prison.
L’évadé évanescent était peut-être dans le buisson.
En soulevant une feuille morte, je l’ai trouvé.
Il s’est levé sans jambes pour me barrer le chemin,
Le couteau magique de Lichtenberg à la main.
Sur son visage sans yeux coulait une larme,
Dans ma poitrine creuse il a planté l’arme blanche :
Le « couteau sans lame auquel manque le manche »
Mais je n’ai pas voulu rendre l’âme ;
Un si beau cadeau, on ne le rend pas.
Bien que sans destin, j’ai eu de la chance.
Il me l’avait planté dans le cœur par négligence,
Sans me faire ainsi passer de vie à trépas ;
On ne plante pas bêtement l’absence de couteau
Dans le cœur d’un homme qui n’en a pas.
L’évadé dépité est parti penaud,
Après avoir replié la lame absente
Dans le manche manquant du couteau.
Il a repris l’échelle sans barreaux et sans joie,
Pour entrer par une fenêtre inexistante
Dans une maison dont il ne reste que le toit.
Paul Obraska