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Les hommes sèment pour leur pardon
Des pierres gravées de noms disparus,
Des noms sans tombe ou des tombes sans nom
De morts inconnus.
Les hommes sèment dans le temps
Des plaques sur les murs des rues,
Sur les façades des places publiques,
Des listes de tués sur des monuments
Appelés à la mort par ordre alphabétique,
Des mémoriaux où les noms tournent par milliers,
Sans corps, dans le néant,
Jusqu’à donner la nausée.
Les hommes sèment dans les champs
Des noms dans les cimetières militaires,
Alignés en ordre par les survivants
Sur des tombes uniformes à l’infini.
Une armée en rangs serrés dans la terre,
Corps disciplinés dans la mort comme dans la vie.
Vaines semailles sans moisson.
La mémoire des massacres passés
N’empêche pas les massacres à venir,
La mémoire en pierre des assassinés
N’empêche pas les hommes de mourir,
Pour des causes inutiles,
Pour des causes futiles,
Ou d’être exterminés sans raison
Paul Obraska