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« D'après les chiffres du ministère de l'Intérieur, 107 femmes ont été tuées en 2024 par leur conjoint ou ex-conjoint. En une année, les féminicides ont connu une hausse de 11 %. « En moyenne, un décès est enregistré tous les trois jours », rapporte le bilan annuel ».
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En France, la lutte contre cette folie meurtrière, essentiellement masculine, souvent motivée par une aberration du droit de propriété, semble peu efficace. Je viens justement de lire un roman de Lilia Hassaline intitulé « Panorama » (prix Renaudot des lycéens 2023) qui comporte une intrigue policière, mais son intérêt tient à une projection vers l’avenir. Une anticipation à court terme (20-25 ans) qui envisage des solutions pour résoudre les problèmes sociaux que nous connaissons aujourd’hui en les prolongeant jusqu’à l’absurde. Pour faire disparaître la violence qui règne dans les rues et parfois au sein des foyers et pour rendre les gens plus heureux et moins craintifs, il faudrait faire le contraire de l’adage : « pour vivre heureux, vivons cachés », et ne rien cacher aux yeux des autres, être totalement transparents. Dans les quartiers huppés (il reste heureusement des quartiers mal famés), les maisons n’ont plus de murs mais des parois de verre et les intérieurs visibles à tous. Il est ainsi bien difficile de se livrer à des violences conjugales sans qu’un voisin avertisse immédiatement les agents de protection qui font la ronde dans le quartier. Dans l’intimité les violences physiques peuvent cependant être remplacées par les violences verbales, mais en souriant pour ne pas avoir une attitude agressive qui pourrait alerter les voisins qui vous regardent. Les rapports sexuels sont enfermés dans des sarcophages disposant d’un bouton « urgence » (la nature de celle-ci n’est pas spécifiée, mais il pourrait être utilisé en cas d’agression sexuelle). Le pacifisme heureux par absence d’intimité est ainsi le fruit d’un totalitarisme par voyeurisme où tout le monde surveille tout le monde afin que personne ne puisse s’éloigner du politiquement correct. Quant à la justice, dans un louable souci de démocratie, elle n’est pas rendue par des professionnels mais par les gens du quartier qui privilégient plutôt l’émotion que les preuves et les peines sont particulièrement lourdes. Les gens ordinaires n’hésitent pas à punir des personnes qui pourraient être innocentes plutôt que de faire preuve de laxisme envers des coupables.
Ce roman m’en rappelle un autre dont j’ai déjà parlé « Nous » du Russe Zamiatine (https://obraska.eklablog.fr/nous-a215803877) écrit en 1920 qui avait également proposé des maisons de verre pour que rien n’échappe au Bienfaiteur et à ses sbires, les stores n’étant baissés que pour les rapports sexuels. Dans le roman de Zamiatine ce n’est pas l’intimité et l’absence de transparence qui seraient les sources de la violence et un obstacle au bonheur, mais la liberté qui implique pour l’individu des préoccupations inconfortables et de prises de décisions difficiles. Le système permet, à la satisfaction de tous, de se débarrasser du moindre conflit qu’il soit extérieur ou intérieur. La fourmi sait ce qu’elle doit faire dans la fourmilière.
Souvent les solutions proposées sont pires que les maux que l’on veut faire disparaître. Alexandre Breffort disait : « Quand je vois quelqu’un qui veut mon bonheur, je passe sur le trottoir d’en face ». Ce qui ne doit pas nous décourager de lutter contre les violences conjugales ou post-conjugales par d’autres moyens que la transparence absolue. Mais cette transparence s’est déjà installée pour beaucoup avec les réseaux sociaux qui peuvent dévoiler ce que vous êtes, mais aussi diffuser une image de ce que vous n’êtes pas.