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Un de mes confrères avec lequel je travaillais était un voileux qui avait un peu bourlingué sur les mers. Il m’avait donné ce conseil : « quand on embarque sur un voilier pour un long trajet, il faut éviter d’être à trois car presque toujours deux s’allient contre le troisième et comme la configuration peut changer, les conflits sont permanents et gâchent le voyage ».
On voit ce qu’il en est de l’Assemblée Nationale en perdition, emportée par le vent de la discorde des trois blocs qui, de surcroît, se morcellent alors que la France prend l’eau de toutes parts. Le capitaine se regarde le nombril et vient de confier pour la seconde fois la manœuvre à son fidèle mousse émoussé dont les requins à l’affût ne feront qu’une bouchée. Sur le rivage, les gens regardent, consternés, le voilier tirer des bords en tournant en rond et l’équipage se quereller, chacun tirant à lui le bout qu’il peut saisir au besoin en l’arrachant des mains d’un autre. Certains espèrent que la foule qui regarde le naufrage viendra au secours du bateau en perdition si on la sollicite, il est à craindre que personne ne voudra se mouiller mais que tout le monde continuera à crier sa colère en voyant sombrer un si beau bateau mené à sa perte par un si médiocre équipage qu’elle a elle-même recruté.
Illustration : Turner "Tempête"