14 Juin 2014
Le 6 juin dernier est paru dans Libération « l’appel des 343 fraudeuses » réclamant le droit en France à la PMA pour les lesbiennes (parfois curieusement dénommé « PMA pour tous ») car obligées de se faire inséminer à l’étranger en contradiction avec la loi française actuelle, et ramenant leurs enfants dans l’hexagone où elles désirent les adopter légalement, ce qui fut récemment refusé pour un couple de lesbiennes. En effet pour les juristes « on ne peut pas fonder un droit sur une violation de la loi. » « On peut légitimement être choqué de personnes se revendiquant comme françaises qui vont violer la loi de leur pays à l’étranger pour ensuite vouloir forcer les termes de la législation française en se retranchant derrière l’enfant conçu illégalement. » (Jean-Pierre Rosenczweig).
Il semble que cet appel a plutôt fait un flop. D’abord, publier un appel qui se veut solennel le jour où l’on commémore en grandes pompes le débarquement allié en Normandie est une erreur de « timing ». Ensuite, mettre en parallèle cet appel avec celui fait en 1971 (« Manifeste des 343 salopes ») pour légaliser l’avortement, revendication qui intéressait toutes les femmes en réclamant la liberté de disposer de leur corps, c’est mettre en parallèle deux revendications qui n’ont rien à voir entre elles. Enfin, cet appel avait toutes les chances de ne pas être entendu de la part du gouvernement qui préfère aujourd’hui ne pas entamer un tel débat qui ne peut être que « clivant ». Avec tout le respect que je dois aux lesbiennes, il s’agit surtout, pour parler franc, d’une histoire de fesses (la façon de satisfaire sa sexualité) qui n’intéresse qu’une minorité d’individus.
« L’appel des 343 fraudeuses » commence par les deux paragraphes suivants :
«Chaque année, des milliers de femmes ont recours à une PMA à l’étranger dans le but de fonder une famille.
D’autres le font dans des conditions dangereuses pour leur santé en raison de l’exclusion à laquelle elles sont condamnées alors que cette même intervention est autorisée en France pour les couples hétérosexuels. »
Là encore mettre en parallèle la PMA pour les couples de lesbiennes et les couples hétérosexuels est une assimilation porteuse mais erronée. Assister médicalement la procréation d’un couple hétérosexuel, c’est pallier leur infertilité liée le plus souvent à une pathologie qu’elle vienne de l’homme ou de la femme, l’intervention médicale peut se justifier. Dans le cas d’un couple lesbien, il ne s’agit pas d’infertilité mais de convenance personnelle : le refus du rapport sexuel avec un homme, ce qui n’empêche pas les lesbiennes de simuler l’hétérosexualité en s’harnachant de sex-toys. On ne voit pas pourquoi cette convenance personnelle devrait être prise en charge par l’Assurance maladie.
Dans l’extrait de l’appel reproduit il est souligné les « conditions dangereuses pour leur santé ». On ne voit pas à quoi il est fait référence. A moins d’infecter au préalable le sperme que l’on veut déposer dans le vagin, on ne voit pas où est le danger. Le seul problème pour ces dames est d’avoir du sperme et la PMA leur permettrait de s’en procurer de façon anonyme. Et voilà le fond de leur revendication.
Comme l’avait déclaré le biologiste Jacques Testart en parlant de l’IAD (insémination avec donneur) dans une tribune publiée par le Monde en 2013 : « Si l’asepsie sexuelle est exigée, elle est à la portée de tous. Un réceptacle (un verre) pour recueillir le sperme, puis une paille ou un cathéter pour l’administrer si possible avec l’aide d’un spéculum, voilà à quoi peut se résumer « la technologie ».
Sauf s’il est le donneur de sperme, un médecin n’est pas indispensable. Mais on se demande, en définitive, pourquoi le médecin s’est mêlé de la procréation au point de devenir un prestataire de service pour assouvir des désirs.
Courbet : « Le sommeil »