7 Janvier 2013
Dans un îlot européen qui flotte encore sur la misère du monde, où les armes restent encore muettes, où l’on ne fabrique plus grand chose pour le quotidien, car on a appris aux autres à fabriquer ce qu’on leur achète, où l’on invente ailleurs pour vite remplacer ce qui s’est vendu la veille et où vivre c’est d’abord consommer, dans cet îlot où l’écume de la misère affleure les trottoirs, un mot magique ouvre les cavernes d’Ali Baba : soldes.
Dès qu’elles peuvent se libérer, les foules attendent l’ouverture des magasins, se précipitent et s’agglutinent dans les cavernes colorées, les femmes, plus que les hommes, errent entre les rayons inondés de marchandises et leur regard vigilant recherche de loin une nippe attractive et une fois repérée, elles se précipitent dessus avant que d’autres la distinguent, l’œil agressif si une concurrente ose mettre la main dessus.
Et les petits bataillons de charmantes Chinoises qui, tout en pépiant, viennent se procurer sous le ciel de Paris ce qui se fabrique chez elles.
Puis elles s’en vont heureuses de leur trouvailles, achetées parce que qu’elles ne pouvaient se le permettre auparavant ou simplement pour acheter parce que ce sont des soldes et que l’on ne doit pas rater cette occasion.
Elles montreront fièrement les acquisitions à leur entourage, puis elles les rangeront soigneusement pliées dans leurs armoires où elles seront peut-être abandonnées.