Coronaires, angine de poitrine, infarctus du myocarde. VI
9. On dit qu’en quittant un cardiologue, on peut avoir un accident cardiaque alors que son examen s’était révélé normal quelques minutes auparavant ?
C’est exact. Si un homme vient consulter, par exemple parce qu’il a des coronariens dans sa famille et si son athérome coronaire ne provoque aucun rétrécissement significatif (lumière artérielle restante supérieure à 30p100 de la lumière initiale) il peut n’avoir aucun symptôme et au repos son électrocardiogramme peut être normal et son cœur se contracter de façon homogène lorsqu’on l’examine aux ultra-sons. Mais si au moment de régler les honoraires du praticien une plaque d’athérome se fissure (aucun rapport entre les deux), un caillot risque d’occlure l’artère en quelques minutes, c’est à dire le temps de prendre congé du cardiologue, de le remercier de l’avoir rassuré et de descendre l’escalier.
10. Ne peut-on pas prévoir la survenue d’un infarctus du myocarde ?
Parfois. Il existe un état coronarien instable (cet état a reçu de nombreuses dénominations ces dernières décennies : insuffisance coronarienne aiguë, syndrome prémonitoire, intermédiaire, infarctoïde, pré-infarctus, menace, angor instable, aujourd’hui on parle de « syndromes coronariens aiguës » terme qui englobe l’infarctus lui-même…), il correspond également à l’occlusion d’une coronaire, mais une occlusion soit incomplète, soit intermittente pouvant aboutir ou non à des nécroses du muscle cardiaque. Ces morts cellulaires, lorsqu’elles surviennent, se traduisent par une élévation plus ou moins importante de la troponine dans le sang, marqueur biologique le plus sensible, devenue la signature de l’infarctus du myocarde, même si celui-ci n’intéresse qu’un territoire nécrosé minuscule (alors qu’auparavant on ne parlait d’infarctus que lorsque le territoire atteint était conséquent). Cet état est donc « menaçant », son évolution incertaine (elle peut être favorable) et se traduit par des modifications des conditions de survenue et des caractères des symptômes chez un patient qui avait jusque là une angine de poitrine stable. Mais cet état menaçant peut survenir d’emblée chez un patient indemne auparavant de toute douleur angineuse. C’est une situation critique mais sur laquelle on est souvent efficace en milieu hospitalier à condition de ne pas tarder.
La difficulté pour le médecin est d’interpréter la survenue de la première douleur
angineuse brève provoquée par un effort : s’agit-il de l’entrée dans une angine de poitrine qui restera stable ? Ou d’un signe avant-coureur d’un accident plus sérieux ?
