540. Le sac miraculeux

Si des médecins peuvent être la honte de la profession, comme les tortionnaires de l’Allemagne nazie, et si parfois des médecins se conduisent comme des saints, il est rare que l’un d’eux soit sanctifié : « Le 24 février dernier, depuis son lit d’hôpital à Rome, le Pape François a officiellement accordé le statut de saint au Dr José Grégorio Hernandez, médecin vénézuélien du début du XX^ème siècle. Une canonisation qui a finalement été célébrée par son successeur, le pape Léon XIV, lors d’une messe à Rome dimanche dernier, mettant ainsi fin à un siècle d’attente pour les Vénézuéliens ».

Ce médecin né en 1864 dans les Andes et tué par un chauffard à l’âge de 54 ans alors qu’il sortait d’une pharmacie où il venait d’acheter avec ses propres deniers des médicaments pour une patiente pauvre. 160 reliquaires contenant des fragments de ses os seront dispersés à travers le pays.

Il est surnommé en Amérique latine le « médecin des pauvres… Des rues et des hôpitaux portent son nom, les fresques à son effigie sont légions dans les rues de Caracas et nombreux sont les Vénézuéliens qui possèdent chez eux une image pieuse affichant le portrait du vénérable médecin…. Dans les couloirs des hôpitaux du pays, médecins et patients ont également pris l’habitude de prier le Dr Hernandez face aux cas désespérés et on lui attribue de nombreux miracles au Venezuela mais aussi dans le reste de l’Amérique du Sud ».

Il était en fait professeur d’histologie et bactériologiste formé en Europe (Paris et Berlin), mais il fut surtout connu pour son engagement religieux et social. Cependant pour devenir saint il faut faire des miracles à partir de l’Au-Delà. Deux furent trouvés : « En 2017, blessée par balle à la tête lors d’un cambriolage, une petite fille vénézuélienne survit sans aucune séquelle, à la grande surprise des chirurgiens. La guérison miraculeuse est attribuée au Dr Hernandez, que la mère de la fillette avait prié… En 2022, la guérison inexpliquée d’une femme vénézuélienne habitant à Miami et souffrant d’une maladie au stade terminal est elle aussi attribuée à l’intercession du Dr Hernandez ». Fastoche.

Pour ma part je trouve bien plus miraculeux le sac que portait le bon docteur : ceux qui pouvaient le payer y mettaient de l’argent et ceux qui en avaient besoin en prenaient. Chapeau.