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Le blog sans ordonnance de Paul Obraska

Les impertinences du Dr WO

Odeurs chaudes

 

 Les effluves panachés s'élèvent du bitume

Odeurs d'essence et d'ordures de bennes

Déchets de trottoirs que les urines parfument

Bouches d'égout à la mauvaise haleine

 

La truffe canine hume les déjections fraternelles

Concentrée avec délice sur les odeurs merdiques

Et lèche affectueusement le maître en chien fidèle

Partageant le secret d'arômes mirifiques

 

Sur le pas de restaurants aux cuisines lointaines

Des senteurs exotiques parfument la chaussée

Tapis volant pour des voyages sans peine

Vers l'orient de contrées affamées

 

Le halo de fragrance d'une femme qui passe

Offre aux inconnus croisés sa toilette matinale

Au bord d'un jardin que les murs enchâssent

Le miracle des troènes dont l'essence s'exhale

 

Paris étouffe sous un garrot de chaleur

La ville incontinente lâche des vents mêlés

Son air saturé d'inextricables odeurs

Assaille dans la moiteur nos nez affolés


Paul Obraska

Illustration : Chu Teh-Chun

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B
Elle a dû carrément vider son flacon de parfum, votre passante, pour couvrir les remugles d'égout, de pisse,de sueur, de kebab ou de nems à la crevette avariée et d'huile de friture, de poubelles pourrissantes, de gaz d'échappement et de bitume chaud...
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D
Cette dame avait les moyens, Les troènes aussi.
C
Réussir à évoquer la puanteur par la poésie a quelque chose de baudelairien. J'aime bien<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,<br /> D'où sortaient de noirs bataillons<br /> De larves qui coulaient comme un épais liquide<br /> Le long de ces vivants haillons.<br /> (Baudelaire : La charogne)
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D
Qu'il soit inconnu ne m'étonne pas.
A
Les papillons de nuit volent autour des vases.<br /> Mais les vases de nuit, malgré les aquilons,<br /> ne voleront jamais autour des papillons.<br /> <br /> (auteur inconnu, à moins qu'il ne s'agisse de mon père)
D
Merci.
C
Certes, certes, Doc, mais les senteurs d'ordures, d'urine et de déjections canines partagées évoquent de loin l'idée de la décomposition organique. Mais la suite met un bémol à tout cela. Et je trouve que le tout est fort bien agencé.
D
Mais je n'ai pas été jusqu'à l'odeur de la putréfaction.
H
Liens à explorer :<br /> <br /> Influence probable de Baudelaire (Les Fleurs du Mal) dans le mélange de la beauté et du sordide.<br /> <br /> Souvenir de Prévert, pour le goût des choses simples, triviales et pourtant poétiques.<br /> <br /> Echo contemporain à la "créolisation olfactive" : tous les mondes se sentent, s’entrelacent, sans hiérarchie.
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D
Apparentements flatteurs.
H
Strophe 4<br /> <br /> > Le halo de fragrance d’une femme qui passe<br /> Offre aux inconnus croisés sa toilette matinale<br /> Au bord d’un jardin que les murs enchâssent<br /> Le miracle des troènes dont l’essence s’exhale<br /> <br /> Rimes : passe / enchâssent (rime suffisante)<br />         matinale / s’exhale (rime suffisante)<br /> <br /> Commentaire : l’une des plus belles strophes du poème ; les rimes, douces et classiques, épousent le glissement discret du parfum évoqué
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D
Merci.
L
Parfaite reproduction des odeurs des villes qui étouffent en ce moment sous la chaleur estivale... Beurk !
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D
L'odeur du pin chaud et du pain frais
L
Le pin, mais aussi le pain, je préfère nettement ces deux odeurs là !
D
Le pin chaud a une odeur nettement plus agréable.