29 Mai 2025
Salvador Dali "Le Christ de St Jean sur la croix"
TRANSIT
Qui suis-je ? Homme ou Dieu ?
Diantre ! Les deux ?
Où suis-je ? Entre la terre et les cieux,
En transit, entre les deux.
Difficile de trouver sa place dans l’univers.
Où vais-je ? Comme tous : à la recherche du Père.
Alors c’est décidé, je rejoins l’Eternel.
Son regard pèse sur mes épaules,
Je suis en route vers le ciel,
J’ai terminé mon rôle.
De Là-Haut, Il me voit, cloué sur ma croix, revenir.
Dommage. Mais j’emporte de beaux souvenirs,
En montant je regarde l’eau refléter les cieux,
Les villes bruyantes et les déserts silencieux,
L’argent des montagnes et l’or des plaines,
Les mortels entre plaisirs et peines.
Je me souviens de la douceur et du charme féminins,
J’ai regardé vivre les femmes avec des yeux humains,
Et je me demande si ce n’est pas d’abord l’homme
Qui, emporté par son désir, a croqué la pomme,
Et accusé la femme de lui avoir forcé la main.
Enfin quel que soit le coupable, j’ai racheté leurs fautes,
Mais ils continuent et pour pécher aucun n’hésite,
Je ne peux pas descendre à chaque fois qu’ils fautent,
Ne devrais-je pas, mon Père, rester en transit ?
Paul Obraska
C'est le tableau de Dali que je préfère. Lors de la première parution de ce poème en 2008, Souliko, blogueuse et peintre, avait fait ce commentaire : "Ce tableau de Dali est une vraie merveille : dans sa construction (la perspective aérienne est extraordinaire), les couleurs, la technique, le clair-obscur, la paix qui s'en dégage malgré la croix...difficile d'exprimer son ressenti. Reste l'émotion...Dali aurait peint ce tableau d'après un dessin effectué par St Jean de la Croix." Je ne saurais mieux dire.
J'ajoute que Jésus de Nazareth monte au ciel, non pas ressuscité, mais toujours cloué sur sa croix comme pour montrer à son Père le sacrifice qu'il a du subir, et en quelque sorte lui reprocher de l'avoir abandonné. Reprocher à Dieu cet abandon est d'ailleurs assez paradoxal puisque le Christ serait Dieu, à moins qu'il ne se fasse des reproches à lui-même, ce qui n'est pas exclu.
Enfin, montrer en même temps la Crucifixion et l'Ascension efface le mystère de ces quarante jours d'errance sur terre entre la résurrection et l'ascension.