28 Octobre 2020
Dimanche dernier nous sommes allés voir l’exposition Matisse au centre Pompidou. En fait, je n’aime pas trop Matisse en dehors de trois ou quatre tableaux. Je trouve sa peinture plate et terne malgré la vivacité des couleurs. Je suppose qu’un tel jugement serait estimé bien superficiel par les connaisseurs, mais la peinture exige la complicité entre l’œuvre picturale et la personne qui la regarde, et je n’ai pas de complicité avec Matisse, encore faut-il sans doute apprendre à le regarder. Beaucoup de monde, tous masqués, mais distanciation physique impossible en face des tableaux, aussi la visite fut-elle rapide, poussée par mon manque d’enthousiasme et la probabilité des aérosols infectés nageant dans ce milieu artistique et sans avoir repéré les tableaux de Matisse qui me plaisent. Aussi en mal de photographier, j’ai pris encore une fois une vue de Paris du haut du centre Pompidou, dont je ne me lasse pas. Le lendemain, pris d’une fringale, peut-être favorisée par la perspective d’un nouveau confinement nous
sommes allés voir l’exposition William Turner au musée Jacquemart-André. D’abord cet hôtel particulier est très beau et c’est toujours un plaisir d’y entrer. Le très fortuné Edouard André le fit construire autour des années 1870 et il le transforma, avec son épouse Jacquemart, en musée ouvert au public à partir de leur collection privée. C’est un petit musée, les visiteurs masqués admis par petits groupes, si bien qu’il n’y avait pas foule devant les tableaux, essentiellement des aquarelles, quelques tableaux à l’huile, le tout provenant de la Tate Britain de Londres. J’ai pu photographier quelques œuvres, pas toujours de façon habile, le plus difficile fut de choisir, elles sont toutes belles, parfois étranges, bigrement en avance sur leur temps et il n’est pas étonnant que des critiques amateurs de peinture classique n’aient pas épargné Turner, mais il est aussi étonnant qu’il ait pu être apprécié de son vivant. On considère Turner comme un précurseur de l’impressionnisme, à mon avis il est plus impressionniste que les impressionnistes et il va jusqu’à la peinture abstraite. Surtout dans les aquarelles, les lignes et les figures finissent par disparaître au profit de la lumière et des volutes de couleurs se fondant sans limites définies. Le tableau « Impression, soleil levant » de Claude Monet a été peint une vingtaine d’années après la mort de William Turner survenue en 1851 à l’âge de 76 ans, et celui-ci avait peint un « soleil levant » (qui ne figure pas ici) très semblable à celui de Monet cinquante ans auparavant.