7 Janvier 2013
Lorsqu’une personne – terme
hautement métaphysique, puisqu’il désigne à la fois un être humain et son absence – accède à un haut poste et qu’elle peut enfin s’asseoir avec un soupir de satisfaction dans un fauteuil de
président ou sur un siège de ministre, elle ne se rend pas compte du danger qu’elle court.
Lequel ? Me direz-vous, car ce sont logiquement les autres qui doivent garer leurs fesses lorsque leurs dirigeants trouvent à caler les leurs. Naïfs que vous êtes ! Ne savez-vous pas que Satan a déposé une bonne couche de colle sur le satin des fauteuils dorés du pouvoir.
Certes, me direz-vous, Ben Ali a quitté le sien assez vite, mais il s’agissait d’un siège éjectable utilisé dans l’armée de l’air et il était davantage collé à sa femme despotique qu’à son siège de despote.
Mais comment expliquer autrement la difficulté de Moubarak à se dégager du sien ? Certes, on peut penser que l’âge et les rhumatismes y sont pour quelque chose, bien que beaucoup sont là pour l’aider, mais il est réticent, car se lever avec son siège collé aux fesses manquerait de dignité[1].
Comment expliquer que Gbagbo se tient les côtes d’ivoire, collé à son fauteuil présidentiel en voyant son rival Ouattara collé à un fauteuil squatté de l’hôtel du Golf ?
Et comment expliquer que personne ne peut décoller les fesses de MAM de son siège ministériel, la colle résistant même à la bêtise, et ce, malgré les gros yeux que lui fait De Gaulle de sa hauteur et dont elle se réclame avec tant de ferveur et si peu de fidélité ?
Illustration : Ingres « Napoléon 1er sur son trône »
[1] Aux dernières nouvelles, on aurait réussi à dissoudre la colle qui le maintenait attaché à son fauteuil, espérons qu’il n’y a pas laissé son fond de pantalon.