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AINSI VA LA VIE XIX



Gustav Klimt « Les trois âges de la femme »

 

LE COMPAGNON INFIDELE

 

Le corps n’en fait qu’à sa caboche

Il suit son bonhomme de chemin

Il fut un compagnon proche

En bonne forme chaque matin

Et plutôt agréable à fréquenter

 

Mais il se met peu à peu à s’éloigner

En faisant trop parler de lui

On traîne un compagnon étranger

Qui vient nous gâcher la vie

 

On le voit chaque jour changer

Il perd des petits bouts avec les ans

Des cheveux gris et des dents cariés

Son habit de peau devient trop grand

Il fait des plis, tout fripé et taché

 

Il s’incline un peu pour marcher

Il craque comme un sarment desséché

Et il s’en va un jour ou une nuit

Au moment où on a besoin de lui

 

 


Paul Obraska



Gustav Klimt « Dame avec chapeau et fourrure »

 

 


LA GARCE

 

Plus je vieillis, plus j’aime la vie.

Mais la vie est une amante

Qui vous quitte quand on vieillit.

Son départ fatal me hante.

 

Je l’ai prise au berceau.

Au début la différence d’âge

Ne se voyait pas trop,

Je la préservais des orages.

 

Mais voilà, la vie ne change pas,

Et moi j’ai peu à peu changé.

La vie ne connait pas le trépas,

Le mien est programmé.

 

Alors la garce va me quitter.

J’espère qu’elle le fera en douceur,

Nous avons été ensemble tant d’années.

Je ne sais pas, elle a tant de froideur.

 

Volage, elle ira vers d’autres amants,

Elle les prendra au berceau comme moi,

Mais ses amants n’auront qu’un temps,

J’espère que la garce me regrettera.


Paul Obraska

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O
Merci de votre visite et de votre commentaire. Quant aux mots, resteront-ils ??? Dr WO
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K
Magnifique texte merci pour ces mots qui restent<br /> quand la vie passe......;<br /> krismalo
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O
Autrement dit : l'âge adulte. Dr WO
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J
Un texte si beau et si juste... et quand je lis les commentaires qui en résultent je me demande bien ce que je pourrais ajouter à cela... peut-être à Pierre je répondrais : moi j'ai deux six, lalalalère en riant bien sûr....n'empêche que...<br /> Bonne journée
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O
Je le comprends. Mais ce poème traduit une réalité que chacun d'entre nous doit ou devra vivre un jour s'il vit assez longtemps. La lucidité est aussi ue chose vivante, surtout lorsqu'elle se double d'autodérision. Dr WO
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P
J'ai (re)lu votre billet quatre fois. Rien à faire : je préfère ceux qui sont plus vivants !
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O
Alors vous avez encore beaucoup de temps pour l'aimer...A condition qu'il soit aimable. Dr WO PS Je vient souvent sur votre blog, mais je laisse rarement un commentaire, il y en a déjà tellement !
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S
Je ne sais pas comment j'aimerai mon corps dans 30 ans...
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O
A la décrépitude ? Dr WO
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S
Bel hommage...
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O
Un tandem pour pédaler dans le vide. Dr WO
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L
A deux places? On risque d'être aussi serrés que dans les autres mais là, au moins, il n'y aura pas de "muzik".
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O
Et l'existence. Dr WO
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L
Nous, c'est pas la beauté; c'est seulement la santé.
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O
Je n'ai pas oublié les femmes. Le tableau le prouve et le texte est mixte. Dr WO
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S
Je trouve ces échanges masculins assez savoureux ! Je croyais qu'il n'y avait que les femmes qui s'en préoccupaient, de leur âge. Je commenterai à ma façon dès que je ne serais plus pressée par mes temps de connexion à prix prohibitif ; ou j'écrirai quelque chose là-dessus. Bon plissement, les hommes !
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O
Est-ce que l'on fait des boîtes à deux places ? Dr WO
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L
La prochaine fois que je sortirai en boîte, elle aura des poignées sur le côté.
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O
Vous avez la permission de minuit. Mais ne rentrez pas plus tard ! Dr WO
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P
Ok. Ce soir je sors en boîte grâce à vos encouragements (lol comme disent les "plus jeunes").
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O
C'est également ce que je pense. Dr WO
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L
Décennie ornée (je préfère affublée) d'un 6? Gamin!
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O
La mort n'est pas vécue. Ce qui est à craindre est ce qui précède et la mort des autres. Dr WO
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L
La peur n'est pas tant celle de mourir que celle de souffrir physiquement et moralement. Et le souci de laisser ceux qui restent se débrouiller comme ils pourront dans le monde qu'on leur laisse.
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O
Vous avez l'âge d'un homme où sa propre disparition, sauf fragilité particulière, reste encore théorique. Dr WO
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P
Moi, j'entre peu à peu dans une phase d'interrogations (une décennie ornée d'un "6" s'approche à grands pas).<br /> C'est drôle, j'ai moins peur.<br /> De vieillir, et peut-être aussi d'avoir vu disparaître il y a vingt ans une petite étoile de douze ans, me fait regarder autrement le couple indissoluble vie-mort.<br /> Si vous avez l'occasion, lisez-donc "La porte des enfers", de Laurent Gaudé. Très fort.<br /> Quoi qu'il en soit, votre poème est fort émouvant.
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O
Comme disait Jacques Martin dans un de ses sketchs : "Je m'accroche et je freine des deux pieds !" Dr WO
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L
Je suis debout sur les freins!
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O
Prenons notre temps, rien ne presse. Dr WO
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L
En ce qui me concerne, oui! Je n'ai pas encore eu l'occasion d'expérimenter la fin du poème mais ça ne saurait tarder.
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O
Parlons-nous d'expérience ? Dr WO
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L
Poème tout à fait à sa place dans "Ainsi va la vie"!
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