22 Février 2015
N’en déplaise aux antisémites se réclamant du christianisme, le dieu des chrétiens était né juif, et ayant déplu aux Romains par ses agissements qu’ils considéraient comme suspects de rébellion, il paya cette naissance de sa vie. Comme tout juif, à qui on attribue automatiquement la bosse du commerce, Jésus racheta par sa mort tous les péchés du monde, transaction qui fut en réalité une mauvaise affaire car le péché est invendable puisque chacun peut l’obtenir gratis.
Comme tout juif, Jésus de Nazareth fut circoncis huit jours après sa naissance. Les chrétiens, qui ne furent pas dans le passé à une contradiction près, massacrèrent pendant des siècles les descendants du peuple choisi par leur dieu pour se manifester, et qui avait été séduit par ses miracles, dès que l’occasion se présentait, et même lorsqu’elle ne se présentait pas. Ils fêtèrent longtemps la circoncision de leur dieu le 1er janvier, fête pudiquement escamotée par l’Eglise catholique depuis quelques décennies.
Il faut saluer la prémonition du rabbin qui pratiqua la circoncision du petit Jésus car il faut croire, si l’on se réfère à la suite des évènements, qu’il conserva le prépuce du nouveau-né en soupçonnant sa nature divine au lieu de le jeter comme d’habitude.
Pierre Barthélémy (qui tient un blog scientifique dans le Monde) a exhumé un vieil article du Journal of Urology de juillet 2007 où les auteurs néerlando-américains se sont livrés à une enquête sur le destin de ce bout de peau : le Saint Prépuce, qui, oublié pendant des siècles, fit une apparition remarquée au Moyen Âge, car constituant une attraction de choix pour les pèlerins, bien supérieure aux dents de lait, aux phanères ou au sang du Christ.
Le Praeputium Domini aurait été vu un peu partout, et le Journal of Urology a recensé 21 églises ou abbayes (dont 13 en France) ayant exposé le précieux bout de peau. Catherine de Sienne, au XIV siècle, pour marquer son mariage mystique avec le Christ aurait enfilé le prépuce à son doigt en guise d’alliance. A la même époque, la religieuse autrichienne Agnès Blannbekin aurait senti le Saint Prépuce sur sa langue, et l’aurait avalé une centaine de fois, ce qui laisse rêveur sur la signification de ce miracle.
Cette étude rapporte également que le théologien italien du XVIIe siècle Leone Allacci considérait, lui, que le prépuce avait accompagné son propriétaire en montant au ciel, et qu’il aurait ainsi formé les anneaux de Saturne. Grandiose.
Rubens : « Circoncision de Jésus »